Celui qu'on ne voit pas
de Mari Jungstedt

critiqué par Marvic, le 22 juin 2014
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Retour à Gotland
Mari Jungstedt nous emmène une nouvelle fois sur l'île de Gotland. Cette île prisée par les suédois pour leurs vacances, occupée par de nombreuses maisons secondaires ou familiales, est pourtant loin d'être un paradis... sauf pour des tueurs en série.

Quand le cadavre mutilé de la jeune Helena Hillerström est retrouvé un matin sur la plage, les soupçons se portent immédiatement sur Per, son conjoint. Soupçons d'autant plus fondés que la veille au soir, arrivés dans la maison familiale d'Helena, ils avait fait une soirée bien arrosée entre amis gotlandais, terminée par une esclandre et une scène de jalousie.
Mais, quelques jours plus tard, le meurtre de Frida,une jeune coiffeuse, installée depuis 6 mois dans l'île et habitant à Visby, permet de libérer Per.
Il faudra au commissaire Anders Knutas entouré de sa fidèle équipe l'aide de Johan, jeune journaliste, pour découvrir l'assassin, avec les dernières pages dénotant un peu dans l'ambiance de ce roman.

Un roman policier honnête, où comme souvent, on risque d'être un peu perdu dans les nombreux patronymes;
j'avoue aussi que le procédé consistant à intercaler en italique les réflexions de l'assassin me semble un peu convenu. Même si cela nous dévoile rapidement le mobile de ces crimes, nous permettant de nous interroger sur tous les portraits croisés.
Atmosphère nordique réussie 8 étoiles

A l'instar des auteurs venus du froid, Mari Jungstedt oppose la quiétude habituelle d'une station balnéaire de Suède à l'atrocité de crimes particulièrement violents. Le récit s'ouvre sur une soirée entre amis avant que n'éclate une crise de jalousie qui vient clore la fête. Une scène en osmose avec les éléments qui se déchaînent à l'extérieur en ce week-end de Pentecôte.

Un crime atroce est découvert le lendemain et l'on va suivre les enquêtes parallèles que vont mener d'une part le commissaire Knutas de la police locale, et un journaliste fort bien informé venu du continent.

L'auteur pose lentement les fondements de son récit, l'enquête démarre lentement sans vraiment de ligne directrice. Malgré cette lenteur, marque de fabrique des policiers nordiques, l'on ne s'ennuie pas, les indices et les autres crimes se succèdent dans une sorte de torpeur ambiante. Une enquête il faut bien l'avouer qui piétine un peu, plusieurs hypothèses sont avancées sans que la police n'aie vraiment de piste sérieuse.

Le récit est entrecoupé de flash-backs qui nous parviennent de la voix du meurtrier, donnant au lecteur une avance sur les enquêteurs. L'intrigue est à la fois simple et efficace, l'enquête est portée par des scènes de vies banales et des scènes de crimes tout ce qu'il y a de classique, que viennent entrecouper les inévitables interventions des journalistes fouineurs. Le lecteur est porté, sans d'intense angoisse, de changement de rythme, même lorsque d'autres crimes surviennent il n'y a quasiment pas d’affolement hormis des autorités qui s’inquiètent pour la saison estivale qui va bientôt débuter. Avec ce roman on n'est pas sans relever une certaine analogie avec La Reine de la Baltique de Viveca Sten.

Exit le flic torturé, alcoolique, l'enquête est menée par un tranquille père de famille, plutôt flegmatique, presque nonchalant. Lorsque des divergences d'opinions surviennent avec les enquêteurs venus de la capitale, c'est tout juste s'il transparaît un peu d'agacement, mais il n'y a jamais d'éclats comme c'est généralement le cas l'orque l'on oppose la police locale aux à la criminelle. Parallèlement à cette enquête menée par la police, l'on suit l’enquête menée par un journaliste chevronné et son cameraman. Un journaliste qui a un peu raté sa vie et qui consacre tout son temps à son travail. Des personnages de la vie courante qui n'émeuvent pas plus que cela le lecteur. Chacun avec ses objectifs, les deux hommes vont cheminer de concert, rivalisant d’ingéniosité pour découvrir les indices et les informations susceptibles de les mettre sur la piste du tueur.

On n'est pas surpris par l'arrestation du tueur, c'est l'histoire des victimes qui qui crée la surprise. On a affaire ici à un fait de société plus courant que ce que l'on pourrait penser, surtout avec les réseaux sociaux qui peuvent démultiplier les possibilités de torture à la fois morale et physique. Un polar doux et plaisant, avec ce côté si unique que l'on ne retrouve que chez nos chers scandinaves.

Goupilpm - La Baronnie - 67 ans - 30 juin 2017