L'Adieu aux reines
de François Cavanna

critiqué par Lison, le 17 août 2014
( - 74 ans)


La note:  étoiles
L'histoire mérovingienne selon Cavanna : épisode 6
Nous sommes à la fin du VIe siècle puis au début du VIIe dans un endroit qui ne s’appelle pas encore la France. Deux femmes, régentes mais reines de fait, s’affrontent en de nombreuses batailles dans une guerre qui durera quarante ans : d’un côté Frédégonde, reine de Neustrie, ancienne servante ayant réussi à se faire épouser du roi Chilpéric - un des petits-fils de Clovis - qu’elle a fait ensuite assassiner, femme dominatrice et vénéneuse. De l’autre Brunehaut, reine d’Austrasie, femme cultivée aux ambitions élevées – fonder un état évolué – mais éprise de vengeance après les meurtres de son époux, de sa sœur et de sa descendance par les soins de sa rivale. Après la mort de Frédégonde, c’est son fils, Clotaire II qui poursuit l’œuvre de sa mère. La victoire de Dormelles, en l’an 600, met la Neustrie et Clotaire à la merci de Brunehaut. Mais la reine fait grâce de la vie à celui-ci et lui concède même un petit royaume. Elle va payer cher sa clémence…

Aux côtés de ces figures historiques, Cavanna a créé les personnages très atypiques de Petit-Loup, colosse à la force hors du commun, de Minnhild, sa minuscule compagne et de Fleur, leur fils. Ces trois-là font partie d’une petite tribu d’Armorique, société idéale selon Cavanna, sans dieux ni Dieu, où filles et garçons sont élevés à égalité et apprennent à lire, où la tolérance est de mise. Ces héros imaginaires vont bien sûr interférer dans l’Histoire, alliés de la reine Brunehaut, tantôt messagers, tantôt protecteurs, tantôt détenteurs d’informations capitales…

Ah ! Voilà une période qui ne connaît pas la douceur de vivre ! Les pirates saxons incendient les villages, massacrent les enfants et les vieillards, violent les femmes, enlèvent les plus "vendables" qui deviendront esclaves ou boucliers humains dans les batailles. Du côté des grands, on n’est pas mieux loti : assassinats, complots, trahisons, sacrifices cruels se succèdent… Heureusement, Cavanna dans un style qui n’appartient qu’à lui, impeccable et tout pétri d’humour, nous gratifie de quelques épisodes burlesques et autres paillardises. Voilà une façon bien sympathique d’aborder un pan généralement méconnu de notre Histoire. Une lecture à la fois ludique et instructive puisqu’il est assez facile de faire la part entre le fictif et le réel, un vrai moment de plaisir.