Moral d'acier et pluie de fer
de Viviane Koenig, Sylvain Bourrières (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 15 août 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
La guerre, ce n'est guère autre chose qu'une façon dangereuse de se promener
"Moral d’acier et pluie d’enfer" est évidemment un titre qui renvoie à celui utilisé en 1920 par Ernst Jünger avec "Orages d'acier" ("In Stahlgewittern"). Il s’agit en quatre-vingt-dix pages de proposer ce qu’aurait pu être un carnet de guerre tenu du samedi premier août 1914 (jour de l’annonce de la mobilisation) au jeudi 31 décembre de la même année. C’est en gros tous les deux jours que le narrateur inscrit de quelques lignes à deux pages.

Jules est mobilisé au 150e RI basé en Lorraine en temps de paix, mais il est berrichon. Il n’a donc aucune raison de rejoindre Chaumont qui n’est d’ailleurs pas en Meurthe-et-Moselle (comme l’indique le narrateur page 9) et qui n’est même pas dans la même région militaire que Verdun, Commercy, Longwy et Saint-Mihiel où sont les casernes du 150e RI.

Une carte page 2 montre les lieux parcourus par le narrateur en cette année 1914 de guerre, il ne sort pas du nord-ouest de la Lorraine restée française à l’époque. Les souffrances du poilu et l’évolution de la guerre de mouvement en guerre des tranchées passe bien. Des questions comme le passage devant le peloton de prétendus espions et de déserteurs sont abordées avec pudeur. Des dessins au nombre d’une bonne vingtaine occupent entre la moitié et le quart d’une page, ils aident bien à faire ressentir l’atmosphère.

Certains détails sonnent très vrais, comme le jeu de cartes la manille (page 77), des mots de l’univers du poilu sont habilement introduits avec une explication en note de bas de page (comme "barda" ou "fourrier"). Ces mêmes notes servent aussi à contextualiser certaines indications données par Jules dans son journal.

Comme presque toujours un dossier documentaire très bien fait accompagne le récit dans les romans historiques pour les jeunes de cet éditeur. Il est illustré en particulier d’une image de l’époque qui reconstitue l’attentat de Sarajevo, d’une photographie de tranchée et de celles de dirigeants des principaux pays qui entrent dans le conflit à n’importe quel moment (USA compris). Une présentation fort utile pour les jeunes est faite de l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Turquie, l’Italie, la Russie, le Royaume-Uni, les USA et la France. Ceci permet de rappeler par exemple les unités tardives de l’Italie, et l’Allemagne, l'entrée tardive dans la guerre du gouvernement italien ainsi que le situation complexe de l’Autriche-Hongrie.

Couvrant également pour beaucoup la même période du début du conflit, on dispose pour les jeunes de "Trois frères dans la Grande Guerre" (chez Hachette) qui reprend les véritables courriers de poilus à leurs proches en les illustrant de manière parlante.