Charlotte
de David Foenkinos

critiqué par Dirlandaise, le 28 août 2014
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
La vie de Charlotte Salomon
En 1943, Charlotte Salomon, jeune femme juive peintre de génie, est arrêtée à la villa l’Ermitage en France où elle avait trouvé refuge avec son époux. Elle sera déportée à Auschwitz et gazée immédiatement en raison de son état : elle est enceinte de quatre mois. Son époux mourra d’épuisement trois mois plus tard. Charlotte laisse à sa mort une œuvre étonnante de modernité intitulée « Leben ? Oder Theater ? » qui fera l’objet d’une exposition après la guerre en 1961.

Dans ce livre très court, David Foenkinos raconte la vie tragique de Charlotte Salomon marquée par les nombreux suicides émaillant l’histoire de sa famille. En effet, plusieurs membres dont la mère de Charlotte ont choisi de mettre fin à leurs jours. Cette biographie succincte est bouleversante. La vie de Charlotte est belle et triste à la fois. L’auteur raconte l’essentiel de cette vie à l’aide de courtes phrases qui donnent parfois l’impression de lire un résumé plutôt qu’un roman.

Outre la découverte de l’œuvre de Charlotte Salomon, ce livre est aussi un témoignage des conditions de vie des juifs allemands suite à la prise de pouvoir d’Adolf Hitler en 1933. Inconscients du destin qui les attend, plusieurs n’ont pas réalisé l’urgence de fuir le plus loin possible de ce pays devenu un piège mortel. Charlotte se croit à l’abri en France jusqu’à ce que l’Italie capitule devant l’Allemagne et que l’immonde marée de dénonciations accomplisse son œuvre et vienne sceller son destin.

Excellent livre très court qui se lit en quelques heures. Enrichissant et passionnant malgré la tristesse de l’histoire de cette jeune femme sensible qui laisse derrière elle une œuvre admirable témoignant de son génie artistique hors du commun.
Touchant 9 étoiles

Je ne connaissais ni Foenkinos ni Charlotte Salomon avant d'ouvrir ce livre. Ce fut une petite révélation sur ces deux artistes. J'ai adoré la façon d'amener ce récit, le format court et le rythme rapide sans perte de qualité d'écriture. La mise en lumière de la personnalité de Charlotte, ainsi que de l'atmosphère dans ces années 1930,1940 est très bien amenée.
Bravo Mr Foenkinos, je vais continuer à vous découvrir.

Krys - France-Suisse - - ans - 22 novembre 2020


Un roman sensible et dur sur la Shoah 9 étoiles

Charlotte naît d'une famille frappée par le drame, et qui semble condamnée à le subir encore. Sa tante disparaît tragiquement, avant sa mère. Albert s'en occupe bien, et sa belle-mère, cantatrice, l'élève comme sa fille. Elle commence de brillantes études aux beaux-arts. Puis la géopolitique du continent européen s'emballe, avec l'arrivée des Nazis au pouvoir. Elle se marie en douce, alors que son père et sa femme sont condamnés à l'inactivité professionnelle pour raison raciale, car ils sont Juifs. Charlotte et son mari se réfugient, mais sont arrêtés, déportés et gazés. Les oeuvres de Charlotte réussissent à être exposées après la guerre.

Court, au style sobre et poétique, ce roman dramatique où les tourments familiaux rencontrent la grande histoire, s'avère étonnamment épuré, pour laisser place à la profondeur de la gravité du fond de la narration. Cette dernière lie les phrases, alors que l'auteur va à la ligne à chaque point. Tout s'enchaîne sans qu'une formalité s'avère nécessaire. Sensible et dur, ce roman vaut le coup.

Veneziano - Paris - 47 ans - 26 mai 2019


Une rencontre 8 étoiles

J'ai mis du temps avant d'acheter ce livre car je ne voyais pas comment David Foenkinos pouvait traiter d'un tel sujet, vu son style habituellement léger (au sens premier du terme).
J'ai été totalement conquise par son approche et ses apparitions justes épisodiques. Comme il l'explique à la fin du premier tiers du roman, son style composé de phrases très courtes est issu de sa rencontre et de sa vision de Charlotte Salomon.
"J'ai tenté d'écrire ce livre tant de fois.
Mais comment ?
Devrais-je être présent ?
Devais-je romancer son histoire ?
Quelle forme mon obsession devait-elle prendre ?
Je commençais, j'essayais, puis j'abandonnais.
Je n'arrivais pas à écrire deux phrases de suite.
Je me sentais à l'arrêt à chaque point.
Impossible d'avancer.
C'était une sensation physique, une oppression.
J'éprouvais la nécessité d'aller à la ligne pour respirer."

Au final je retiens la rencontre entre deux artistes : la première au destin malheureux, fauchée par la Seconde Guerre mondiale et le deuxième qui parvient à nous transmettre son émotion artistique devant des toiles que nous ne voyons pas.

LaVillatte - - 49 ans - 9 novembre 2016


Portrait attachant de Charlotte 7 étoiles

David Foenkinos a fait des recherches précises sur Charlotte Salomon, s'est rendu sur des lieux en lien avec sa vie et a engendré une biographie romancée de cette artiste. Il est passionné par son sujet et le lecteur le sent en lisant ce roman, constitué de vers car l'auteur avait besoin de faire une pause à la fin de chaque phrase, comme un souffle visible grâce à la typographie. Le roman se constitue de plusieurs parties et de plusieurs courts chapitres, ce qui facilite la lecture et dynamise le récit. En outre, l'écrivain alterne les passages narratifs et les courts passages dans lesquels il emploie le pronom "je" et explique sa démarche et ses recherches. Ainsi le lecteur entre dans les coulisses de la création.

Le sujet est évidemment très intéressant. On suit avec curiosité cette jeune femme au destin tragique et singulier. Elle semble rejoindre les grandes héroïnes antiques, les grandes lignées maudites par des divinités, comme Phèdre. Ici, ce ne sont pas les dieux qui châtient, la condamnation est liée au sang, au mal être de sa famille, aux pulsions suicidaires de cette triste lignée.
Le contexte historique est aussi dépeint et est saisissant. Même si l'on envisage certaines scènes rapidement, certains passages restent forts. Au détour de certaines pages, certains noms célèbres sont évoqués, histoire de recontextualiser et de donner une certaine force aux évocations.

L'écriture ne m'a pas séduit, je l'ai trouvée inégale. Certaines phrases sont bien trouvées mais sonnent un peu comme les phrases de Beigbeder dans cette volonté de trouver la phrase qui fait mouche, qui pourrait basculer dans le sensationnel. Des phrases efficaces qui impactent le lecteur. D'autres sont fades. J'ai l'impression que son écriture manque d'unité. Elle me pose problème ... Les goûts et les couleurs ...

J'ai apprécié la lecture de ce roman car le personnage de Charlotte est attachant et l'on éprouve le besoin de connaître son histoire. Je n'ai pas été sensible au style de David Foenkinos.

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 24 août 2016


Très beau ! 9 étoiles

J'ai beaucoup apprécié ce livre, que j'ai lu dans la version illustrée avec les gouaches de Charlotte Salomon.
A mon avis cette version est un vrai plus, car les peintures ont été placées de façon parfaite dans la chronologie du texte.

Vigneric - - 55 ans - 12 décembre 2015


un très beau texte 10 étoiles

J'ai beaucoup aimé ce très beau roman , triste mais beau .
Une histoire captivante et parfois dure .
Je ne connaissais pas le destin Charlotte Salomon , elle est touchante , bouleversante et d'autant plus que l'histoire est vraie, sa vie est d'une tristesse.
Je n'avais jamais lu de livre de Foenkinos David et merci à lui de m' avoir fait découvrir cette biographie . Une écriture tellement agréable .
je vous le conseille! Il se lit rapidement!

KAROLE - - 49 ans - 13 mars 2015


Elle a appris à lire son nom sur une tombe. 6 étoiles

On connaît David Foenkinos pour ses romans sonnant comme des comédies douces amères, teintées d'un humour gentiment impertinent, et le voilà dans un livre-hommage, mettant en musique sa passion pour la jeune peintre juive - et trop oubliée - Charlotte Salomon. Chemins de la jeune artiste et de l'auteur se croisent, se frôlent, se mêlent, et c'est l'histoire du peuple juif sous le régime nazi qui jaillit au-delà de cette rencontre, comme des ondes à la surface de l'eau.

Ce livre rempli de pauses et de pose, dont les phrases ne dépassent jamais la ligne, a remporté, en 2014, le prix Renaudot ainsi que le prix Goncourt des Lycéens. C'est ainsi qu'il serait écrit, dit l'auteur. Scandant ainsi son roman, lui donnant un rythme parsemé d'arrêts et de respirations. Passant à la ligne chaque instant comme si chacun avait la même importance que le précédent.

On reste dans la curieuse balade d'un écrivain derrière sa passion subite et irrationnelle pour une artiste (indéniablement intéressante par son parcours et son œuvre) décédée aux camps, sans pour autant se sentir complètement happé. Mais, il faut le reconnaître, ce roman est touchant et appréciable.

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 4 mars 2015


Tragédie et ignominies du nazisme. 8 étoiles

David Foenkinos commet une œuvre travaillée de longue haleine et ainsi cache à peine son ambition d’obtenir un ou plusieurs prix littéraires grâce à sa « Charlotte ». Par sa volonté de ne faire des phrases que d’une seule ligne, tout en trichant tout de même parfois (voir page 66 in fine), il semble se lancer un défi à l’instar de « La disparition » de Georges Perec.

Certes cela pourrait sembler plus aisé, voire même être une fausse contrainte en évitant un phrasé trop complexe. Je n’oserai tout de même pas me prononcer à ce sujet, mais quoi qu’il en soit cela n’enlève rien à la qualité de ce très bon roman et rend sa lecture particulièrement aisée.

Si comme moi, vous avez aimé la plupart des romans de l’auteur, il n’y a aucune déception à craindre.

Le style allie poésie et dramaturgie dans un très bel agencement.

Les prix obtenus ne me semblent donc pas usurpés.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 19 janvier 2015


Mise en lumière d'une artiste peu connue 7 étoiles

Pour nous narrer l’existence de cette femme au destin peu commun, David Foenkinos a choisi un style particulier proche du poème, fait de courtes phrases, avec un retour à la ligne à la fin de chacune d’elle. Ce mode original qui demande un temps d’adaptation, rend tout de même la lecture fluide même si le rythme en ressort légèrement saccadé par moment. Il a aussi décidé de synthétiser cette courte mais foisonnante vie, dans un roman très court lui aussi. La brièveté de l’ouvrage a pour conséquence de passer trop rapidement sur les faits en omettant d’approfondir les sentiments associés. De plus, David Foenkinos écrivait jusque-là des textes plutôt légers et cela semble le desservir lorsqu’il s’agit de traiter d’un sujet beaucoup plus grave. En effet, les évènements présentés transpirent la dureté ambiante de l’époque, mais le déficit de profondeur m’a empêché d’être absorbé par le drame. J’ai suivi toute la vie de Charlotte, j’ai lu ses douleurs mais je ne les ai pas ressenties. Pour sa défense, l’auteur en était à son coup d’essai. Et comme dirait un professeur « C’est encourageant ! » car il a eu le courage de sortir de ses frivolités habituelles, au risque de déplaire à son lectorat, pour se lancer sur ce thème véritablement dérangeant. Ce changement de cap me donne l’espoir qu’il persévérera dans ce sens parce que j’ai malgré tout beaucoup apprécié cette courte et ambitieuse plongée dans le passé tragique de Charlotte Salomon.

Killing79 - Chamalieres - 45 ans - 30 décembre 2014


Ni bouleversant ou émouvant... simplement stérile. 4 étoiles

On imaginait aisément que d’après l'argument de l'auteur, les successions de phrases courtes permettraient d'aérer le propos, de reprendre son souffle après la suffocation (?) vécue à la suite de la rencontre avec l'œuvre et le personnage central de ce roman.

Toutefois, ces phrases sont d'une vacuité confondante : on n'appréhende jamais la puissance et les qualités de l'œuvre ; les émotions sont simplement effleurées ; la fin de l'artiste est vite relatée (trop vite !), alors qu’elle aurait dû s’étaler sur des dizaines, ou même des centaines de pages, pour ainsi appréhender l’horreur ; on comprend très peu les tensions et les non-dits familiaux indispensables pour appréhender l'œuvre globale...

Bref on passe à côté de tout, et surtout de l'essentiel : les émotions dévastatrices !

Je pensais que la façon d'écrire choisie était une idée lumineuse (comme pouvait l’être "Ô révolutions" de Mark Z. Danielewski), malheureusement le style est très journalistique, stérile et distancié, les phrases sont vides de sens, mais plus grave, elles sont vides de toute émotion !

Ainsi on lit le livre rapidement, on le jette tout aussi rapidement, mais surtout on le zappe vite, peut-être comme un Tweet à la vacuité similaire.

Un vraie déception.

Thibaut - - 52 ans - 25 novembre 2014


Chronique d'une mort annoncée 8 étoiles

David Foenkinos tenait particulièrement à ce livre , il le dit en interview , il l’écrit et il faut prendre l’œuvre comme un hommage à Charlotte Salomon et un encouragement à aller voir ses tableaux sur le net.
L'histoire de sa vie valait au moins un roman , de multiples suicides dans la cellule famille , des histoires d'amour singulières et une fin tragique .
On est très loin des livres de Foenkinos , ne cherchez pas de traits d'humour , il n'y en a point.
Certainement son livre le plus personnel , peut-être pas son meilleur mais qui touchera un public plus large grâce aux prix reçus (Renaudot et Goncourt des lycéens).
La succession de phrases très courtes peut certes déconcerter , mais elle donne un rythme et une sensation d'urgence... la vie de Charlotte ayant été très courte.

Ndeprez - - 48 ans - 20 novembre 2014


Un Très beau travail d'orfèvre 9 étoiles

Je ne m’attendais pas à devoir faire un jour l’apologie d’un livre de David Foenkinos ! Force est de constater pourtant que c’est diablement bon ! L’auteur retrace une histoire familiale très sombre celle de la famille de Charlotte Salomon, jeune peintre juive allemande extrêmement talentueuse, morte à Austchwitz en 1943 après avoir livré en l’espace de seulement 18 mois toute son œuvre, soit plus de 1000 gouaches. Une œuvre protéiforme qui intégre avec ses peintures des textes et de la musique. C’est passionnant et la recherche stylistique est remarquable, surprenante et envoûtante. Un travail d’orfèvre.
Un roman sur le même thème est sorti en 2006 sous la plume de l’Italien Bruno Pedretti.

Christian Palvadeau - - 60 ans - 10 novembre 2014


Bouleversant 10 étoiles

Quel livre, merci Foenkinos!
Ce roman est bouleversant et il m'a émue aux larmes. C'est la vie de Charlotte Salomon, tuée en 1943, qui est narrée en vers libres.
Je recommande vivement aux fans et à ceux qui ne connaissent pas encore la plume, magnifique, de David Foenkinos.
Ce roman a obtenu le prix Renaudot, mais, à mon humble avis, il aurait mérité le Goncourt.

Sandra_m - - 39 ans - 7 novembre 2014


Un livre que je n'avais pas envie de lire et qui m'a Passionné!!! 9 étoiles

J'avais un a priori sur ce livre, d abord le style employé me semblait télégraphique et comme je suis sensible aux auteurs qui mettent en valeur le style et la forme je n étais pas enclin à lire ce livre , son titre également ne m'inspirait guère"Charlotte" idem pour le livre de MH Lafon "Joseph" que j'ai aimé par ailleurs et puis voilà il est arrivé entre mes mains parmi d'autres de cette fameuse rentrée littéraire et je l'ai dévoré étonnement avec surprise

L'histoire de cette jeune femme est passionnante d'un bout à l'autre , l'auteur l'a portée depuis de nombreuses années , il a été sur les lieux que Charlotte a fréquentés , ces lieux habités à la Modiano où il va chercher , gratter sang et ongle quelques traces sédimentées dans les brumes d'un oubli éternel , et in fine il finit par nous embarquer avec lui dans cette quête qui devient vite la nôtre par effet miroir
Quand à La Forme , il semble longtemps y avoir réfléchi ( revoir son interview dans l'émission "La Grande Librairie") et pour ma part je trouve qu'elle donne une dynamique et une fluidité incroyable à ce livre, on en goûte et retient chaque parcelle et l'on dévale cette histoire le mors aux dents tout feu tout flamme avec plaisir et passion

OSCARWY - - 68 ans - 28 octobre 2014


Déception 4 étoiles

Ce livre fait revivre, de manière romancée, Charlotte SALOMON, disparue en 1943, à l'âge de 26 ans, au camp d'Auschwitz.
D'une famille marquée par de nombreux suicides, Charlotte a le malheur d'être d'origine juive dans l'Allemagne de la seconde guerre mondiale. Artiste de talent (on peut voir ses œuvres en cherchant sur Internet), elle sera protégée un temps, mais devra fuir en France, où son parcours finira à Drancy.
Tous les éléments étaient réunis pour avoir un livre intense, poignant. Hélas, le style adopté enlève tout espoir : une succession de phrases courtes, où à chaque fois on saute à la ligne. Aucun paragraphe structuré, aucun propos suffisamment développé. L'esprit n'arrive pas à se concentrer. On passe d'une phrase à l'autre, sans même qu'on puisse trouver un véritable plan. On arrive ainsi rapidement (et pour cause...) à la fin du livre avec un sentiment de frustration. Grosse déception.
Je suis donc d'un avis nettement différent de celui exprimé par Dirlandaise. Mais c'est là la richesse d'un tel site : permettre à des vues diverses d'être confrontées, et de laisser ainsi à chacun la possibilité d'exposer sa propre opinion.

Bernard2 - DAX - 75 ans - 30 août 2014