Déposer glaive et bouclier
de James Lee Burke

critiqué par Tistou, le 19 juin 2014
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Première apparition de Hackberry Holland
« Déposer glaive et bouclier » a été écrit en 1971 par James Lee Burke. Il n’a été traduit en France qu’en 2013. La jaquette nous apprend que c’est la première apparition de Hackberry Holland, que je pris un premier temps pour Billy Bob Holland, second personnage récurrent – du Montana - de James Lee Burke, loin derrière Dave Robicheaux, qui lui, comme chacun sait, est Louisianais – New Orleans.
Mais en fait, même s’il porte le patronyme de Holland, Hack ne semble pas avoir de lien avec Billy Bob (d’ailleurs Hack est au Texas – Texas qui n’est ni la Louisiane ni, surtout, le Montana !). Par ailleurs, les autres œuvres mettant en scène Hack Holland ne semblent pas traduites en français !
Accessoirement enfin, « Déposer glaive et bouclier » est le troisième ouvrage de James Lee Burke.
Dans ce troisième ouvrage apparaissent déjà les intentions et les grandes tendances de James Lee Burke auteur : mettre en évidence certaines dérives de la société américaine, pointer du doigt le sort peu enviable et l’absence de perspectives de certaines catégories de la société américaine.
Il ne prend pas cette fois-ci (pas encore puisque Dave Robicheaux n’apparaîtra que plus tard) le biais d’un policier rural du fin fond de la Louisiane, mais celui d’un avocat du genre « né avec une cuillère en or dans la bouche », Hackberry Holland, donc, Hack pour les intimes. Hack a apparemment son futur bien tracé devant lui ; il est ni plus ni moins en bonne position pour être le candidat de son secteur élu au Congrès. Mais, à l’instar de la vraie vie, les personnages de James Lee Burke n’ont jamais partie facile. Un souvenir de son passé de combattant en Corée (une guerre plutôt oubliée, je dirais) va venir percuter son présent a priori brillant. Un compagnon de galère de cette époque coréenne, Arturo Gomez, qui n’a pas eu la chance comme lui de naître « une cuillère d’or … », mais plutôt de naître « latino » pauvre, va l’appeler au secours.
Ce sera le début d’une réorientation totale de la vie – et des vues sur la vie – de Hack. C’est que Hack a deux points faibles ; il boit beaucoup (un élément récurrent somme toute chez James Lee Burke, Dave Robicheaux fréquente les « Alcooliques Anonymes ») et il est marié à une femme dont la conception du couple semble plutôt celui d’un tremplin vers une vie dorée et des fonctions prestigieuses qu’une plus banale préoccupation comme l’amour. Et mettant le bras dans la réalité sordide des travailleurs de la terre latinos au Texas, confronté au racisme, aux humiliations et exploitations en tout genre, il va prendre des coups mais il va aussi rencontrer Rie, une jeune femme idéaliste qui lutte aux côtés des ouvriers agricoles, qui va le conduire en quelque sorte à sa rédemption (un autre élément récurrent chez James Lee Burke).
C’est violent mais pas dépourvu d’espoir. C’est lucide quant au sort réservé aux ouvriers agricoles latinos exploités dans des Etats tel le Texas (pas trop sympa le Texas !), et c’est un prototype de ce que James Lee Burke allait inventer par la suite : le cycle Dave Robicheaux. Un brouillon en quelque sorte.
Au passage, James Lee Burke écrit quelques pages de bravoure sur la guerre en Corée, ou plutôt de soldats américains faits prisonniers là-bas. La guerre et les relations entre combattants, une autre récurrence !