Les couleurs de la Bretagne : Le Finistère
de Robert Colonna d'Istria, Philippe Giraud (Dessin)

critiqué par Shelton, le 19 avril 2014
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
La Bretagne... L'eden celte !
Finistère signifie, si on se réfère au latin, fin de la terre. Oui, c’est tout au bout de la terre et, autrefois, on ne savait pas ce qui se cachait là-bas. Certains chez les Celtes disaient plutôt le début de la terre, comme si c’était à partir de là que ce jouait la vie… allez savoir, c’est peut-être pour cela que chaque fois que je mets les pieds en Bretagne, à fortiori dans le Finistère, j’ai l’impression d’entrer en contact avec le sacré… Oui, le Finistère est la terre sacrée par excellence, celle qui nous met en contact avec des forces, naturelles ou pas, qui nous dépassent… Ah, ces forces !

Elles nous laissent sans explication quand il s’agit de ces mégalithes que nous n’avons toujours pas réussi à expliquer, à comprendre… Elles nous plongent dans le silence apaisé et mystique quand nous observons les fontaines sacrées et les calvaires qui peuplent l’ensemble de cette terre et la recouvrent d’une chape d’une religiosité inexplicable… Elles nous terrifient quand nous sommes au bout de la terre, à la pointe du Raz, à celles de Penmarch ou de Saint Mathieu. Les vagues et le vent nous écrasent, nous réduisent à néant… Enfin, l’architecture religieuse de cette terre nous en dit beaucoup plus sur ceux qui l’ont peuplé que tous les écrits poussiéreux que nous pourrions trouver. Des églises, des chapelles, les enclos paroissiaux, les abbayes, la porte triomphale de Pleyben, presque aussi célèbre que ses galettes… Oui, cette terre est bien sacrée et elle nous touche encore.

L’ouvrage de Robert Colonna d’Istria et Philippe Giraud me semble d’une très grande qualité justement parce qu’il ne noie pas le lecteur dans un discours touristique classique mais lui fait toucher la profondeur d’un département que l’on perçoit trop souvent comme une destination trop humide pour des vacances. Les photos et les textes sont simples, accessibles, ils sont là comme des ouvertures, des appels à la découverte et même pour celui qui a été étudiant à Brest jadis, il est merveilleux au sens où il est vivant, tout simplement !

Certaines photos du cap Sizun, de la pointe de Pen-Hir ou des Abers sont si belles que l’on entendrait presque l’océan en prêtant l’oreille avec attention…

Mais si j’ai oublié de citer quelques photographies classiques des plages – non de façon agressive mais tout simplement parce que ce sont les lieux que les touristes ne ratent jamais – je ne voudrais pas omettre le plus important de cette terre occidentale, les phares. En effet, nous sommes en présence d’une côte découpée et dangereuse, peut-être une des plus rudes de France, et les côtes et les flots sont parsemés de ces tours qui se dressent vers le ciel pour donner au marin perdu la direction du port où il trouvera refuge. Pour nous, les hommes de la terre, ils semblent être là comme des passerelles entre le divin et l’humain et cela accentue encore l’aspect sacré de cette terre…

Un livre magnifique que beaucoup ouvriront durant l’année avant de reprendre la direction de l’océan, de la Bretagne, du Finistère…

Mais comme chacun le sait ici, sur la Bretagne, la Lorraine et la Bourgogne, je suis tout sauf objectif ! Qu'on se le dise !!!