Ne pas se fier à la couverture de Philip K. Dick
(Not By Its Cover)
Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique , Littérature => Anglophone
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10 excellentes nouvelles dickiennes
Et voici le dernier-né (sorti courant mars dernier en poche) des recueils de nouvelles de Philip K. Dick : "Ne Pas Se Fier A La Couverture". Comprenant 10 nouvelles datant de 1953 à 1968, et parmi elles, sauf erreur de ma part, sa première nouvelle ("Roug"), ce recueil offre de vraies merveilles dans le genre.
Dick a toujours été, de toute façon, un grand, grand auteur de nouvelles, il était meilleur dans le petit (et moyen : la première nouvelle de ce recueil, "L'Homme Variable", fait 110 pages, une de ses plus longues, si ce n'est la plus longue !) format que dans le roman, même si certains de ses romans, comme "Le Dieu Venu Du Centaure", "Ubik" ou "L'Oeil Dans Le Ciel", sont immenses.
Mais ici, dans ces nouvelles, il offre encore une fois la preuve que dans le petit format, il assurait. Entre cette histoire de godasses qui prennent vie, celle de ces livres reliés en peau de créatures martiennes très intelligentes (les livres reliés sont victime de leurs reliures en peau, qui les transforment, leur donnent un autre sens), celle de cette vieille dame originaire d'une autre planète et désireuse, avant de mourir, de visiter une planète soit-disant inexistante et mythique du nom de Terre, ou bien ces astronautes victimes d'étranges mutations dues à des radiations, on a de quoi faire ici. Les trois premières nouvelles sont plus longues (surtout la première !) que le reste, ce qui fait qu'on est quasiment au milieu du recueil après elles. "L'Homme Variable", sur un visiteur temporel, issu du passé, et capable de totalement renverser la donne dans une histoire de guerre entre la Terre et le système du Centaure, est probablement le sommet du recueil, et pas seulement parce qu'elle en est la nouvelle la plus étendue.
Au final, encore une fois un grand recueil de nouvelles de SF/fantastique de la part d'un de ses plus illustres représentants. A lire.
Les éditions
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Ne pas se fier à la couverture
de Dick, Philip K.
Gallimard / SF
ISBN : 9782070449224 ; 8,60 € ; 27/03/2014 ; 364 p. ; Poche
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Dick et ses étiquettes
Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 9 avril 2014
En 2014, il n'y a certes pas de voitures volantes dans les airs, pas d'androïdes viables dans les rues, et les flics ne disposent pas encore de pouvoirs précogs pour arrêter les criminels ou ceux suspectés de pouvoir le devenir un jour, les hommes ne sont pas allés jusqu'à aller Alpha du Centaure ; mais comme tout bon auteur de Science-Fiction Dick y parle de notre monde, de nos dérives, de l'absurdité de certaines de nos aspirations, de notre société dont il pousse les travers jusqu'à l'absurde. Et le fait est que le monde intérieur des personnages de Dick est celui d'un citoyen-consommateur de notre temps, esclave de gadgets parfaitement inutiles que cet auteur n'eût pas osé inventer dans ses livres. Et Dick fait aussi de l'auto-fiction de SF se racontant au passage, ce qui sera encore plus probant dans « la Trilogie Divine ».
Ainsi dans « l'homme variable », la « novella » ou longue nouvelle, qui débute ce recueil, l'écrivain se moque de la manie du contrôle total et de la transparence délirante de notre monde : un homme venu du passé bricoleur et dilettante de génie comme beaucoup de personnages de l'auteur du « maître du haut château » ou de « Ubik » perturbe l’ordonnancement rigoureux et rationnel d'une société à venir s'imaginant utopique, ou dans la dernière nouvelle dans laquelle des envahisseurs se cachent dans les machines à boule de gomme de la terre, histoire où l'on ne sait pas si Dick ne paie notre tête, probable, s'il tourne en ridicule la paranoïa moderne ou s'il croit vraiment en son histoire ; la réponse n'est pas si évidente.
Dick est à la fois un mystificateur et un rêveur qui essaie d'ouvrir le lecteur à d'autres mondes cachés derrière le « simple » réel...
Dans « Roug », une des premières nouvelles de l'auteur où il s'affranchit de la tutelle van-vogtienne, on ne sait pas si les « aliens » qui viennent chaque jour voler les déchets des habitants d'une zone pavillonnaire ripolinée et triste à mourir sont simplement des éboueurs qui perturbent quotidiennement le vieux chien héros de l'histoire, ou le canidé a vraiment du flair et alors la banalité prend des aspects terrifiants.
Dans « la planète impossible », une des meilleures du recueil à mon sens, émouvante, dérisoire et désespérée sur la nature humaine souvent bien décevante, il raconte l'histoire d'une vieille dame qui est née sur terre qui veut revenir y mourir trois cent cinquante ans après sa naissance en nageant une dernière fois dans l'Océan, mais le hic est que tout le monde croit que la Terre, la planète d'origine des hommes qui vivent maintenant dans toute la galaxie, est une légende pour enfants, un conte de bonnes femmes. Des astronautes la déposent sur un astre presque mort pour la mystifier et la contenter, troisième planète après un soleil minable, et réalisent quand même son souhait sans le savoir, l'un d'eux ramassant une pièce de monnaie étrange à la fin du récit...
L'auteur se demande également ce qui se passerait si un livre était relié avec la peau d'un animal méprisé par les terriens, à mi-chemin entre le porc et la vache, et immortel, le wub à première vue simple ruminant ayant la particularité d'être immortel et de se régénérer ce qui économise en frais d'élevage, wub qui en profite alors pour réécrire les grands classiques des hommes et leurs livres saints, révélant au passage une bonne part de leur hypocrisie.
Cet énième recueil de nouvelles de Dick, l'auteur de SF le plus adapté au cinéma, le plus trahi aussi, joue sur un mélange d'inédits et d'histoires déjà lues dans la collection « Présence du Futur » de Denoël notamment ou en « 10.18 ». L'amateur de littérature dite de genre, romans noirs ou de SF, se sent à chaque fois coupable bien évidemment, mais le désir d'explorer l'univers d'un auteur passionnant tout simplement le pousse à se laisser aller avoir par la logique commerciale, en l'occurrence moi ami lecteur, parce que aussi la littérature est de l'ordre de la respiration pour ceux qui l'aiment vraiment.
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