Les disparus de la Cité Fleurie
de Fred Morisse

critiqué par JulesRomans, le 25 mai 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
La Marine donne le mal de mer à Théo
Voilà un roman de littérature de jeunesse qui pose de plein pied le problème de l’expulsion des étrangers en situation irrégulière. Toutefois pour sensibiliser les jeunes lecteurs à cette question, on a choisi de proposer une énigme policière. Des collégiens scolarisés avec Théo disparaissent et ce dernier essaie de trouver où et pourquoi.

« - Théo… dis-moi, est-ce qu’il y a des liens entre les gens qui ont disparu ?

- Il s’est déjà posé la question. Il n’en connaissait qu’un : leur résidence dans le quartier. Leur condition très modeste aussi. Cela ne pouvait être un lien communautaire, car Ludmila était originaire d’Ukraine, Bajuk d’Abalnie, Samba du Mali et Angelo de Bolivie. Enfin, bref, aucun rapport qui expliquait, pourquoi des quatre-là». (page 54)

Cela nous vaut une intrigue où on apprend que les personnes les plus suspectes, si elles ont des choses à cacher, ne sont par pour autant celles qui font les actions les plus inavouables. En tout cas de belles pages comiques nous amènent à comprendre que Théo a fait fausse route.

Ce livre serait plutôt pour des lecteurs qui ont un imaginaire sur les cités à travers les médias afin de détruire leurs clichés, toutefois ceux qui y résident auront encore plus l’occasion de rire. L’action se situe dans une agglomération non précisée, on n’est pas en région parisienne. Toutefois on est dans une ville qui a une cathédrale (Reims pourrait fort convenir) et cela va avoir de l’importance pour le dénouement:

«Dans la région il y avait tout un réseau de galeries souterraines et carrières dont la pierre a été utilisée pour construire la cathédrale, et beaucoup d’habitations de la vieille ville. Alors c’est très ancien. Et durant les deux guerres les souterrains ont servi de caches pour les hommes, et les armes aussi. Quand on a construit la cité, on a trouvé une des entrées de ces galeries». (page 138)

Les jeunes lecteurs comprendront difficilement le clin d’œil à l’histoire des années trente qui est contenue dans l’idée d’appeler le ministre d’Intérieur M. Croixdefeux, mais il n’y avait pas de raison de s’en priver. Par le titre de notre chronique, nous avons renvoyé l’ascenseur en quelque sorte.

L’illustration est de Fred Morisse, elle alterne entre dessins du niveau moyen de l’âge du héros et vues réalistes. Sur le même sujet des expulsions de jeunes étrangers scolarisés en France, mais avec un traitement fort différent s’appuyant sur un cas authentique, on lira "Maëlys et le joueur d'échecs" d’Antoine Blocier présenté ici.