Eloge du prêt-à-penser
de Patrick Traube

critiqué par Bolcho, le 29 août 2003
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
A propos des vendeurs de matériel hi-fi ?
Surprenant le titre de ce livre, n’est-ce pas ? Comment ? On ose me convier à développer la bêtise qui métastase déjà furieusement dans mon cerveau ? C'est ce qu'on va voir ! J’achète ! Et comme le sous-titre parle d’ « Anatomie du sexisme ordinaire », cela donne envie d'aller vérifier à quel point on n’est pas sexiste justement, à quel point on est quelqu’un de bien donc.
Au coeur du propos, il y a les stéréotypes, qui ont la couleur et l'odeur de la pensée mais ne sont que de la bouillie mentale destinée à nous faciliter la vie un maximum. L'auteur nous en offre au passage quelques exemples particulièrement gratinés. Nietzsche, ce génie loué par d'éminents collègues du site (bonjour à eux) en prend particulièrement pour son grade : « La femme veut s'émanciper, (…) c’est là un des pires aspects de l'enlaidissement général de l'Europe. (.) Elle désapprend la crainte de l'homme : mais (…) sacrifie du même coup ses instincts les plus féminins… (.) la femme régresse. » Le génie s'est pris le pied dans un stéréotype, et comme il est un génie, forcément, il est tombé de haut. Mais Schopenhauer n'a pas non plus
assez levé les pieds: « Ce qui rend les femmes particulièrement aptes à nous soigner, à élever notre première enfance, c’est qu'elles restent elles-mêmes, puériles, futiles et bornées ». Et d'autres, beaucoup d’autres. Nous stéréotypons tous comme des bêtes car cela nous simplifie la vie : « Le stéréotype est au registre de la pensée ce que le rituel est au comportement : une « matrice » prête à l’usage et résistante à l’usure ». La question est de savoir à quel point il est possible ou non d'y échapper. Je vous laisse découvrir la réponse - très nuancée - qui se trouve à la dernière page du livre. Ou bien, vous pouvez aussi la deviner, mais.gare aux stéréotypes !