C'est la culture qu'on assassine de Pierre Jourde

C'est la culture qu'on assassine de Pierre Jourde

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Provisette1, le 14 juin 2014 (Inscrite le 7 mai 2013, 12 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 844ème position).
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Ramonage et dépotage

"Le Code de la propriété intellectuelle..." ne m'autorisant pas à vous offrir de larges et savoureux, pertinents, justes extraits, citations de cet essai de Jourde qui, en fait, reprend nombre de ses chroniques de blog, je ne peux que vous encourager à le lire avec délectation et, en particulier, ce jouissif poème de Baudelaire- page 73 dans sa version poche-actualisé version "nouvelle orthographe" qu'il m'a fallu relire plusieurs fois avant de tout comprendre:-)

Ca dépote, ça ramone...un bien fou contre la crétinisation avancée!

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10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 25 décembre 2015

Pierre Jourde (1955- ) est un écrivain et critique français.
Connu pour ses pamphlets contre les médias, il est surtout l'auteur d'essais sur la littérature moderne et d'une abondante œuvre littéraire exigeante.
Depuis 2009, il tient le blog "Confitures de culture" sur le site littéraire du Nouvel Observateur où il publie régulièrement ses prises de position sur des sujets de société.
"C'est la culture qu'on assassine" parait en 2011.

Pierre Jourde nous soumet un recueil de chroniques portant sur la situation culturelle en France.
Un constat dramatiquement alarmant qui semble irréversible.
"La culture, c'est la télévision. L'empire de la connerie triomphante et fière d'elle-même". La recherche du spectaculaire, le mépris des faits au profit de l'image.
Le pays de l'ironie, de la satire, de l'esprit frondeur tend à devenir le royaume des béni oui-oui...
Le monde est dévenu télévision.
Pierre Jourde aborde la destruction de l'enseignement, le mépris de la recherche; qui entraînent montée de l’illettrisme.
"Visser boulons le jour, avaler Cauet le soir".
Il fait l'éloge des petits éditeurs et règle ses comptes avec quelques écrivains (...) populaires.
Musso, Levy, Moix, Angot, Beigbeder, Gavalda, Jardin, Weber en prennent pour leur grade.
La médaille d'Or étant remise à Philippe Djian qui se fait tailler un costard sur mesure (à lire... c'est du miel !)
Jourde nous livre l'envers du décor; les petits arrangements entre amis lors de la remise des prix littéraires.

J'ai adoré ce recueil, incisif, mordant. Quelques gouttes de nitroglycérine qui font voler en éclat les préjugés et remettent à leurs justes places les situations établies.
Un vent de fraîcheur, de sincérité. Un grand coup de pompe dans la fourmilière de la "Culture à la française" qu'il va falloir s'habituer à orthographier avec un petit (tout petit) c.
Précipitez-vous vers cette bombe à fragmentation politiquement incorrecte.

Enquête sur le meurtre de la culture

9 étoiles

Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 14 novembre 2014

Je te préviens tout de suite ami lecteur jeune victime de plusieurs décennies de réformes déplorables de l'enseignement des Lettres et de téléréalités décervelées, ce texte contiendra comme à mon habitude lamentable, je le sais bien, et pire j'en ai aucun remords, de l'insolence et de l'ironie à peine déguisée. Dans sa courte préface à cet ouvrage, Jérôme Garcin remarque que l'auteur est sans cesse en colère à peu près contre toutes les dérives de son époque, ce qui suggère-t-il n'est pas loin d'en faire un réactionnaire. Enfin, pas tout à fait, puisque ces articles, rassemblés ici par thème, sont d'abord parus dans un blog hébergé par le « Nouvel Obs », « confitures de culture », qu'il continue d'ailleurs à entretenir pour la plus grande joie de ses lecteurs dont je suis depuis « Petit déjeuner chez tyrannie » écrit avec Éric Naulleau.



Évacuons tout de suite la seule nuance que j'aurais à émettre sur ce livre, dans son avant-propos Jourde écrit, et il a raison, que n'importe qui peut rédiger un blog, et donc rédiger n'importe quoi en nos temps où sévit la dictature de l'opinion personnelle considérée comme forcément légitime à partir du moment où elle est exprimée. Il laisse entendre bien entendu ensuite, comme tous les blogueurs, qu'il n'est pas tout à fait n'importe qui quant à lui (et là aussi je suis d'accord, moi aussi je ne suis pas n'importe qui). Excepté cette nuance minime, je trouve remarquablement pertinent sur la grave crise de la culture que nous vivons en ce moment la plupart des propos de Pierre Jourde.



Il classe ses textes par grands thèmes et aborde au final tous les aspects de la question :



Le rôle catastrophique des médias qui entretiennent la soumission aux gadgets, aux conformismes les plus abjects, la destruction de toute éducation et le détricotage de l'Enseignement sous la poussée en particulier des théories déliro-pédagogistes de Philippe Meirieu, la crise de l'Université et de la Recherche en France, les politiques culturelles déplorables qui sous couvert d'égalité laminent ce qui restait encore debout dans ce pays, la vie culturelle réduite à un élitisme pour bourgeois en quête d'épate, rappelant au passage « la -prophétique- Crise de la Culture » d'Hannah Arendt, le refus de hiérarchies du savoir, tout se valant, Yourcenar et Marc Lévy, Guillaume Musso et Julien Gracq, le mépris pour la Littérature et les écrivains considérés comme relevant de la culture bourgeoise (note personnelle : mépris illustré il y a peu par l'aveu d'inculture, sans aucune culpabilité de la Ministre de la Culture Fleur Pellerin). Et il pose cette question qui n'en est pas une de « l'utilité » de la Littérature, écrivant ceci que je trouve très beau et absolument juste « Toute beauté est superflue […] mais les hommes se nourrissent de beauté » bonne pour l’élévation de leur âme.



J'apprécie particulièrement évidemment les chapitres consacrés à l'Éducation Nationale, aux formations aberrantes qui supposent que l'enseignant ne soit plus qu'un bureaucrate docile et ne transmette plus de savoir, surtout pas, laissant l'élève s'exprimer sans contraintes ce qui suppose la dictature du cliché et du lieu commun entendu ou vu sur « TF1 » (TM°), « Youtube » (TM°) ou pendant l'émission hélas populaire de D8, « Touche pas à mon poste » (« TM° »). Il décrit le mépris pour l'expérience de terrain qui seule forme vraiment des enseignants qui apportent quelque chose aux élèves, et qui l'apportent seulement s'ils sont exigeants envers eux et soucieux de leur excellence, ce que d'ailleurs les adolescents apprécient plus que le laxisme ou appréciaient car je crains que les dégâts pour la génération actuelle ne soient irréversibles.



Rappelons en passant que l'on demande aux bibliothécaires et documentalistes non plus de préserver le patrimoine et l'histoire culturels du pays mais de ne mettre en rayon que des livres de moins de quatre ou cinq ans, entretenir les « supports informatiques » considérés comme seuls susceptibles d'intéresser des jeunes déjà soumis à la dictature du « smarfône » ou de la « tablette » et jeter aux ordures les « bouquins » considérés comme trop « vieux » ou « poussiéreux », en particulier les « Classiques » écrits certes le plus souvent dans une langue devenue strictement incompréhensible pour des élèves ayant subi des réformes stupides de l'apprentissage de l'orthographe, le tout ayant pour conséquence que dans les « grandes » écoles et dans les universités les professeurs doivent souvent maintenant re-donner des cours basiques sur l'accord du participe passé ou la simple syntaxe.



Jourde évoque également plus généralement la crise de l'Éducation en général, ces parents et éducateurs en général qui ne veulent surtout rien transmettre aux enfants et aux adolescents, qui ne connaissent plus aucune limite à leurs pulsions, qui ne savent et ne veulent plus écouter, et qui sont devenus en définitive à de rares exceptions des néo-barbares ignorants, des barbares 2.0, des enfants rois et narcissiques fiers de leur ignorance crasse, de leur allégeance au système, qui ne tolèrent et ne comprennent que l'arbitraire du groupe, des esclaves dociles et volontairement soumis errant sans identité commune ni âmes dans les allées du grand « Barnum spectaculaire » (TM°) contemporain comme dans les rayons d'un supermarché géant, ne rêvant plus que devant les vitrines recelant les objets qu'on leur intime de posséder pour se sentir bien.

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  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  Jourde, un rebelle qui connait les limites.... 3 Frunny 25 décembre 2015 @ 21:06

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