La huitième vibration
de Carlo Lucarelli

critiqué par Jfp, le 29 mai 2014
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
les jolies colonies…
Un roman choral : ça se dit ? Ou plutôt, un roman plusieurs voix, chacune tenant son registre pour se fondre dans l’ensemble. L’action se passe en Érythrée, à l’époque où l’Italie d’Umberto 1er voulait à tout prix se doter d’une colonie. Futurs colons et militaires se retrouvent dans ce semi-désert dont l’Italie rêve de faire un jardin. Les nombreux personnages, un peu trop nombreux à mon goût, représentent toute la diversité de la société italienne, vue à travers ses dialectes et accents, l’auteur, fin linguiste, allant même jusqu’à distinguer l’accent d’un quartier de Palerme. Carlo Lucarelli a su rendre à la perfection le fourmillement de cette microsociété transplantée dans la corne de l'Afrique, dont la transpiration constitue le principal secteur d’activité. Comme dans "Le désert des Tartares" (Dino Buzzati), on attend l’ennemi, mais rassurez-vous, cette fois-ci il finit par arriver, et ça va sacrément redistribuer les cartes. La traduction de Serge Quadruppani constitue un effort remarquable pour mettre à notre portée toutes les subtilités linguistiques et ethnologiques de cette œuvre aux multiples facettes, sans parvenir toutefois à la légèreté qui, on le devine, devait être une des qualités majeures de l’œuvre originale.