Tandis que j'agonise de William Faulkner

Tandis que j'agonise de William Faulkner
( As I lay dying)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 26 janvier 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 11 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 741ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 10 857  (depuis Novembre 2007)

Un grand livre, une épopée burlesque

Ce livre est une sorte d’épopée homérique. Dans l'ensemble de l'œuvre de Faulkner, c’est le seul qui prête à rire.
Addie Bundren va mourir, et son fils Cash, bon charpentier, suivant ses volontés, construit son cercueil quasiment sous ses yeux. Elle veut savoir où elle va !. " étendue, la tête relevée, afin qu’elle puisse voir Cash fabriquer son cercueil, obligée de le surveiller pour l’empêcher de lésiner sur le bois… ".
Il y a Ansen, le père, les fils Cash, Jewell, Darl, et Vardaman. Voilà le médecin qui débarque et Ansen qui n'a qu’une seule idée en le voyant : il ne l’a pas appelé, il ne veut donc pas le payer !. Il ne le laissera monter que quand ce dernier aura bien reconnu qu'il n’a pas été appelé. Ansen ne pense qu’à une chose : le prix de son dentier !. Le coût de cette visite de médecin pourrait retarder la possibilité de se payer enfin des dents et lui permettre de manger " la nourriture du seigneur " !.
Tous teigneux, avares, grincheux, paresseux à plus en pouvoir, sauf Darl, celui qui est considéré comme un peu simple, mais qui a des sentiments, lui ! Cora dit de Jewell " Un Bundren pur-sang, celui-là, n'aimant personne, préoccupé que d’une seule chose, gagner le plus en travaillant le moins. " Car il y a les femmes aussi, la voisine, les filles qui tournent autour des garçons. Et voilà que la mère passe !. Il faut la mettre dans son cercueil. Mais il tombe des cordes !… Darl décrit son père qui regarde Cash travailler à fermer le cercueil : " Notre père le regarde ; l'eau ruisselle lentement sur sa figure. On dirait une parodie burlesque de tous les dénuements coulant sur un visage sculpté par un caricaturiste impitoyable. "
Malgré la pluie qui a fait monter les rivières, qui a bousculé les ponts et rendu le sol des plus vaseux, l’expédition va se mettre en branle… Ce voyage en charrette, avec le cercueil et la mère bringuebalant à l'arrière, ne se passera pas sans mal ni dégâts !. Mais il faut vous laisser le plaisir de la découverte et votre capacité de rire intacte. Cette expédition aura bien des aspects des plus burlesques.
Faulkner nous décrit le mental de ces petits Blancs du Sud. Accrochés à leurs lopins de terre, pauvres à ne plus en pouvoir, pingres, jaloux, envieux, aigris, bien souvent méchants, mais toujours soucieux des convenances. La Bible est la seule source de toutes leurs pensées qui dépassent un rien les mesquineries du quotidien. Tout en univers humain décrit en quelques personnes, avec une nature tantôt dure, tantôt belle qui les environne.
Un très bon livre, un sens de l'observation hors du commun, une grande écriture.

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10 étoiles

Critique de Catoate (, Inscrite le 6 octobre 2014, 41 ans) - 24 septembre 2015

Ce livre je l'ai commencé mainte fois et abandonné mille fois. Et puis le moment est arrivé, celui où on se laisse entraîner dans ce voyage funèbre et poétique, terrible, absolument... mais d'une force... on ferme le roman en pensant que plus aucune lecture ne sera la même, que toute autre lecture sera plus douce, nécessairement. Des personnages coupés au couteau, humains parfois et violents souvent, ils sont ce que nous sommes, qu'importent leur nom et leur vie paysanne qui ne nous représentent pas, ils portent en eux une douleur et une fragilité universelles qui nous touchent tous...

Miroir de nos faiblesses et de nos vies sans issues de secours... on suit les mots de Faulkner tout en sachant que ça va faire mal... le monologue de la mère est bouleversant, le plus jeune enfant qui compte et chasse les vautours pense la mort comme on panse la vie : sa mère est un poisson. Cette certitude branlante le fait avancer, avec les siens qui se déchirent et parfois agonisent, qui cachent... Car c'est un roman sur le non dit, sur l'éprouvé d'abord...

Un chef d'oeuvre.

Pas très emballant

4 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 2 juin 2014

Il serait malhonnête de dénigrer ce roman dont le mérite demeure d’être un grand classique qui semble avoir été innovateur et source d’inspiration pour d’autres auteurs. Il est malheureusement peu emballant, il manque totalement de rythme et a en somme perdu de son sens.
On est plongé dans une sorte de roman à la Emile Zola du Midwest américain où la misère économique et intellectuelle conduit à une forme de misère morale.
Il est assez compliqué de suivre l’action, pour autant qu’il y en ait réellement, celle-ci étant entrecoupée de descriptions. L’intérêt ne se situe donc pas réellement au niveau du scénario mais plutôt sur l’atmosphère que dégage l’œuvre.
Pour ceux qui conçoivent la lecture avant tout comme un divertissement, je ne conseille donc pas cet ouvrage difficile dont l’intérêt est essentiellement sociologique.

As I lay Dying... Tandis que j'agonise

8 étoiles

Critique de SpaceCadet (Ici ou Là, Inscrit(e) le 16 novembre 2008, - ans) - 11 décembre 2009

Ce court roman, parmi les plus souvent cités chez cet auteur, s’inscrit dans la tradition du portrait social, ici, un drame teinté d’un humour plutôt satirique, d’où surgit une vision d’absurdité, voire de petitesse de l’existence humaine.

L’histoire se déroule sur neuf ou dix jours et relate les péripéties dans lesquelles seront entraînés les membres de la famille Bundren lorsque, suite au décès de la mère et en accord avec une promesse faite par le père des années auparavant, ils entreprendront d’aller enterrer la défunte dans le village où reposent les siens.

On est en milieu rural, dans le sud des Etats-Unis et au début des années trente.

Cette histoire est racontée par la voix de quinze personnages qui, suivant une technique appelée en anglais ‘stream of consciousness’ nous initient, suivant leurs points de vue individuels, aux événements qui ont marqués cette aventure.

En dépit du nombre, chacune de ces voix possède une forme expressive et donc une personnalité qui lui est propre, si bien que l’on arrive à s’y retrouver plutôt aisément et cela d’autant plus que chaque chapitre est identifié par le nom du personnage qui s’exprimera entre ses pages.

De plus, les voix narratives s’accordent, dans leur forme d’expression de façon vraisemblable avec le contexte dans lequel se déroule le récit, ce qui en concède à l’authenticité du récit, mais peut parfois semer la confusion chez le lecteur non aguerri (notamment si, étranger au contexte, l’on s’aventure à lire ce roman dans sa version originale).

Cela dit, au fil du récit, on découvre peu à peu ces personnages, leur histoire individuelle, leurs motivations, leurs préoccupations, les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres, et puis plus largement, on découvre éventuellement un portrait général de l’existence menée par toute cette petite société.

Même si l’histoire que raconte ce roman n’a rien d’extraordinaire comme tel, c’est véritablement au niveau de la narration, du jeu des perspectives et éventuellement, dans l’approche parfois satirique du portrait social, que réside tout l’intérêt.

Bref, on a ici un récit plutôt mince de contenu, mais qui, au niveau technique, constitue un véritable tour de force.

Rédigé par SpaceCadet

contre vents et marées

9 étoiles

Critique de Cafeine (, Inscrite le 12 juin 2007, 50 ans) - 10 novembre 2008

D'accord avec Jules lorsqu'il qualifie ce livre de "sorte d'épopée homérique", oui mais celle là se fait en famille.
Nous suivons donc la famille Bundren, mort et vivants, tous aussi entêtés les uns que les autres.
Pour retranscrire de la manière la plus juste ce périple tout à la fois cocasse et pathétique, il fallait bien multiplier les narrateurs. C'est une idée géniale que d'avoir fait raconter à des êtres si différents et parfois si proches leur cheminement, chacun amène une couleur particulière au récit, qui une fois lu apparait indispensable.
Si j'ai pu tour à tour les trouver sots, attachants, répugnants, attendrissants, insensés, touchants, avares, enfantins, jamais ils n'apparaissent mesquins. Ils sont droits, fiers jusque dans leur folie.
Les personnages vivent sous la plume de Faulkner, ils sont empreints d'une terrible humanité.

Pour faire écho à d'autres critiques, je ne l'ai pas lu en un jour mais je n'ai pas perdu mon temps.
Ne connaissant rien de son œuvre, j'ai été dérouté par cette écriture particulière, où rien n'est facilement donné, il faut, en tant que lecteur, récolter des bribes pour voir apparaître le tableau, mais quel tableau !

un pélerinage en famille

10 étoiles

Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 51 ans) - 4 novembre 2006

La lecture de ce livre fut pour moi un pèlerinage d'humanité. Jamais je ne me suis senti aussi proche de personnages de roman. j'avais l'impression d'être dans leur coeur, et non plus, comme trop souvent dans la littérature, simple spectateur, de personnages qui ne seraient que des acteurs de théâtre.
j'avais l'impression de voir leurs visages, leurs démarches, leurs émotions, alors que Faulkner ne s'attarde pas du tout sur des descriptions détaillées.

Bien sûr, j'avais été prévenu de la difficulté de lire Faulkner, je ne m'attendais pas à lire du Eric-Emmanuel Schmidt ou du Gaudé, évidemment, on ne trouve pas des phrases du type : "l eau ça mouille, le feu ça brûle, le caviar c'est cher".

c'est un roman extrêmement passionnant, j'ai encore l'odeur du cadavre décomposé de la mère, poursuivi par les vautours, dans mon esprit, je sens l'eau glacée de la rivière en crue, c'est vraiment une expérience magique.

le passage où Darl met le feu à la ferme, est incroyable. on ne sait pas si c'est un fait réel ou non. En fait, l'auteur nous fait percevoir l'incendie comme Darl, dans sa folie, a du le ressentir, comme un rêve, une hallucination.
on comprend que l'incendie a bien eu lieu, au chapitre suivant. Lorsque l'incendie est raconté par son frère, qui lui, a toutes ses facultés mentales.
c'est bouleversant !

un extrait : "Des fois comme ça, on se met à penser. Pas trop souvent pourtant. Et c'est bien heureux, parce que la volonté du Seigneur est qu'on agisse au lieu de passer son temps à penser, parce que le cerveau c'est comme un mécanisme. Ça ne lui vaut rien qu'on soit toujours après lui. Le mieux, c'est de le laisser aller toujours pareil, avec sa petite besogne de chaque jour, et sans l'employer plus qu'il ne faut."

L’épopée d’un cercueil.

10 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 14 août 2004

En train de mourir, Addie Bundren. En train d’agoniser, la mère, pendant que son fils Cash scie une à une les planches de son cercueil. Bruit rythmé de la scie, souffle de Cash envoyant la sciure se perdre dans le monde tandis qu’elle agonise, Addie, et qu’elle vérifie parfois, trouvant la force de se redresser sur son grabat, l’état d’avancement du cercueil que le fils assemble patiemment. Semblant attendre qu’il soit prêt pour mourir. En train de crever, Addie Bundren, et puis voilà, sans transition, crevée, va savoir. Passant le cap d’un coup, ou peu à peu, va savoir. C’est vivant et puis c’est mort. Et qui sait s’il ne reste pas un peu de vivant dans un mort, un peu de femme dans le cheval, ou le poisson, la chose enfin qu’elle devient, si bien que son agonie va continuer après sa mort, va durer tout le livre, et déjà avant sans doute, comme si son agonie durait depuis toujours, comme si son agonie c’était sa vie. Car vivre, c’est se préparer à être mort. Car pour faire un nouvel être humain, il faut deux êtres humains et pour mourir il suffit d’être seul.

En train de se décomposer, Addie, enfin son corps, ses restes, tandis que les siens la conduisent à Jefferson pour l’enterrer dans sa famille, enfin sa famille d’avant, d’avant sa rencontre avec Anse, sa famille de jeune fille, avant qu’elle devienne une femme, une mère, une bête de somme en somme. Et chacun raconte une partie du voyage, quarante miles sur une charrette bringuebalante tirée par deux mules fatiguées, en plein juillet, tandis que le corps se met à sentir, se met à pourrir, que les rivières en crue effacent les ponts, mangent les gués et que les charognards tournoient dans le ciel. Chacun sa bribe, chacun son temps de parole, chacun son petit morceau de vérité sur le cortège funèbre d’Addie Bundren, sur la vie, sur la mort, sur le Sud, sur Dieu et sur les hommes. Chacun sa goutte de vie prête à sombrer, chacun son rêve contingent, le père, Anse, et son dentier, le dentier qu’il s’achètera à Jefferson pour pouvoir remanger comme Dieu a voulu qu’un homme mange, Darl et sa folie incendiaire, Jewel et son cheval et sa susceptibilité, Cash et ses outils et sa jambe cassée, Dewey Dell, ses dix-sept ans, ses yeux noirs et cette larve d’homme qui pousse dans son ventre, et Vardaman le petit dernier, celui qui a pêché un poisson trop grand pour lui et qui ne veut pas que Cash cloue sa maman dans cette boîte et qui profite de la nuit pour faire des trous dans le couvercle de la boîte avec la tarière de Cash, quelques trous pour qu’elle respire avant qu’on la mette dans son trou, quelques trous aussi dans la figure de sa maman car il est petit, il n’a pas réfléchi aux conséquences.

Une procession tragi-comique que regardent passer, ahuris, les fermiers croisés sur la route, en se bouchant les narines pour tenter d’oublier l’insupportable odeur que les Bundren supporteront neuf jours. Une marche funèbre aux allures d’épopée durant laquelle rien ne sera épargné aux Bundren, à leur obstination paysanne, à leur stupide orgueil, à leur calme folie, ni les inondations, ni l’incendie, ni la noyade des mules, ni la gangrène qui s’attaque à la jambe brisée de Cash. Comme si le Bon Dieu était devenu méchant. Comme si leur volonté de faire la volonté d’Addie était mise à l’épreuve. Par la vie. Une vie qui n’a pas à être facile et qu’il faut accepter telle car nous n’avons rien d’autre. Et que tout ça, au fond, ça doit avoir un sens. Non ?

prise de têtes

1 étoiles

Critique de Victor (Paris, Inscrit le 29 mai 2002, 39 ans) - 29 mai 2002

Ouais t'a raison, Hugo. Des gogos, les ceux qui lisent des conneries pareilles. T'as perdu 1 jour pour une pareille merde, tu t'rends compte. T'aurais pu remplir ton album Panini, r'garder le loft ou écouter RandB 2 RUE. Trop con ! J' perdrai sûrement pas 1 jour même pas 1 heure pour ce livre de m. A mettre dans le même sac de nœuds que toute la littérature Américaine (et Armoricaine, d’ailleurs) : tous des homards comme j'sais pas moi, Steinbeck, Hemingway, Faulkner, Dos Passos et Shakespeare. Le 11 septembre ii z'auraient dû raser la bibliothèque du congrès. Bon débarras. Enfin un gars intelligent sur le site, shit !

ce chef d'oeuvre

1 étoiles

Critique de Anonyme (, Inscrit(e) le ??? (date inconnue), - ans) - 29 mai 2002

Ce livre est nul et m'a fait perdre 1 jour. Des dialogues qui n'ont ni queue ni tête. Une histoire de fou qui montre une fois de plus la médiocrité de la littérature Américaine Très déçu de ce livre de m.....

Tout apprendre avec Faulkner.

0 étoiles

Critique de Mauro (Bruxelles, Inscrit le 20 février 2001, 61 ans) - 21 février 2001

J'ai tout appris de l'écriture avec ce livre... même si je n'y ai strictement rien compris à l'époque où je l'ai découvert pour la première fois. Je n'avais pas seize ans et jusque là le roman me semblait une chose parfaitement linéaire. Avec ce livre, Faulkner a littéralement fait imploser la structure du roman classique, jouant sur les séquences narratives et la focalisation des personnages comme le ferait - mais longtemps après lui - un cinéaste.

0 étoiles

Critique de Eric B. (Bruxelles, Inscrit(e) le 15 février 2001, 57 ans) - 16 février 2001

Faulkner est un écrivain immense, dont il ne faut toutefois pas cacher les difficultés de lecture. Il faut se plonger dans ses romans sans avoir peur de se perdre, en sachant aussi que l'auteur ne donne pas toutes les clés au lecteur, libre alors d'interpréter le texte à partir des éléments épars qui lui sont fournis. Ainsi, Les Palmiers sauvages présente en alternance deux récits qui n'ont apparemment rien à voir l'un avec l'autre, mais qui s'éclairent l'un l'autre par analogie, procédé repris par Le Clézio dans Désert notamment. Quant au Bruit et la fureur, il a influencé plusieurs nouvelles de Giono, dont Promenade avec la mort, et l'un de ses grands romans d'après-guerre, Les Ames fortes.

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  Ne perdez pas votre temps à lire Faulkner. 36 Lucien 31 janvier 2007 @ 09:16

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