Clemenceau croqué : Clemenceau raconté par la caricature
de Marie-Hélène Joly (Textes), Bertrand Tillier (Textes)

critiqué par JulesRomans, le 29 juin 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
On ne ment jamais tant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse (Georges Clemenceau)
Marie-Hélène Joly et Bertrand Tillier nous livrent là une très belle approche non seulement de la personnalité de Clemenceau mais aussi des grands caricaturistes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Il ne manque que des caricatures faites du personnage en lien avec l’inauguration à Sainte-Hermine (en Vendée départementale) de son monument ; il est vrai que cela a été fait dans l’ouvrage" Le Monument Clemenceau de Sainte-Hermine, son histoire" d’André Bujeaud, paru en 2007.

On notera que la statue de Georges Clemenceau, à Sainte-Hermine en Vendée, place l’homme d’État au milieu de poilus, et c'est bien le reflet d’une présence soutenue du Tigre qui est attestée. Clémenceau, en tant que Président de la commission des Affaires étrangères et de l’armée du Sénat, est autorisé à passer à cinq reprises de une à dix journées sur le front ou dans la zone des grands quartiers généraux entre 1915 et 1917 ; comme Président du Conseil il passe avec les combattants 60 jours soit 1 jour sur 4 de la période de guerre où il dirige le gouvernement.

Sur la page consacrée à la Première Guerre mondiale de "Clemenceau croqué : Clemenceau raconté par la caricature", on peut d’ailleurs voir Clemenceau en nettoyeur de tranchées sous le crayon de Charles Léandre. Né d’ailleurs à Champsecret dans l’Orne, ce dernier a un espace culturel qui lui est consacré est consacré à Condé-sur-Noireau où est présentée l’ancienne collection de Henri Buron pharmacien à Montreuil-Bellay dans le Maine-et-Loire.

On peut voir également grâce à Willette Clemenceau à côté d’une Jeanne d’Arc (qui n’a pas encore été canonisée), une Alsacienne faisant la bise au Tigre dans une œuvre de Griff dans la page "Les icônes qui ont traversé le temps". Les autres thèmes (sur une ou deux pages) présentés dans un ordre à peu près chronologique sont : Clemenceau journaliste, le cirque politique, des saltimbanques en politique, les grands moments, , le radical opposant, l’Affaire Dreyfus, Clemenceau au pouvoir (1906-1909).

Au centre de l’ouvrage on a eu l’excellente idée de proposer en une page chaque fois une réflexion à partir de caricatures où Clemenceau est présent (à une exception près) même s’il n’est pas le seul personnage historique représenté. Ces pistes de découverte sont : les procédés de la caricature, la déformation du corps, attribut et complément d’objet (autour des choses dessinées de façon récurrente avec le portrait de Clemenceau).

On retiendra particulièrement une caricature de Clemenceau d’André Gill de 1879 où Clemenceau tient dans une main un pistolet (il provoqua douze duels avec ses ennemis politiques) et dans l’autre un livre intitulé "Santé sociale" par allusion à son projet réformiste. Un autre dessin, dont la reproduction est sûrement à offrir pour mémoire à un Premier ministre français (dont on vous laisse deviner le nom) montre la création d’A. Molynk (un caricaturiste dont on ne trouve des œuvres que pour la Belle Époque) où le Bûcheron Jaurès tente d’abattre le chêne Clemenceau (dont l’extrémité des branches portent les attributs des divers ministères du gouvernement Clemenceau tel qu’il était constitué en 1906).

Il s’agit là du catalogue de l’Exposition "Clemenceau croqué" qui se tient toute l'année 2014 au Musée National des Deux Victoires Clemenceau-De Lattre, situé à Mouilleron-en-Pareds en Vendée (en gros entre le Futuroscope et le Puy-du-Fou). Pour Clemenceau dans la BD d’aujourd’hui, on notera le travail réalisé par une école de Vendée durant l’année scolaire 2013-2014, qui devrait s’enrichir dans les années suivantes. http://ec-jean-roy-85.ac-nantes.fr/ecole/…

Rappelons que nous avons présenté ici "Clemenceau, au fil des jours" de Christophe Soulard pour le grand public et pour un lectorat plus exigeant "Clemenceau, chef de guerre" de Jean-Jacques Becker.