La grande guerre de Charlie, tome 6 : De Messines à Passchendaele
de Pat Mills (Scénario), Joe Colquhoun (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 6 avril 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Un tunnel à un moment où on ne voit pas le bout du tunnel pour la guerre
Comme toujours le scénariste a le génie de renouveler ses thèmes à chaque nouveau tome. Avec le tome "De Messines à Passchendale" on est dans le réduit belge qui colle à la frontière la plus septentrionale de la Belgique et du département du Nord. On en apprend plus sur les conditions et les objectifs de creusement de tunnel sous le no man’s land entre les lignes de tranchées anglaise et allemande.

L’autre thème traité est le refus de prendre les armes que ce soit au départ (car les Anglais ont déjà la possibilité de faire jouer la close d’objecteur de conscience et en 1917 le Royaume-Uni est passé à la conscription) ou lorsque l’on est lassé des exigences des officiers. Par ailleurs on a l’occasion de voir l’avantage que les forces anglaises tirent de leur usage de chars.

Sans référence de sources historiques, certains traitements coercitifs pour ceux qui se déclarent pacifistes au départ relèvent de la fiction ; il est peut-être dommage qu’avec ce type d’inventions le lecteur soit amené à relativiser d’autres horreurs dues au conflit intégrées au récit. À force de faire de l’officier l’ennemi principal du soldat britannique, on se demande comme avec Tardi comment les soldats ont tenu.

Le déserteur de la Légion étrangère que connaissait Charly réapparaît, il est à la tête de sandbaggers, déserteurs britanniques qui vivent en bande autour du camp de repos d’Étaples, près du Touquet et au sud de Boulogne-sur-Mer. On a vu avec "La faute au Midi" de Jean-Yves Le Naour et A.Dan que les rivalités régionales dans l’armée française avaient existé ; ici le mépris de ceux qui se sentent supérieurs (les Anglais) s’exerce vis-à-vis des Australiens.

Le scénario nous amène tut droit vers une mutinerie à la fin du printemps ou au début de l’été 1917, il est vrai que celles-ci sont nombreuses côté français à cette époque et que la Russie a connu l’abdication de son tzar.

Les pages de commentaires portent toujours sur l’explicitation du scénario et sur un thème en lien avec l’épisode. On apprend là qu’à Messines, une mine posée en 1917 et non explosée alors, rappela son existence en 1955 lorsque un pylône électrique s’effondra suite à la foudre. Le graphisme rend majestueusement le tragique des situations, quelques pages aux couleurs criardes bien de la période des Trente glorieuses apparaissent régulièrement de façon parcimonieuse.