Voltaire : Le procureur des Lumières
de Ghislain Waterlot

critiqué par Veneziano, le 27 avril 2014
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Justice et religion selon Voltaire
Voltaire n'était pas athée, et ne pouvait concevoir que le théisme, le fait de croire en un dieu. Ce qu'il a vigoureusement combattu est le fanatisme, et le sectarisme qui en découle.
Cette position a des conséquences sur sa conception de la justice, où le religieux intervient trop souvent, par la conception étroite du phénomène religieux par les juges et par l'immixtion de l'Eglise dans les affaires judiciaires, comme dans la politique de l'Etat. Tout logiquement, Voltaire prit partie, et vigoureusement, dans l'affaire Calas, où un père de famille protestant est accusé d'avoir assassiné son fils désireux de se convertir au catholicisme.
S'il y a besoin de croire en Dieu, c'est qu'il y a bien des conséquences sur les manières de rendre la justice et qu'elles s'avèrent être sujettes à caution. Une lecture trop première et restrictive des Ecritures conduit à de la violence, au fanatisme, ce qu'il a en horreur.
Enfin, il se méfie du droit positif, c'est-à-dire des normes applicables du jour, car les lois sont justifiées par des raisons circonstanciées, là où il faudrait toujours se baser sur les règles immuables qui gèrent une société, à l'exception donc de celles qui entravent les libertés et qui sont le fruit du fanatisme.

Cela est déjà révolutionnaire pour l'époque, sans volonté de jeu de mot déplacé, et ne correspond pas à la conception laïcarde anti-religieuse que certains ont parfois, qui s'attache plutôt aux républicains hardis des débuts de la IIIème République.
Ce petit ouvrage permet donc de remettre les idées au point, de mieux connaître un auteur souvent étudié, sans tout en connaître. Il est bien fait, assez richement illustré de citations, clair et didactique. J'y ai appris et redécouvert pas mal de choses.