Une rivière verte et silencieuse
de Hubert Mingarelli

critiqué par Tophiv, le 20 octobre 2003
(Reignier (Fr) - 49 ans)


La note:  étoiles
Une tendre relation père fils
Comme souvent pour les romans courts, le 4ème de couverture nous raconte quasiment toute l’histoire.
Et comme parfois, celui-ci est plutôt réussi. Je me permets donc en guise d'introduction de le reproduire ici :
« Un petit garçon, Primo, vit seul avec son père, ouvrier au chômage. Pauvreté et dénuement psychologique marquent ce récit. Le père et l’enfant imaginent faire fortune en cultivant des rosiers. On leur coupe l'électricité. Ils vont manger dans un bistrot où une femme chante des chansons grivoises. Ils volent des cierges dans une église pour s’éclairer. C’est tout et c’est immense. Un récit d’une simplicité bouleversante sur les relations père fils. »
Cette rivière verte, c’est celle que Primo aimerait acheter s'il avait de l'argent, c'est celle de son enfance première, celle où son père allait pêcher des truites bleues. Comme le faisait remarquer Libris Québécis, lors d'une critique précédente sur cet auteur, Mingarelli n’use effectivement pas de beaucoup de mots.
Peu d’adjectifs, des phrases courtes, il ne s’étend pas sur les sentiments, les pensées, le ressenti et avec pudeur, il se contente de l'essentiel, de la simplicité d'une relation père fils.
Le lecteur devine seul les tristesses et les joies derrière les mots et les situations, il ressent les difficultés de ce père à faire face au quotidien et il ressent surtout la formidable tendresse qui l’unit à son fils avec pour toile de fond, la nature à la beauté si simplement rendue, en quelques mots, par l'auteur.
Survie poétique 9 étoiles

L'enfant Primo , son père un ouvrier au chômage vivent pauvrement dans une modeste maison. Chaque jour est une vie ou plutôt une survie . Le manque nourrit les rêveries de l'enfant Primo tandis que son père s’ingénie à joindre les deux bouts.
Primo à l'imagination débordante nous promène sur ses chemins de l'enfance avec la caution bienveillante d'un père qui malgré son échec social s’évertue par tous les moyens à entretenir la flamme de l'amour qu'il porte à son fils.
Le décor est posé. Le monde de deux êtres pauvres et démunis duquel découle un style fluide et poétique comme une rivière verte et silencieuse.
Un beau livre

Lalige - - 50 ans - 2 novembre 2014


LE POURQUOI DU COMMENT… 4 étoiles

Je n’ai rien à ajouter sur l’histoire de ce très petit livre, qui, une fois assimilé le style d’écriture très particulier de M. Hubert MINGARELLI, se lit en quelques heures…

Si l’histoire de cette relation si particulière entre un père et son fils est certes intéressante, (avec une ressemblance étonnante à celle décrite dans le livre de Cormac McCARTHY : « La route »), elle n’en est pas moins très plate ! En effet, le récit n’a ni début, ni de fin… vraiment sans queue, ni tête.

L’auteur se contente de prendre ses personnages, de les mettre devant nous, de les laisser vivre et évoluer quelques pages, et de terminer le livre… Pas un mot d’explication sur certains événements (p. ex. qui est la mère de Primo et où est-elle ? Pourquoi le père ne dit rien à son fils au sujet des rosiers qui finalement n’en sont pas…), pas un rebondissement, un événement inattendu dans toute l’histoire… On ne sait ni d’où viennent ces personnages, ni où ils vont, ni le pourquoi du comment ils en sont là…

Je n’ai rien contre les livres plus descriptifs (devrais-je dire « contemplatifs »?) qu’autre chose, mais là franchement ça dépasse un peu la limite de mon entendement…
Suis-je passé un peu à côté d’une bonne lecture?

Inutile en tous cas de dire que je n’ai pas été enthousiasmé par ce livre…

Septularisen - - - ans - 29 décembre 2011


Simple, poétique et beau ! 9 étoiles

En me plongeant dans ce roman, j'ai pensé instinctivement à la récente lecture du dernier Joel Egloff, "L'étourdissement". Il y a une résonance chez l'un et l'autre : un monde démuni, dévasté, un homme, un fils et le rien, le vide autour... Apprendre à survivre, presque. Mais jamais de morosité, d'abattement. Aucune hargne. Non, rien du tout. Le père va tondre les pelouses pour quelques billets. Il espère obtenir des pousses de rosiers grimpants dans des petits pots de confiture. Il prie soir et matin. Il conte à son fils un temps pas si loin où il pêchait des truites bleues à la main. Et se souvient aussi de cette autre ville où la rivière était verte et silencieuse.

De son côté, le fils, Primo, rencontre un chien noir qui s'excite sur sa jambe. Du coup il prend un autre chemin qui lui fait découvrir un monde nouveau, le sien, son territoire, son tunnel entouré de hautes herbes, là où il s'imagine acheter un bras de rivière et un pont pour observer les poissons dans l'eau.

Le père et le fils sont seuls, où est la mère ne semble pas être le problème. Ils vivent à deux, même sans électricité, même sans gazinière. Ils mangent des tomates, s'éclairent avec des bouts de chandelle et se parlent le soir, dans leurs lits, d'une possibilité d'une autre vie...

"Une rivière verte et silencieuse" est un roman très simple, surtout illuminé par son écriture, par le style d'Hubert Mingarelli. Le monde décrit n'est pas enchanteur, pas glauque non plus, car les deux personnages nous offrent une leçon de vie remplie d'espoir et de rêve. Rien n'est impossible, juste d'y croire, de marcher des heures, de fermer les yeux et de prier en s'excusant. Magnifique !

Clarabel - - 48 ans - 6 juillet 2005


elle coule doucement la rivière. 9 étoiles

Primo vit seul avec son père. Dans le dénuement. Pas vieux le Primo. Le seul souvenir tangible des années passées, ailleurs, avant qu'ils déménagent, est une rivière verte et silencieuse dans laquelle son père lui a dit avoir attrapé à la main des truites bleues. H. Mingarelli a écrit antérieurement pour la jeunesse (encore que la destination jeunesse était plutôt discutable). En tous cas, il sait formidablement raisonner (?), disons réagir, comme un enfant, et on y retrouve de nos phobies, espérances et illusions d'enfants. Qui a dit que la vie n'est pas un long fleuve tranquille? Heureusement qu'il y a des rivières vertes et silencieuses où nos pères ont pu attraper des truites bleues. A la main.

Tistou - - 68 ans - 11 novembre 2004