Porté disparu !
de Catherine Cuenca

critiqué par JulesRomans, le 15 août 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
La Guerre des gosses qui disparaissent corps et biens
"Porté disparu" de Catherine Cuenca était paru en 2009 et l’auteure avait déjà écrit des romans historiques autour de la Grande Guerre, une tâche qu’elle a poursuivie en 2013 avec "Le choix d'Adélie" et "Le secret du dernier poilu". Comme avec "Le choix d'Adélie" et "Le secret du dernier poilu" dans "Porté disparu" les héros sont lyonnais (de Lyon ou d’un village proche).

Le récit pose à la fois la question de l’engagement volontaire à 17 ans (âge légal) de jeunes hommes (ici Baptiste puis Clément) et le fait que même si pour la France les recherches dans les anciennes zones de combat permettent de retrouver environ 50 000 corps qui peuvent être identifiés, il reste définitivement 300 000 soldats dont soit on n’a pu identifier le corps soit on n’a jamais retrouvé le squelette.

L’action se passe en septembre 1918 et les personnages principaux sont donnés servant au 421e RI, ce qui ne semble guère possible puisque ce régiment-là n’a d’existence qu’entre août 1915 et février 1916. Le premier chapitre nous montre que le front Baptiste qui s’était engagé au début 1918. Au chapitre deux, il est rejoint par son cousin Clément en ce début d’automne et c’est après les avoir vus côte à côte durant six chapitres qu’au début du dernier tiers de l’ouvrage que Clément Roulier est porté disparu lors d’une mission d’agent de liaison pour lequel il s’était porté volontaire. Durant cinq chapitres nous voyons jour et nuit (un rêve très saisissant est largement décrit) son cousin préoccupé par son absence et par le désir de voir retrouver au moins son corps.

Une fois de plus la partie documentaire est soignée lorsque l’éditeur Oskar propose un roman historique pour les jeunes lecteurs. Outre des généralités sur la Première Guerre mondiale et le traité de Versailles de juin 1919 ainsi que sur les disparus, il y a une focalisation sur l’écrivain Alain-Fournier dont le corps ne fut retrouvé qu’en 1991 et sur Anthelme Mangin qui avait perdu la mémoire et fut réclamé par de nombreuses familles entre 1920 et 1930 avant d’être définitivement identifié comme Octave Monjoi né dans l’Indre, donc dans le Berry.

On aurait pu signaler, sans que cela n’encombre trop le texte, que le corps de Louis Pergaud n’a jamais été retrouvé quoique les circonstances de sa mort soient à peu près certaines. Prisonnier blessé il a été amené dans un hôpital provisoire qui est bombardé par un tir de barrage de l'armée française le 8 avril.

L’éditeur propose des pistes d’exploitation pédagogique autour de "Porté disparu" ici http://www.oskareditions.com/PDF/705.pdf