La Faute, une vie en Corée du Nord
de Michael Sztanke (Scénario), Alexis Chabert (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 9 mai 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Ceux qui sifflent la faute an nord, n’ont pas perdu le sud
Avec un pays martial comme la Corée du nord, les albums réalisés avec une action entièrement dans cet état? par des auteurs francophones? ne sont pas légion. "PyongYang" sorti en 2003 a un scénario et un dessin de Guy Delisle (l’ouvrage a déjà eu une douzaine de traductions) et "Yeun Ok l'infirmière héroïque" de Romain Slocombe paru en 1984 chez Futuropolis sont les deux titres que nous connaissons.

Ce pays étant souvent présent dans la presse et les journaux télévisés, il n’était pas étonnant que la BD reportage s’intéresse à son cas. Ici le narrateur n’est pas le personnage principal mais l’auteur se met en scène comme journaliste et dans la dizaine de pages finales, des photographies prises par le scénariste occupent l’essentiel du contenu.

Le ressort de l’intrigue est basé sur le fait que toute action sortant de l’ordinaire réalisée par un Nord-Coréen est tout de suite rapportée et peut le faire passer comme un homme qui conteste le régime.

Un jour un guide pour voyageurs étrangers est dans l’incapacité de remettre la main sur son badge à l’effigie des deux premiers présidents du pays. Il va être rapidement et intensément stigmatisé pour cette absence de signe officiel.

On est en décembre 2011 et Kim Jong-Il vient de mourir, Kim Jong-Un vient d’être désigné comme leur successeur. Nul doute que maintenant l’usage est de mettre le badge avec le portrait de Kim Jong-Un.

C’est toute la famille du journaliste qui est menacée de sanction, la femme et la fille de ce dernier fuient en traversant le fleuve Tumen gelé. Là comme des milliers de femmes coréennes, elles vont tomber sous la coupe d’un Chinois qui les a achetées et entend faire d’elles des esclaves.

Avec le groupe de journalistes occidentaux, on découvre la vision que la Corée du nord entend proposer d’elle-même. Le graphisme assez réaliste tant pour les visages que les décors. Les couleurs sont symboliques : rouge, gris, noir, violet passé, café au lait, noir… Incontestablement une belle approche d’un pays avec en plus une intrigue qui montre bien que l’esprit stalinien imprègne bien la société.