J.W. Waterhouse
de Peter Trippi

critiqué par Fanou03, le 5 août 2014
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
"Un rêve étrange et pénétrant"
Sensible et onirique, l’œuvre du peintre anglais John William Waterhouse (1849 - 1917) a profondément marqué son époque. Il méritait bien le très riche ouvrage que Peter Trippi lui a consacré et qui constitue sans doute une des références en la matière.

La femme est le thème récurrent, voire même obsessionnel pourrait-on dire, de Waterhouse, à tel point que ses toiles semblent n’être parfois qu’une infinie variation de cette même préoccupation, comme s’il tentait de fixer en vain, peut-être, quelque rêve évanescent. L’œuvre du peintre, s’en trouve, en tout cas à mon goût, tout à fait fascinante.

Principalement influencé par la culture antique et la littérature britannique (Tennyson notamment), Waterhouse a réalisé des portraits mystérieux de femmes tour à tour dominatrices (sa sombre « Cléopâtre » par exemple) ou bien le plus souvent fragiles, dans des poses hiératiques et troublantes, mais toujours d’une grande sensualité. De l’œuvre de Waterhouse, hantée par la mort et la beauté, il émane une aura assez particulière, et finalement très contemporaine, qui questionne sur l’image de la femme en tant qu’incarnation du désir.

Concernant l’imposante monographie de Peter Trippi, il faut souligner tout d’abord qu’elle est d’une approche ardue. Extrêmement dense en effet, elle foisonne de références aux peintres britanniques du XIXème siècle et évoque certains courants artistiques comme le préraphaélisme, sans toujours bien les définir.

L’ouvrage brosse le portrait d’un artiste discret mais néanmoins fortement impliqué dans les réseaux institutionnels de son temps, comme la Royal Academy. Le livre surtout commente abondamment les créations de Waterhouse, en abordant avec beaucoup de précision les aspects techniques, les influences artistiques et le symbolisme des œuvres. Les reproductions des peintures, quant à elles, permettent d’apprécier pleinement les talents de coloriste du peintre et la vivacité de son coup de pinceau.

Le livre, qui ravira sans aucun doute les amateurs d’art victorien, éclaire l’œuvre de Waterhouse avec beaucoup de pertinence mais sans en déflorer ni la beauté ni le mystère.