Le ruisseau rouge
de Patrick S. Vast

critiqué par JulesRomans, le 19 mai 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Halte-là, halte-là, les espions boches sont là !
Voilà un roman policier dont l'action se déroule pour partie en avril 1918 lors de la dernière offensive allemande qui va enfoncer le le front et permettre aux Allemands de se retrouver devant Chateau-Thierry et Compiègne (non loin de Paris), Amiens et Béthune. Non loin de cette dernière cité, dans le village de Robecq Germain Baudoin refuse d'être évacué alors que la bataille de la Lys a été engagée par les armées du kaiser, Josiane une de ses filles décide de rester en sa compagnie. Celles-ci découvrirent d'ailleurs combien les troupes adverses étaient bien mieux nourries qu'eux-mêmes et cela porta un fort coup à leur moral.

"Le ruisseau rouge" ouvre sur une situation en 1897 où au bord d'une route apparaît une jeune orpheline Marie qui s'est enfuie de la maison de Clovis Dhalène (ce dernier l'a mis enceinte) où elle avait été placée comme domestique par le couvent de religieuses qui l'avait recueillie. Un négociant anglais la recueille et l'emmène au Royaume-Uni. Le jeune fils de Marie est adopté par la suite.

Après ce prologue, on se retrouve au printemps 1918 avec Germain Baudoin, alors âgé d'une cinquantaine d'années, qui tient un café à Robecq avec son épouse Josiane. Son fils Henri est certes revenu des combats de l'Argonne mais avec un oeil et une jambe en moins et sa fille aînée Emma, qui sans se livrer ponctuellement à la prostitution, se laisse facilement peloter pour faire venir les clients.

Le chapitre suivant nous emmène au samedi 1er août 1914 où Henri rate de peu de perdre son pucelage avec Marianne... On apprend que Clovis Dhalène est manipulé depuis 1913 par une agent des services secrets allemands afin de contacter Alexandre Trinclot ingénieur d'une usine française locale qui fabrique un acier spécial utile pour rendre le fût des canons plus résistants. Clovis Dhalène imagine qu'Alexandre Trinclot peut être sensibilisé à la question de livrer la formule, en utilisant le fait qu'il est amoureux d'Emma une des filles de Germain Baudoin. Après qu'il ait donné la solution pour fabriquer cet alliage, Alexandre Trinclot est assassiné et son sang colore le cours d'eau qui traverse le village d'où le titre du roman "Le ruisseau rouge".

De 1913 à 1918 un joli jeu de poker menteur a donc agité ce village et comme on s'en doute le jeune fils de Marie revient avec l’uniforme anglais. Voilà un roman historique qui sait réutiliser avec adresse le motif de l'espionnage allemand en France sous la Belle Epoque, Le lecteur voit avec gourmandise le puzzle de l'action se construire, les informations données lui permettent d'émettre des hypothèses sur certains ressorts de l'action.

Il est à noter que l'éditeur Pôle nord éditions, outre "Le ruisseau rouge" propose d'autres romans historiques, à plus ou moins forte dimension policière, qui se déroulent dans les régions de Picardie ou du Nord-Pas-de-Calais. Ce sont "Les rois de rien" de Pierre Saha, "Dans l'oeil du cyclope" de Jean-Christophe Maquet (avec le camp britannique d'Etaples) et "Le planqué des huttes" qui évoque, comme "Souviens-toi de moi" (chez un autre éditeur) l'importante présence de travailleurs chinois dans la zone des armées (dans la proportion de deux sur tois recrutés par les Britanniques).