Automobile Club d'Egypte de Alaa El Aswany
(Nadī al-sayyārāt)
Catégorie(s) : Littérature => Arabe , Littérature => Moyen Orient
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La société egyptienne, au temps du Roi Farouk
L’Automobile-Club du Caire, c’est le lieu central du roman d’où partent et aboutissent les différents fils narratifs. Nous sommes dans les années 50, dans une Egypte d’avant Nasser et d’avant celle évoquée dans Immeuble Yacoubian, une Egypte sous tutelle anglaise, mais où règne le roi Farouk « un roi corrompu qui collabore avec l’occupation britannique contre le peuple », un despote obèse et libidineux qui fréquente les salles de jeu de l’Automobile Club.
Autour d’Abdelaziz Hamam, descendant ruiné d’une riche famille de Haute Egypte venu au Caire pour y gagner sa vie, embauché à l’Automobile Club, gravite toute une galerie de personnages. En premier lieu, les membres de sa famille, son épouse, ses 4 enfants aux caractères et aux intérêts contrastés ainsi que leurs amis, et ses voisins. Mais aussi tous ses collègues, membres du personnel de l’Automobile-Club. Ici, s’affaire pour le confort et le plaisir du gratin cairote une armée de domestiques qui n’ont aucun droit, qui ne comptent que sur leur pourboire pour pouvoir faire vivre leur famille et n’ont qu’un devoir : la soumission aux exigences du Chambellan du Roi, El-Kwo. Celui-ci est toujours accompagné de son bras armé Hamid chargé de châtier cruellement celui qui aurait n’aurait pas assez courbé l’échine devant les habitués du Club, arrogants et plein de morgue à l’égard de ceux qui ne sont, à leurs yeux, que des larbins bienheureux de pouvoir les servir. En coulisses, s’agite le parti nationaliste Wafd, qui œuvre secrètement pour mettre fin à l’occupation britannique, rendre son indépendance à l’Egypte et qui s’allie avec les communistes pour faire prendre conscience aux employés du club des droits que El Kwo leur dénie .
Un thème ressort de ce tissu d’intrigues, celui d’un pouvoir despotique, basé sur la peur que la tradition autorise et qu’exerce le dominant sur le dominé, aussi bien dans le domaine politique, que dans l’univers du travail ou au sein de la famille.
Un roman riche, touffu, généreux, où les enjeux sociaux s’entrecroisent habilement avec les destins individuels, où le politique se mêle étroitement au quotidien et à l’intime . Al Aswani centre chacun des nombreux chapitres sur un personnage. Il se donne le temps de l’installer dans son milieu, dans son rapport avec les autres, de faire comprendre ses intentions, de le rendre proche du lecteur. Il se donne ainsi les moyens de construire un roman éclaté, où il joue avec le suspense, faisant sauter son lecteur d’un fil narratif à un autre, sans que celui-ci soit dérouté, arrêtant l’histoire d’un personnage au milieu d’une situation palpitante pour reprendre une autre histoire interrompue précédemment, à la manière d’un feuilletoniste .
Un roman à 3 voix, où alternent des chapitres rédigés à la 3 personne, dont le narrateur est le romancier, et des chapitres à la première personne, dans une autre police de caractères, précédés du nom de leur personnage- narrateur, Saliha ou Kamel. Le romancier explique les raisons de ce roman choral, au début du roman, dans une scène étrange, une sorte de rêve surréaliste, où ces 2 personnages de fiction auxquels il a donné vie viennent revendiquer le droit de raconter selon leur point de vue .
J’ai dévoré cette foisonnante chronique du vivant, qui mêle le sérieux, le dramatique, la tendresse et l’humour. J’aurais aimé qu’elle se poursuive au-delà de ses 540 pages .
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Les critiques éclairs (3)
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Belle métaphore
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 10 avril 2017
Vice et domination
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 5 juin 2016
C’est vivant, coloré, facile à lire malgré l’épaisseur du livre. On peut juste regretter les deux derniers chapitres en forme de happy end un peu rapide et un peu naïve.
L'Egypte du roi Farouk !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 8 décembre 2014
Fils d’un avocat, il est un écrivain dans la veine du célèbre prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz. Il exerce les métiers de dentiste, journaliste, écrivant sur la littérature, la politique et les questions sociales pour des journaux égyptiens,
En 2002 parait "L’Immeuble Yacoubian" qui devient immédiatement un Best-seller international.
Avec "Automobile Club d’Egypte" (2014), Alaa el-Aswany signe son troisième roman et sans doute son œuvre la plus aboutie.
Les années 1940 en Egypte, sous la tutelle britannique et le règne d'un souverain fantoche; Farouk.
Le bâtiment de l'Automobile Club abrite 2 sociétés; celle de l'aristocratie blanche britannique et des serviteurs noirs du sud de l'Egypte.
L'auteur dépeint les relations conflictuelles entre ces 2 mondes et l'amorce de révolutions larvées .
Un questionnement -toujours d'actualité- sur l'avenir attendu du peuple égyptien.
Quel choix : Liberté ou Sécurité ? Un Président ou un Père ?
Alaa El Aswany raconte des histoires entendues enfant quand il accompagnait son père avocat dans les locaux de l'Automobile Club.
La force de ce roman repose sur l'attachement aux personnages et une qualité narrative indiscutable.
540 pages qu'on ne voit pas passer .
Un questionnement qui reste cruellement d'actualité dans un monde arabe qui se cherche au travers des révolutions successives.
La femme égyptienne (sa volupté, sa sensualité,...) est mise à l'honneur. Sera-t-elle à l'origine du redressement national ?
Alaa El Aswany est un éclaireur engagé et humaniste .
Un véritable bonheur de lecture !
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