Déserteurs
de Dominique Legrand

critiqué par JulesRomans, le 28 septembre 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Désertez, désertez, il en restera toujours une mémoire même fabriquée
On risquerait de croire, en lisant les romans historiques pour la jeunesse, que les poilus désertèrent en masse. Ce livre "Déserteurs" a a eu le mérite dès 2010 d'être un des premiers à se centrer sur la question et de ne pas en faire un simple motif de l'intrigue.

Ici sont bien approchées les raisons qui peuvent pousser des soldats et même en leur compagnie un lieutenant de réserve à quitter les tranchées. De plus page 155, l'antagonisme franco-allemand est situé dans la longue durée depuis Bouvines en 1204 à 1914 en passant par Austerlitz et confondues pour 1870 les batailles Sedan et Villersexel.

On tombe dans le manichéisme habituel en scellant le sort de tous les déserteurs devant un poteau d'exécution. Rappelons que cette mesure fut un fait important mais minoritaire et que l'examen des dossiers des conseils de guerre à Vincennes montre qu'il y avait généralement d'autres sanctions pas obligatoirement joyeuses, si on nous permet un jeu de mots en pesant aux bataillons d'Afrique, dont les hommes étaient surnommés "les joyeux"). Dans cet ouvrage toutefois le poteau d'exécution est plus envisageable du fait que les soldats quittent le front les désertions dans la zone des armées proches du front étaient très nettement moins lourdement punies.

L'épaisseur du livre et les allusions historiques assez nombreuses, comme à la page 132 à la fois Ravachol et la Saint-Barthélémy, font que l'on est avec un ouvrage pour lycéens.

Sur le sujet des désertions, on a un ouvrage de type roman historique pour des collégiens cette fois-ci "Le déserteur du chemin des dames" de Serge Boëche.