La haute route
de Maurice Chappaz

critiqué par Tophiv, le 7 octobre 2003
(Reignier (Fr) - 49 ans)


La note:  étoiles
La montagne qui accouche d'une souris
Dans ce livre, Maurice Chappaz veut donner ses lettres de noblesse à la littérature alpine. Parmi tous les récits d'expéditions d'alpinistes qu'il juge, dans l'ensemble, peu littéraire, il ambitionne d'écrire le « moby dick » de la montagne, c'est à dire de faire découvrir cette montagne au lecteur avec autant d'inspiration que Melville lorsqu'il parle de la mer. Il espère nous faire partager l'ataraxie, l'angoisse, l'excitation que les Alpes éveillent tour à tour en lui.
« Je dis les tempêtes, la disparition, les passes d'altitude, l'absolu du désert neigeux avec le total oubli du point de départ, le vertigineux cercle des cimes blanches et tous les gestes de l'homme sur la piste dans le grand nord marginal à nos villes surpeuplées. »
Voilà qui éveille l'envie ! Celle d'adhérer au texte qui suit cette petite introduction mais malheureusement, on ne saisit pas toujours le fil des pensées de Chappaz. Il enchaîne une multitude d’ellipses, images ou autres allégories mais celles ci restent souvent obscures pour le lecteur tant le vocable utilisé est soit détourné de son sens, soit très spécifique du Valais, sa région, et de la montagne.
Le texte souffre de cette surcharge. On passe souvent du coq à l'âne sans cohérence, sans véritable ligne directrice et parfois, on tombe sur quelques comparaisons incongrues : « Mais si l'on soulève un caillou, il se dégage un fumet, une odeur comme celle des premières règles. »
Bref, je n'ai pas réussi à entrer dans cette écriture « particulière » et j’ai eu la sensation de parcourir un texte sans queue ni tête, un fatras de mots improvisés.
Le court « journal des 4000 » fait suite à « la haute route » dans cette édition. Au style simple et plus académique, il me semble plus de nature à éveiller l’envie de montagne, à dire sa majestueuse beauté