Goodbye Bukowski
de Flavio Montelli

critiqué par Blue Boy, le 23 août 2014
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Hommage consensuel
Un portrait en forme d’hommage à Charles Bukowski, l’écrivain et poète célèbre pour son amour des femmes, de la picole mais surtout de l’écriture, qui lui était vitale selon ses propres termes. Flavio Montelli s’est attaché à le représenter lorsqu’il venait d’avoir 50 ans, alors qu’il s’apprêtait à publier son premier roman, nous proposant une balade erratique à son image, entre flashbacks sur sa jeunesse et ses états d’âme d’artiste tourmenté.

Ce qui m’a un peu dérangé dans ce roman graphique, c’est clairement le dessin, non pas tant à cause du minimalisme des décors, mais plutôt par la façon dont sont représentés les personnages, à commencer par Bukowski. Le visage de l’écrivain est bien fait, assez ressemblant, mais paraît toujours avoir plus ou moins la même expression. Les corps ont l’air souvent figés dans des poses pataudes, ce qui pour moi relève un peu de l’amateurisme. En outre, le style, s’il évoque vaguement le courant alternatif U.S., reste tout de même très soft par rapport au personnage torturé qu’était Bukowski. La bonne chose, c’est que les cadrages sont plutôt pertinents et permettent ainsi rééquilibrer le côté scolaire du dessin. Et puis les vues de Los Angeles restent ce qu’il y a de mieux.

Le récit vient-il faire oublier ce déficit graphique ? Eh bien pas trop, en fait. On assiste aux déambulations et rêveries du personnage, qui se fait également narrateur. On appréciera certaines de ses citations (« L’Amérique, semblable à une courge éclairée de l’intérieur. ») mais Montelli (ou l’éditeur) n’a hélas pas jugé utile d’indiquer si celles-ci étaient tirées d’une de ses œuvres ou d’interviews. Certains passages muets – où tout se lit dans les gestes et le regard - sont assez plaisants, alternant avec des anecdotes qui n’apportent malheureusement pas grand chose. Certains pourront trouver ça poétique et conforme à l’esprit du grand écrivain, mais c’est quand même assez foutraque en général, et j’ai eu surtout l’impression que l’auteur naviguait un peu à vue.

On sent bien que Flavio Montelli a voulu se faire plaisir et que son admiration pour Bukowski est sincère, mais cela n’a pas suffi à faire quelque chose de remarquable. Reste que l’ensemble n’est pas totalement dénué d’intérêt mais cela ne me semble pas le meilleur hommage que l’on puisse faire à ce grand bonhomme déglingué, souvent fauché mais toujours prolifique, et qui aura tant marqué les esprits par sa prose subversive.