L'élixir d'amour
de Éric-Emmanuel Schmitt

critiqué par Pucksimberg, le 11 mai 2014
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Un roman épistolaire agréable à lire
Ce court roman épistolaire a son charme et se lit d'une traite tant l'auteur parvient à susciter l'intérêt du lecteur. Evidemment, en parlant d'amour, l'on se sent vite concerné et l'on en vient vite à penser au roman "Quand souffle le vent du nord" de Daniel Glattauer même si le roman d'Eric-Emmanuel Schmitt possède son propre tempérament et ses propres caractéristiques.

Désormais séparés, Adam et Louise continuent de s'écrire. Lui vit à Paris, est psychanalyste, elle vit à Montréal et travaille dans un cabinet d'avocats. Elle lui écrit pour qu'ils restent amis, lui a envie de comprendre comment naît le sentiment amoureux, ce qui explique la passion ... Qu'est-ce qui aujourd'hui équivaudrait à l'élixir qui lia pour l'éternité Tristan et Iseut ? Comment provoquer l'amour ? Est-ce programmable ? En utilisant des phrases simples qui évoquent parfois des clichés amoureux, l'auteur parvient à interroger le lecteur intelligemment sur l'amour. Subit-on l'amour ou sommes-nous capables par des techniques de provoquer cet amour par des recettes secrètes ?

Ces lettres sont vives et captivent le lecteur car ce qui y est écrit concerne tout être humain, normalement constitué. L'auteur intègre de l'humour, de l'émotion, des réflexions intéressantes qui sont disséminées dans les lettres des deux personnages principaux. Ces remarques sont formulées sous la forme de maximes, comme l'ont fait d'autres grands auteurs. On peut penser à Radiguet, qui dans le "Diable au corps", narre une histoire somme toute accessible tout en glissant régulièrement des sentences qui n'auraient pas déplu aux auteurs du 17ème siècle :"La jalousie ne constitue pas une manifestation de l'amour mais la forme exacerbée du sentiment de propriété."
Ou encore :"L'amour cultive la connaissance, le désir vénère l'inconnu. Tandis que l'amour reste loyal jusqu'au dernier soupir, doigts, paumes, bouche, pénis, bas-ventre sont des aventuriers toujours sur le qui-vive, prêts à emprunter de nouvelles destinations, attirés par le différent, le singulier. Au contraire du sentiment qui cherche la permanence, les pulsions renaissantes ont l'appétit du changement ..."

Un roman épistolaire agréable à lire.