George Best, le cinquième Beatles de Vincent Duluc
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Les chaussettes roulées sur les chevilles
Dissipons d’entrée un possible malentendu : ce bouquin ne parle d’aucun membre d’un certain groupe de Liverpool. Cependant, pour bien comprendre le titre, il faut savoir que le 1er batteur des Beatles s’appelait Pete Best. Il peut prétendre légitimement au titre de 5ème Beatles, tout comme Brian Epstein, Stuart Stutcliffe ou George Martin, et d'autres.
George Best, lui, est un footballeur au nom prédestiné puisqu’il est la 1ère superstar du foot en ce sens que ses activités hors du terrain étaient aussi connues et suivies que ses dribbles impossibles à arrêter pour les défenseurs, probablement le 1er dont les paparazzis ont fait leur gagne-pain.
C’est sûr que ce n’est pas le très Anglais Bobby Charlton qui allait sortir faire la bringue toute la nuit !
Cet attribut de 5ème Beatles lui a été donné autant pour l’homonymie patronymique avec Pete Best que pour sa coupe de cheveux tranchant avec les canons de l’époque, que ses frasques, sa gueule d’ange…
Tout autant que les Beatles de Liverpool, George Best, de Belfast, joueur de Manchester United, est un symbole des années 60 anglaises.
Autre malentendu à dissiper, il ne s’agit pas d’une biographie mais d’un roman de Vincent Duluc, qui officie d’ordinaire pour le journal l’Equipe.
Je parlerais plutôt d’évocation de George Best car si Duluc remplit les blancs, il s’appuie sur la vie turbulente du joueur. Et il le fait avec talent ! L’incipit est un modèle d’accroche réussie:
« L’Angleterre était une île et un voyage, le ferry avait une odeur d’essence, de machines à sous à pièces de deux pence et le sol était poisseux de bière renversée. On embarquait à Calais, on irait jusqu’à Douvres, ou alors Folkestone. L’odyssée nous arrachait à la terre pour la première fois depuis un pédalo loué à la demi-heure sur un plan d’eau en station thermale ».
Il se trouve que Vincent Duluc fait une fixette depuis l’enfance sur ce joueur d’exception qui n’a jamais participé à une Coupe du Monde, qui est passé du statut de joueur emblématique à celui de mercenaire dans des clubs improbables mais qui payaient bien, très bien même.
Car George Best avait des revenus qui surclassaient ceux des autres joueurs, et de loin, mais il avait également les dépenses qui allaient avec son statut de superstar, loin devant celles des autres joueurs, qui eux rentraient chez eux le soir. C’est lui qui résume le mieux son mode de vie : «J'ai dépensé 90% de mon argent dans l'alcool, les filles et les voitures de sport - le reste, je l'ai gaspillé».
En plus, il avait le sens de la formule.
C’est un texte mélancolique et poignant qui nous est servi par le journaliste, plein de style et d’entrain. L’admiration pour l’homme affleure à la surface du texte, de la tendresse aussi. Se plaçant dans le genre du roman, l’auteur évite les impératifs de la biographie : la datation est présente mais très discrète, les faits sont travaillés, transformés en moments de grâce ou de déchéance et il n’y a même pas besoin d’aimer le sport pour se laisser surprendre par la vie de ce joueur hors norme, charmeur, fêtard invétéré, gros buveur, dribbleur génial, mort en 2005 des suites d’une infection pulmonaire.
Laissons-lui le mot de la fin : « En 1969 j'ai arrêté les femmes et l'alcool, ça a été les 20 minutes les plus dures de ma vie ».
https://www.youtube.com/watch?v=Pp7cTlvHgUQ
Les éditions
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Le cinquième Beatles [Texte imprimé], roman Vincent Duluc
de Duluc, Vincent
Stock
ISBN : 9782234077287 ; 18,50 € ; 21/05/2014 ; 232 p. ; Broché
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