Petit traité de désinvolture
de Denis Grozdanovitch

critiqué par Rotko, le 6 octobre 2003
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
Tranquillement subversif.
Au moment où "Officiellement" (suivez mon regard !) on prescrit le travail jusqu'à l'épuisement, ainsi que l'agitation tous azimuts, le petit livre de Grozdanovitch vient à point remettre les pendules à l'heure... de la sieste. La lutte incessante, comme garante de survie ? allons donc ! le paresseux en est le vivant démenti :" l'animal reste parfois dix jours de suite à la même branche sans manifester la moindre velléité de changer de position"[..] "Une fois à terre, il prend tout son temps, ne se déplaçant qu'à la vitesse de cinquante mètres à l'heure, tombant fréquemment dans d'étranges distractions au cours desquelles, oubliant visiblement son projet initial, il se prélasse dans l'herbe, le ventre au soleil..."
Ce petit traité aborde plusieurs sujets de plaisir, quotidiens ou littéraires, parle intelligemment de Stevenson ("Apologie des oisifs") mais aussi de Proust. Parfois grave, il incite, comme les "vanités", à goûter l'instant présent. Il propose sans lasser de petits textes divers, toujours très bien écrits. Grozdanovitch, c'est le haut de gamme, quand Philippe Delerm est au super U !
Sur la route paresseuse.. 10 étoiles

Lire ce petit ouvrage au bord de la rivière qui paresse, se laisser porter jusqu'au doux bonheur de cette langueur qu'il nous offre...
Se penser -presque..- un nouveau Thoreau et partir, loin, loin, où ces mots nous portent, loin d'ici et de sa réalité, avec un petit bijou qui vaut tous les ors de ce monde...
Rêver, s'envoler au gré du vent, de ses mots, de nos pensées, de ses petits enchantements qui pourraient refaire ce monde!!!!!!!!!

Laventuriere - - - ans - 19 décembre 2010


Chroniques de l’Infiniment singulier 7 étoiles

Partant d’expériences personnelles qu’il consigne depuis des années dans des carnets, Denis Grozdanovitch, ex-champion de tennis et autres « sports de la raquette », relate des faits singuliers dont il tire des considérations toujours frappées au coin du bon sens. Ainsi il nous parle de l’oisiveté au cours des âges, de l’Infiniment singulier de Duns Scott, de la mort de son chat, de la peluche parlante de sa grand-mère très âgée, de Paul Léautaud, de New York, d’un joueur de tennis qui soignera longtemps sa technique en pensant que c’est le meilleur moyen pour devenir un grand champion (ma chronique préférée), des forêts angoissantes de Ruisdael et de La chute d’Icare de Bruegel à l’occasion d’une visite au musée d’Art ancien de Bruxelles, de Powys, de la maison de Nietzsche à Sils Maria, des Mémoires de Prokosch, d’un gardien de cimetière grec atypique, d’une visite du Parthénon, de Bergson et Zénon d’Elée pour un questionnement sur le temps, de Proust et Thoreau…

J’ai lu la plupart de ces textes avec beaucoup de plaisir. Denis Grozdanovitch a trouvé le moyen de tirer vers l’universel des histoires personnelles. Ces chroniques, plus longues que celle d’un Delerm, ont l’avantage d’installer une atmosphère et de ne pas simplement produire un effet ; elles permettent à l’auteur de tirer une morale ou de mener une réflexion, avec la complicité du lecteur.

« Stevenson a dit que dans les œuvres littéraires, y compris les plus riches en péripéties, l’aventure réelle que nous y vivons était la rencontre avec le tempérament d’un auteur. » nous signale Grozdanovitch. C’est un compliment qu’on peut lui faire. Ce livre, le premier publié par son auteur, révèle un écrivain.

A propos de l’Infiniment singulier :
" Duns Scot soutint avec éloquence – déclenchant une controverse théologique de plusieurs siècles – que l’âme tire son individuation d’elle-même ; théorie dont il s’ensuivait que les individus rejoignaient plus sûrement l’âme commune (Ens Communae) en cultivant assidûment leur propre singularité qu’en se conformant aux « canons » en vigueur. S’engageant alors dans la dimension de l’Infiniment singulier », ils se rapprochaient de la volonté divine qui, selon lui, se plaisait à la diversité universelle…
Robert Musil, dans son célèbre roman L’homme sans qualités, consacre une longue digression à l’antique notion gréco-païenne de la « Philautia », selon laquelle pratiquer l’attention et la bienveillance envers soi-même constitue la méthode la plus aine et la plus efficace pour parvenir à comprendre et à aimer autrui.
Nietzsche enfin, pour s’opposer au commandement majeur des Evangiles – l’amour du prochain – et justifier l’égotisme traditionnel des artistes, des philosophes et des poètes, imagina cette formule : l’amour des « plus lointains »".


Kinbote - Jumet - 65 ans - 2 août 2007


conquise!! 8 étoiles

Léger mais pas superflu! Ce livre offre à chacun de nous une petite pause détente dans notre vie quotidienne où tout file!!! Se laisser aller à vivre pleinement l'instant tout en accordant une importance à chaque détail!! génial!!!!!!!
Des citations superbes néanmoins le seul bémol: déjà posséder pas mal d'acquis, je dois dire qu'à de nombreuses reprises ce fabuleux écrivain nous suppose bien des connaissances, en faisant allusion à bon nombre d'auteurs, chercheurs.. que malheureusement je ne connaissais pas toujours!!

Bibou379 - - 40 ans - 27 mai 2005


Petit traité de désinvolture 8 étoiles

Ce recueil de nouvelles qui, comme le présente son auteur, sont autant de « petites chroniques dilettantes et disparates » se laisse lire comme elles se laissent vivre… à savoir dans la paresse la plus épicurienne…

Quel plaisir, en ces temps de marasme, que de se réchauffer le cœur et l’esprit avec ces histoires minimalistes où l’humour a la part belle. Denis Grozdanovitch a le regard acéré (mais tendre) et l’esprit distancié qui nous permet de savourer avec gourmandise les anecdotes et personnages les plus divers… du chat nonchalant aux intellectuels snobinards qui se la jouent, en passant par des savoureux « tueurs de temps », tous plus kitsches et décalés les uns que les autres. Cet écrivain qui considère, comme les chinois, que le pêcheur à la ligne « représente le plus parfait symbole de la sagesse », parvient ainsi à nous faire considérer l’ennui comme une œuvre d’art… c’est peu dire.

Avec son style impeccable, précis, épuré, hors mode, et son regard contemplatif sur le monde qui l’entoure, Grozdanovitch sait donner à voir l’essentiel dans l’infime, et nous réconcilie avec le temps qu’on n’a plus envie, du coup, de voir filer trop vite… Ou les bienfaits du détachement sans les méfaits du désenchantement…

Petit livre à offrir aux hyper-actifs et ambitieux névrotiques, pour leur redonner le goût de la « désinvolture contemplative » et les aider à ré-apprendre qu’« on peut toujours se passer du nécessaire pour s’adonner au superflu ».

Paracelse - Paris - 61 ans - 29 avril 2005