Depeche Mode : Éthique synthétique de Sébastien Michaud
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Je me rappelle ce temps ou j'écoutais DM souvent sur mon baladeur Sony aux écouteurs en mousse orange, dans une ville de province ou d'autres groupes, d'autres genres plus variés, n'étaient simplement pas distribués dans les bacs des disquaires: pourtant à l'âge bête il vaut mieux pouvoir nommer ses idoles, n'est-ce pas ?
Je me souviens aussi de la première fois que j'ai écouté lors de vacances ensoleillées un titre de DM scandant son hymne si personnel, c'était en 1987: "Little 15", une ballade arty et mélancolique provenue du LP justement intitulé Music For the Masses (pas de hasard dans les appellations...) Puis a suivi comme de juste Violator, un chef d'oeuvre d'ou émergeait les perles achevées de genre trip-hop que sont Policy of Truth, Personal Jesus, et aussi le robotique tube mondial Enjoy the Silence. Un album aux clips à l'esthétique soignée, à l'image léchée par Anton Corbijn, et contenant de ces riffs authentiques et efficaces - développant souvent le même air d'aillleurs, tout en jaillissant de la guitare Gretsch de M.L. Gore le vrai leader du groupe - et semblant paradoxalement issus d'une chanson bluesy de Chuck Berry.
A l'époque cependant pas grand monde à part les fans de base, surtout d'ailleurs dans notre beau pays qui retarde tellement de fois en avance, n'estimait ces rockers à la dark wave. C'était électronique, fait avec des machines et-non-des-vrais-instruments. Des garçons-coiffeurs sans tripes. Ecoute plutôt du grunge, les junkies monstrueux niais et malades de Nirvana, ou encore je ne sais quel clone de Led Zeppelin, une valeur sûre. Par exemple Bono, de U2, un groupe concerné beaucoup plus populaire dans ce qu'il-faut-écouter-et-avoir-dans-sa-discothéque. Mais bien entendu !
Peu importe, ils avaient tous tort et maintenant que les DM ont émigré aux USA tout en perdant quelques de ces provocations qui faisait le plus dans le style et dans leur son si typique - sans parler des tenues martiales facilement reconnaissables - ainsi que de toute façon Never Let Me Down Again, un manifeste aux gimmicks lents et tellement égotiques sinon artificiels dont les séquences en live cassent presque à coup sûr toute mauvaise vibe, et sans juste mentionner cette patte spéciale qui était la clef de voûte de leur morceaux, il faut bien reconnaître que certains de leurs derniers opus tels que Delta Machine contiennent de très bonnes chansons qui seront sans doute des classiques un peu plus tard, même si le style y est allégé. Bref, ils sont plus fades et plaisent curieusement davantage à cette presse qui autrefois les vomissait quitte à les ignorer dans leur entièreté. Et depuis la depechemodemania il y a eu Prodigy, Air, Massive Attack, les frenchies commerciaux casqués/masqués de Daft Punk et j'en passe, qui ont eu le temps en ce qui les concerne d'anoblir ensuite cette musique faite de beats et de loops et dont la boîte à rythmes TR-808 donne le "la". Plus tard il y a eu également cette presse suiveuse telle que Magic ou Les Inrockuptibles, ceux-là mêmes qui pour leur part trouvent désormais les DM géniaux dans leurs articles. Ah oui, tiens donc ?? Devenir une statue, quelle horreur pour un artiste...
Plus tard il y a eu les hommages prononcés au groupe de Guillaume Dustan et tant d'autres, et plus tard j'ai moi-même découvert ces autres sons auquels, par ailleurs, DM doit tant comme en vrac Front 242, Nitzer Ebb, D.A.F, Skinny Puppy, Klinik, Brian Eno, Pouppée Fabrikk, Sisters of Mercy, Trisomie 21, Killing Joke, etc.
Plus rebelles, parfois plus parlants, quelquefois plus puissants, et la plupart au maximum boycottés par le système. Plus tard il y a eu aussi ces livres comme cette bio à peine courtoise un peu fadasse et presque exacte, et tellement d'autres de ces choses que l'on peut constater lorsqu'on reste fidèle à ses goûts originaux.
Et bien sûr plus tard j'aurais pu parler de tout ce fatras que nous râbache sans cesse le merchandising au sujet de DM, de ces quatre androgynes de Basildon (Essex, Grande-Bretagne) s'ennuyant dans cette banlieue commune de Londres, des influences berlinoises de DM notamment lors de l'enregistrement de "Construction Time Again" aux studios Hansa, de ces membres essentiels comme Alan Wilder qui sont à présent partis, de la voix chaude et en même temps métallique de Gahan pas étrangère au succès du groupe loin de là, et j'oublie son overdose et tutti quanti... mais, non ! Gardons une part de mystère avant de parler et d'épeler, puis restons all alone/flesh and bone/ by the telephone.
Il n'empêche que même si les DM à l'heure d'aujourd'hui ne bénéficieront jamais de l'auréole intense de la révolte des Doors ni même de celle des Who ou de Dead Can Dance, leur musique pop restera dans les annales et mieux que d'autres. Si ce n'est en rotation lourde parmi les daubes fondamentales dites-funk, rock FM et dance que tentent chaque année de nous fourguer absolument les majors.
"Sacred, Holy ..."
Les éditions
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Depeche Mode [Texte imprimé], éthique synthétique Sébastien Michaud
de Michaud, Sébastien
Camion blanc
ISBN : 9782910196264 ; 30,00 € ; 01/11/2001 ; 267 p. ; Relié
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