Le bandit n'était pas manchot
de Jérôme Jarrige

critiqué par Ndeprez, le 6 avril 2014
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Panique à Juan les Pins
Le commissaire Gilles Dupin , récemment divorcé retrouve l'amour dans les bras de Clara qui tient un restaurant à Juan les Pins...Tout se passerait donc pour le mieux si en quelques jours des meurtres de femmes d'âge mûr ne venaient pas troubler la quiétude de cette paisible station balnéaire.
Des femmes sont retrouvées nues , poignets attachés et le dos lacéré..
L'enquête piétine car aucun élément ne permet de remonter jusqu'au tueur...


Je m'attendais à pire , c'est court , c'est vite lu , c'est parfait pour la piscine l'été.
C'est écrit (tout juste) correctement , je n'ai pas perdu mon temps mais je ne suis pas certain de me souvenir de l'intrigue et du coupable dans 6 mois quand je verrai que j'ai critiqué le livre !
Mention spéciale pour le titre capillo-tracté .
J'ai plutôt bien aimé... 8 étoiles

J’ai aimé ce roman policier que j’ai lu deux fois à cinq ans d’intervalle et j’y ai trouvé autant de plaisir malgré le souvenir de l’intrigue (pas complet car la mémoire nous joue parfois des tours) ce que je considère comme plutôt un bon signe ! Mais, je vais essayer de vous expliquer pourquoi ce roman fait – du moins à mon humble avis – un bon roman de ce label Prix du quai des orfèvres.

Tout d’abord, côté intrigue policière, nous voilà en présence d’un criminel fortement touché par la folie. Je n’enlève rien au suspense car dès le départ cette information arrive aux oreilles – aux yeux si vous préférez – du lecteur. Les crimes sont spectaculaires, nombreux proches mais pas identiques. Les victimes semblent n’avoir aucun point commun entre elles… et la police en bave. Le commissaire Dupin n’est pas le plus à plaindre malgré la pression de son patron, l’ambiance médiatique, la juge d’instruction qui tente de reprendre l’affaire en main et les victimes qui se suivent pour leur malheur… Il faut dire qu’il habite sur la Côte d’Azur, qu’il a une bien belle et sympathique maitresse, que ses subordonnés sont plutôt sympathiques et efficaces et que dans cette région de Juan-les-Pins la guerre des polices n’existe pas ! Que du bonheur ! Du moins, s’il n’y avait ce criminel qui récidivait un peu trop au goût de tous…

Deux éléments sont particulièrement à mettre en évidence pour comprendre pourquoi ce roman policier peut être relu avec plaisir. Tout d’abord, l’ambiance au sein de l’équipe de Dupin est bien mise en valeur et elle prend presque le dessus sur le fond de l’enquête. On suit particulièrement la façon dont les policiers jouent le jeu avec la juge d’instruction tout en poursuivant secrètement des pistes qu’ils ne veulent pas rendre publiques trop vite… On sent la solidarité entre les policiers tout en percevant le respect de la hiérarchie, de la loi, de l’organisation de l’enquête… Passionnant, tout simplement !

Mais le deuxième point fort de ce roman, c’est l’évolution des relations entre le commissaire et sa maîtresse. Au départ, on peut croire à un épiphénomène qui ne sera là que pour offrir les trois minutes affriolantes indispensables pour vendre aujourd’hui un roman policier grand public. En fait, c’est beaucoup plus et ces deux personnages vont avoir un poids considérable dans la résolution de ces crimes odieux. Il faut voir les petits dialogues entre les deux amants et leurs conséquences sur la partie professionnelle. C’est fin, subtil et souvent crédible…

Voici donc pour moi un bon roman policier, solide dans son intrigue, bien écrit, avec des personnages attachants et bien réels, avec des lieux décrit avec amour et passion, avec des relations entre police et justice qui semblent crédibles et qui éclairent sur les réalités d’une enquête policière… Bref, un bon roman policier, tout simplement !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 18 mai 2014