Attente de Dieu de Simone Weil

Attente de Dieu de Simone Weil

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Martin1, le 4 mai 2014 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 255ème position).
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"L'amour est le regard de l'âme"

ATTENTE DE DIEU, par Simone Weil (1942)

"L'amour est le regard de l'âme"

Résumé : Dans la première moitié de ce recueil, on découvre les lettres écrites par Simone Weil à son confident le père Perrin. Elle y fait part de son admiration devant la foi catholique et l'idéal chrétien de la charité, tout en soulevant de sérieuses réserves sur la question de son propre baptême. La seconde partie est consacrée à des réflexions théologiques sur des thèmes divers, notamment "les formes de l'amour implicite de Dieu"

Mon avis : Simone Weil. Voilà quelqu'un qui m’intriguait depuis longtemps. Gréviste, syndicaliste, momentanément anarchiste et communiste anti-stalinienne, elle fut même remarquée par Simone de Beauvoir quand elle versait des larmes pour les affamés chinois des années 1920. Si elle débuta au sein du parti communiste, sa conversion extraordinaire à la religion catholique est si profonde qu'elle soutiendra avoir grandi dans un esprit chrétien depuis sa naissance sans s'en douter. Convertie à Solesmes en 1938, la tuberculose l'emporte en 1943.
Ce livre est très éclairant. Sur les hésitations de auteur, tout d'abord : Simone Weil est amoureuse du Christ, et elle veut cet amour digne, le plus digne qu'il est possible de l'être. Mais en elle réside la peur d'entrer au sein de l'Eglise. Non pas exactement des corruptions occasionnelles de ses membres, mais l'Eglise est entre autres choses une chose sociale, c'est-à-dire un organisme qui est conçu par des hommes et pour des hommes. En tant que chose sociale, elle dispose d'un pouvoir humain de faillir et de tromper ceux qui croient en Dieu. Simone Weil veut être maîtresse de son intelligence, pour la mettre au service de sa foi. Là est sa crainte, et c'est la raison pour laquelle elle ne désire pas se faire baptiser, même se sachant chrétienne jusqu'au bout des ongles.

La deuxième partie est un recueil de réflexions philosophiques et théologiques diverses. La plus longue se nomme "les formes de l'amour implicite de Dieu", et elle a bouleversé ma manière de concevoir l'amour de l'homme pour Dieu. Selon Simone Weil, l'homme, avant qu'il ne fasse une réelle rencontre avec Dieu, ne peut "aimer Dieu" de manière verticale et totale, comme le premier commandement de Dieu semble l'exiger. Pour pallier cela, il doit aimer Dieu d'une manière implicite, en reportant son amour sur des objets plus substantiels, dans lesquels Dieu réside malgré tout. Ces trois objets sont : le prochain, la beauté du monde, et les pratiques religieuses. L'amour du prochain comprend notre désir de justice, c'est un amour réciproque : la compassion de celui qui est pourvu (de biens, de nourriture, d'affection) pour celui qui est dépourvu, et à l'inverse, la gratitude de celui qui est dépourvu pour celui qui est pourvu. La beauté du monde, c'est le don d'amour le plus poétique qui soit, et le plus accessible à notre civilisation de plus en plus superficielle : c'est admirer la perfection de l'univers, à travers la contemplation, le travail, ou même la sexualité. L'amour des pratiques religieuses est le plus menacé aujourd'hui. Il peut exister quelle que soit l'époque ou le contexte historique. Il correspond à notre recherche de pureté absolue, ce désir intime qui nous fait contempler l'Eucharistie.

Voilà des textes qui parleront à ceux qui cherchent Dieu. Il faut savoir écouter, être attentif, pour le rencontrer. Simone Weil parle de l'amour avec une clarté émouvante. Et pour l'esprit vraiment ouvert, même l'athée le plus convaincu en apprendra.

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C'est Dieu ou l'homme qui attend ?

8 étoiles

Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 28 décembre 2016

Tout a été dit et bien dit par la critique précédente.
Weil fait partie de ces personnes qui vont au bout de leur réflexion et veulent la perfection dans leur engagement.
Weil parle très bien de ce doute qui l'habite, de sa foi.
Elle est tellement proche de ce croyant qui tâtonne , qui cherche avec toute sa conviction...
Les derniers chapitres sont dédiés à des réflexions profondes sur le Notre Père.
C'est très instructif.
J'avoue que sa pensée dépasse mon niveau de compréhension. C'est parfois très poussé dans l'analyse.
Ce n'est pas un ouvrage de vulgarisation et peu il rebuter les néophytes.
Cependant c'est un ouvrage qui nourrit l'intérêt pour la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ.

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