Deogratias
de Jean-Philippe Stassen

critiqué par Leura, le 30 janvier 2001
(-- - 73 ans)


La note:  étoiles
Une œuvre de témoin...
Déogratias vivait heureux et insouciant au Rwanda d'avant le génocide. Il aimait s'amuser et flirter avec les filles.
Son monde a basculé alors, et il s'est retrouvé par lâcheté et facilité du côté des bourreaux et des assassins.
Après, il ne lui reste plus qu'à essayer de vivre avec ses remords et ses regrets...
D'avoir été complice du meurtre de celles qu'il aimait le rend fou, il se sent devenir un chien, méprisable entre tous.
Le livre ne fait pas de cadeau, et à l'exception du frère Philippe, seules les victimes ont la sympathie de l'auteur. Les Blancs qui laissent faire, les assassins, les lâches qui les suivent, sont dépeints dans toute leur vérité par un Stassen qui n'a jamais été aussi inspiré. Son dessin, très particulier (voir le Bar du Vieux Français) exprime à la fois l'admiration pour la beauté intérieure de certains, et le dégoût et le mépris pour d'autres...
Le livre refermé, on est submergé par l'émotion. Et on se demande au fond de soi, ce qu'on aurait fait à la place de Déogratias, et si on aurait eu le courage de s'opposer aux génocidaires, quitte à y perdre la vie.
Il faut un immense talent pour écrire un livre aussi respectueux pour les victimes, et qui de plus ne tombe jamais dans le manichéisme.
Un jeune homme face au génocide rwandais. 6 étoiles

Déogratias, un jeune hutu, est amoureux d'une jeune Tutsi. Il a un comportement pour le moins singulier, on le compare souvent à un fou et il a le sentiment parfois de se transformer en chien. A l'école, son maître distingue clairement les deux ethnies ( hutu / tutsi ) et souligne que l'une d'entre elles est plus ancienne, donc plus légitime. C'est le début du drame, le début du génocide. Déogratias est pris entre deux feux : son appartenance ethnique et la jeune fille qu'il aime qu'il veut protéger des assassins.

Cette bande dessinée repose sur un contexte historique violent qu'a connu le Rwanda. Stassen n'a pas un regard manichéen, les personnages n'ont pas un caractère tranché. L'auteur souligne même le fait que l'homme n'est pas toujours libre de ses actes et peut commettre des actes répréhensibles contre son gré. Les Français n'ont pas le bon rôle dans cette bande dessinée.

Malgré tout, la BD a un côté déjà vu. J'ai ressenti quelques difficultés à distinguer clairement certains personnages qui se ressemblaient vraiment. J'ai eu quelques difficultés à m'attacher aux personnages. Les dessins sont plaisants et certains motifs naïfs rappellent certaines illustrations africaines. Les cieux étoilés sont vraiment bien rendus.

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 21 octobre 2012