Une matinée d'amour pur
de Yukio Mishima

critiqué par Saule, le 9 septembre 2003
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Mishima, sept nouvelles inédites
Récemment paru (été 2003), ce recueil permet aux amateurs de Mishima de découvrir sept nouvelles jusqu'alors inédites en français, parues dans différentes revues japonaises entre 1945 et 1965, qui ont toutes pour thème l’amour, la sexualité, la mort.
La première nouvelle est un peu longue et compliquée, et pour tout dire un peu trop exaltée. Cette histoire d'un jeune garçon qui devine l'amour lors d'un séjour à la mer aurait pu être mieux traitée si Mishima avait été plus sobre. On lui pardonne quand on sait qu'il avait 19 ans à la parution de cette nouvelle. Un an plus tard paraissait la seconde nouvelle (« Haruko »), qui ne me laisse pas un souvenir impérissable non plus. Vient ensuite "Le tambour" une courte et percutante nouvelle, avec le mordant et la cruauté du Mishima dans ses bons jours. "La lionne" m'a proprement laissé KO : Une femme amoureuse qui comprend que son mari va la tromper. Sa réaction sera à la mesure du titre de la nouvelle. Terrible. La cinquième nouvelle, « Papillon », est moins bien. La sixième c'est "Un voyage ennuyeux" : un gigolo de 22 ans y accompagne sa maîtresse en voyage à Kyoto. Et pour terminer la nouvelle titre, "Une matinée d'amour pur » : un couple vieillissant s’y livre à des manœuvres compliquées et perverses afin de retrouver la pureté de leur premier baiser, le baiser de leur 18 ans.
L'amateur de Mishima sera content de découvrir un nouveau matériel et de replonger dans ces histoires un peu perverses ou cruelles en effet mais toujours très bien écrites. Pour ceux qui veulent découvrir Mishima je conseillerai plutôt « La Musique » un roman plus ludique récemment traduit, « Le pavillon d'or » son chef-d'œuvre philosophique, ou encore « Le tumulte des flots » une lumineuse et idyllique histoire d'amour.
Pour l'anecdote : je commençais ma carrière de critiqueur sur le site il y a deux ans et demi, lorsqu'en tombant par hasard sur critiqueslibres je m'indignais de n'y trouver aucune trace de Mishima. Il n'en fallait pas plus pour que je commette ma première critique, celle d'un roman de Mishima fraîchement traduit ("La Musique"). 169 critiques plus tard me voila à nouveau à critiquer le "nouveau" livre (entendez : nouvellement traduit) de Mishima...