Chroniques d'une prof qui en saigne
de Princesse Soso, AngeLe (Dessin)

critiqué par Bolcho, le 5 mai 2014
(Bruxelles - 76 ans)

La note: étoiles

A ceux qui en saignent aussi

Une prof d'anglais dans un collège de province. C'est son « journal » couvrant une année scolaire. On sent un peu de rage face à la croyance répandue que les profs ne seraient que des feignasses qui ne méritent pas leurs longues vacances (mais, comme je fais partie de cette engeance honnie, on dira que je suis partial ?).
Tout y passe : les gosses chahuteurs et les studieux, les favorisés et les défavorisés (nettement plus nombreux dans cette école), les sympas et les emmerdeurs, les collègues très divers, sans oublier l'administration qui a son grain de folie et de mauvaise foi elle aussi.
Tout cela est raconté avec beaucoup d'humour et de légèreté, ce qui n'empêche pas qu'il s'y dissimule de vraies questions sur l'enseignement.
N'empêche, c'est à la longue un peu répétitif, tout en restant agréable à lire.
Peut-être un vrai reproche ? On nous parle aussi des parents d'élèves dont certains sont encore plus effrayants que leurs moutards. Mais là, on aimerait une vision un peu plus sociétale : si certains parents sont très laxistes, ou ignares, ou agressifs avec les profs, c'est sans doute aussi (et surtout) que nous vivons dans une société particulièrement inégalitaire où les handicaps scolaires, sociaux et autres sont transmis d'une génération à l'autre à l'immense satisfaction de ceux qui sont nés le cul dans le beurre...
Alors, fustiger les parents, cela me paraît un peu court.
N'empêche, quand on les a dans les pattes pendant une année, ce n'est pas drôle.

Engagez-vous, qu'ils disaient

La vie de prof est loin d'être facile comme le démontre ici l'auteur, Princesse Soso. Alors oui il y a les vacances, c'est bien, mais en contrepartie il y a aussi les élèves insupportable, les parents démissionnaires ou les réformes dont le but est moins d'améliorer l'éducation que de faire des économies. Mais malgré les obstacles notre jeune professeur d'anglais ne baisse pas les bras et elle aime transmettre son savoir aux jeunes générations. Ce livre nous raconte ainsi une année (fictive mais avec des situations inspirées de ce qu'elle a vu) dans son collège perdu en pleine campagne entre instants de joie et moments de désespoir.

Les témoignages de professeurs sur les difficultés de leur métier sont loin d'être rares mais ce qui permet à ce livre de se démarquer c'est une bonne dose d'humour. En effet j'ai bien rigolé à la lecture de cet ouvrage, et l'utilisation de l'humour n'empêche pas à l'auteur de faire passer son message et de parler de situations scolaires et familiales parfois loin d'être drôles. Par contre le langage utilisé, et totalement assumé, peut être parfois un peu vulgaire même si on sent que c'est un moyen pour relâcher ce que Princesse Soso a sur le cœur, mais c'est vrai que parfois elle y va fort.

Un livre que j'ai bien aimé donc, surtout que l'auteur ne se plaint pas pour elle-même mais surtout pour ses élèves et même si les solutions qu'elle propose nécessiteraient du temps et des moyens humains et financiers cela en vaudrait vraiment la peine. Malheureusement ceux qui prennent les décisions sont rarement ceux qui connaissent la réalité du terrain ce qui ne doit pas empêcher les enseignants de faire entendre leur voix. En plus ce livre est agrémenté de quelques illustrations plutôt rigolotes et qui fonctionnent très bien avec le ton employé.

Koolasuchus - Laon - 35 ans - 13 octobre 2016