Sur les pas de Samuel
de Tommi Musturi

critiqué par Pucksimberg, le 1 juin 2014
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un artiste finlandais singulier
Samuel est une petite créature blanche, nue et cyclopéenne. Il déambule dans un univers coloré aux formes harmonieuses, si différent de notre monde et à la fois si proche. Il semble se déplacer dans un monde en dehors du temps et pourtant ancré dans notre histoire. Il vit en communion avec la nature, vit déconnecté de la société et le lecteur se retrouve face à un personnage peu bavard. Et ce n'est rien de le dire ! Aucun texte présent dans ce livre.

Malgré la difficulté à donner du sens à ces courtes scènes colorées, le lecteur est rapidement envoûté par ce livre dont les dessins naïfs sont harmonieux et plaisants à regarder. Cet univers est une sorte d’Éden, de monde à part. Dans cet univers singulier, l'on y perçoit la naissance du monde, la planète Terre, les animaux préhistoriques, les premiers hommes, l'art où l'on croit reconnaître une sculpture de Miró ... Derrière ce monde original, la réalité transparaît discrètement, la violence même rattrape cette histoire, quelques pages sont entachées de sang ...

C'est sans doute un hymne à la liberté qui est fait dans cette oeuvre, une interrogation aussi sur la création. On assiste à la naissance du monde, mais aussi à la naissance de ce personnage comme le suggèrent sans doute ces deux mains géantes qui interviennent parfois dans les histoires, en modifiant par exemple les formes du personnage larvaire blanc. On y voit aussi ces mains divines mélanger les couleurs primaires pour faire émerger les couleurs composées. Le personnage principal est toujours associé à des objets ou des éléments liés à ces couleurs primaires, comme si Tommi Musturi s'interrogeait sur son art. Derrière cette naïveté du trait, se cache sans doute une lecture moins enfantine.