L'Alsace à tout prix ! de Jean Paillot (Scénario), Frédéric Garcia (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire , Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers

Critiqué par JulesRomans, le 7 septembre 2014 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 8 étoiles
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L’Alsace à tout prix, mais l’addition est lourde

La vie des Alsaciens durant la Première Guerre mondiale est traitée de façon très locale pour la région de Masevaux avec le récit "Finnele" (qui s’inspire des souvenirs de la grand-mère l’auteure Anne Teuf) et de façon plus globale pour "Cette histoire qui a fait l’Alsace: l’Alsace dans le Reich (de 1871 à 1918)".

L’avantage de l’album de BD "L’Alsace à tout prix" est que cette fiction arrive à nous intéresser au sort de plusieurs natifs de Munster, dont certains servent du côté français car comme François de la famille phare Jaeglé, ils ont passé la frontière au moment où ils étaient en âge d’être appelé dans les rangs de l’armée allemande. Outre de suivre François, dont le frère Henri (ou Henrich) sert dans la marine du Reich, on s’intéresse au devenir du 14e bataillon de chasseurs alpins (que l’on voit venir du Maroc).

La page 7 met en scène un épisode des souvenirs du lieutenant Alexander von Bülow qui rapporte qu’un soldat français aurait été tué dès le 1er août :

« Hier, il y a eu le premier mort. Bien après, nous avons su que ce mort français (du 10e bataillon de chasseurs à pied) avait été le premier de cette guerre mondiale. Nos chasseurs l'avaient abattu là-haut sur la crête frontière. Étonnés, nous écoutons ce que l'on nous rapporte sur l'équipement et l'armement du mort : uniforme et pantalon déchirés et élimés, pantalon retenu par des épingles car tous les boutons manquaient, courroie et musette moisies et rafistolées avec de la ficelle, semelles des chaussures trouées. Mais la gourde était pleine d'absinthe. Le fusil était incroyablement négligé, présentant des piqûres de rouille dans le canon et des tâches extérieurement. Et la question se posait : En est-il ainsi partout en France ? »

Le scénariste nous dit qu’il a trouvé cette traduction aux pages 21-22 de l'ouvrage intitulé "1914-1918, La Grande Guerre dans le Val de Lepvre" écrit par Jean-Claude FOMBARON et Jacques HORTER (éditions Jérôme do Bentzinger, 2004). Selon nous, il s’agirait d’un propos qu’aurait effectivement entendu le lieutenant allemand, mais fruit d’une vantardise, d’ailleurs le ton général est plutôt de celui de la galéjade. En effet après-guerre pour bien montrer que l’Allemagne avait été le pays agresseur dans certains discours (et en particulier d’un de Poincaré que nous connaissons) on recense tous les incidents de frontière où les soldats allemands violent le sol français. Le caporal Peugeot est toujours donné comme le seul mort français du conflit pour le 1er août (la déclaration de guerre date du 2).

Un deuxième regret est que ne soit pas mentionner la bataille du Moulin de la Caille qui permet de garder une quinzaine de communes du Sundgau dans le giron français durant toute la durée du conflit (alors que les villes de Mulhouse et Colmar occupées début août sont perdues peu après) et aussi d’éviter le siège de Belfort.

Nous comprenons très bien que le choix a été fait de se consacrer au petit espace géographique du nord de l’Alsace libérée, soit la région montagneuse de Thann. En fait l’action s’arrête quasiment fin décembre 1915 car les combats intenses en particulier autour du Hartmannswillerkopf cessent. Le front se fixe de façon quasi définitive, même si les échanges de coups de feu se poursuivent et si pour permettre le ravitaillement des tranchées françaises ont fait venir des chiens d’Alaska (voir "La dernière course" de Pascal Vatinel que nous avons critiqué).

Cette BD s’appuie sur de nombreux témoignages écrits de civils et militaires et les connaissances apportées sont conséquentes. Seize pages documentaires terminent l’ouvrage, sont présentées de très nombreuses photographies d’époque. Dans la page consacrée à la présence de troupes étrangères sont signalés des combattants russes, tchèque et polonais ainsi que des travailleurs civils de nombreuses contrées de l’empire colonial français côté allié et pour en face l’existence de prisonniers roumains employés pour aménager des fortifications allemandes.

En résumé les trois BD "L’Alsace à tout prix", "Finnele" et "Cette histoire qui a fait l’Alsace : l’Alsace dans le Reich (de 1871 à 1918)" se complètent bien ; les deux dernières faisant une plus large place à la vie des civils. Toutefois pour ce qui est de la ville de Munster ( 6 000 habitants en 1914), "L’Alsace à tout prix" apporte de nombreuses informations sur les civils.

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