Mr Gwyn
de Alessandro Baricco

critiqué par Pucksimberg, le 27 juillet 2014
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Un texte délicieux
Jasper Gwyn est un romancier britannique qui a déjà publié trois romans, des textes très différents. Ceux-ci ont rencontré un franc succès, mais ce Mr Gwyn en a assez de cette existence. Au grand dam de son agent littéraire, il souhaite arrêter, disparaître, ne plus donner suite à son œuvre quitte à décevoir de nombreux lecteurs. Il fait paraître dans "The Guardian" un article dans lequel il recense les 52 choses qu'il ne fera plus, dont écrire ! Mais que faire de ce temps libre ? Comment répondre à certains besoins artistiques ? Il décide d'être copiste ! Mais, concrètement, qu'est-ce que c'est ? A la manière des peintres, il souhaite réaliser des portraits, mais avec des mots. Et nous voilà partis, dans cette entreprise originale de création qui demande de scénographier un peu son atelier afin de créer une atmosphère précise à l'inspiration. S'enchaînent des rencontres avec des êtres variés mis à nu ... Que de surprises !

Ce roman se constitue de 68 chapitres, brefs, au rythme enlevé. Le lecteur pénètre dans l'intimité de cet écrivain, découvre avec un grand plaisir les mystères de la création tout en rencontrant un homme singulier aux idées surprenantes. Le roman est captivant de bout en bout. L'on aimerait vraiment rencontrer ce personnage. L'écriture est agréable, le mot est juste et Alessandro Baricco arrive en quelques mots à toucher à l'essentiel, à capter certains éléments qui paraissent difficiles à verbaliser. Quel talent !

N'imaginez pas que le roman soit une simple réflexion sur le statut de l'écrivain ou sur la création littéraire. Il y a une trame, quelques personnages essentiels dans ce roman, des situations amusantes, des mystères et des interrogations, voire même du suspense si l'on considère les dernières pages. Les lecteurs qui apprécient les romans dont le personnage principal est un écrivain devraient se régaler.