Sept filles
de Leïla Sebbar

critiqué par Tophiv, le 21 octobre 2003
(Reignier (Fr) - 49 ans)


La note:  étoiles
La condition de la femme entre l'Algérie et la France
Leïla Sebbar est née en Algérie pendant la colonisation, de père algérien et de mère française. Adolescente, elle quitte l’Algérie indépendante pour la France. Devenue écrivain, elle n’a de cesse d'explorer les rapports historiques et humains entre les 2 pays. Dans ce livre, elle nous parle de la condition de la femme à travers 7 nouvelles, 7 histoires très différentes d'où ressortent toutes les difficultés à être une femme née dans un pays d’Afrique du Nord.
Il me semble que d'entre elles se détachent particulièrement de l’ensemble : « La fille dans l'arbre » et « La fille au hijeb ».
Dans « La fille dans l'arbre », L.Sebbar nous propose un texte très dur mais raconté sous une forme poétique, comme pour l'adoucir, nous le rendre plus « facile », comme pour nous dire que cette horreur qu’elle nous décrit ne sort pas tant que ça de l’ordinaire. Et c’est précisément cela qui rend affreusement pesant ce viol d’une petite fille en « temps de guerre ».
Dans « La fille au hijeb », elle nous parle des familles algériennes expatriées en France. L' aînée des enfants, comme souvent, s’occupe de tout ce qui concerne l'administration française et bien plus … Elle sacrifie sa vie aux obligations et règles familiales alors que tous les garçons de la famille sont totalement libres. L..Sebbar nous parle de l’intolérance vis à vis du voile mais aussi de l'aliénation qu'il implique, le voile comme des œillères, instrument d’isolation du mone, des perceptions.
Dans les autres nouvelles, elle aborde d'autres sujets douloureux et malheureusement toujours d’actualité
: les familles préférant renier leur fille plutôt que le déshonneur, les mariages arrangés par ces mêmes familles …
Un livre forcément utile et forcément beau.
le poids de la culture 5 étoiles

Sept histoires de jeunes filles et de femmes magrébines marquées par le poids de la culture et de l’honneur des hommes .
Des histoires où le regard de l’homme est tellement sévère et misogyne qu’il pousse forcément ces figures féminines à transgresser des interdits multiples afin de s’ affirmer .
Oui , il est en effet question ici de plaisir, puisse que l’épanouissement de toute personne passe par la réalisation de ses désirs amoureux ou autres et par le fait de se sentir libre .
Du récit de la maison close avec tous ses mystères et ses règles d’appartenance au viol de la gamine dans l’arbre , Sebbar nous raconte comment l’homme est obnubilé par cette notion de possession : hélas, il cherche toujours à posséder la femme que celle-ci s’offre d’elle-même ou qu’elle résiste .
A travers la nouvelle de la jeune fille qui se sent nettement plus libre en prison que chez ses parents qui cherchent à tous prix à la marier avec l’époux de leur choix , nous voyons bien que la culture et l’éducation jouent un rôle capital dans l’avenir de la femme .
Tant qu’on ne donnera pas la parole à ses femmes , tant qu’on ne les écoutera pas , elles demeureront sinon soumises , du moins malheureuses .
Lecture rapide pour une belle leçon d’humanisme .

Lecktése - - 51 ans - 12 juin 2006