Peine perdue
de Olivier Adam

critiqué par CC.RIDER, le 5 septembre 2014
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un microcosme de petites gens
Dans une station balnéaire de la Côte d'Azur, Antoine, un jeune homme instable, gloire du football local, est abandonné par un inconnu sur un banc devant l'hôpital. Il est dans le coma. On lui a fracassé le crâne à coups de batte de base-ball... Pour ne rien arranger, un raz de marée ravage tout le littoral, provoquant noyades et disparitions... Une vingtaine de personnages (personnel hospitalier, retraités, familles de victimes, petits mafieux, barmaids, techniciennes de surface et autres saisonniers) vivent cette catastrophe dans ce décor de ville désertée et de plages à l'abandon. Grindel, le flic dépressif va avoir pas mal de pain sur la planche avec tous ces drames.
« Peine perdue » est à la fois un roman social, un roman noir et un roman intimiste de très belle facture. Chaque chapitre est centré sur un personnage, lequel a sa propre vision des choses et permet de faire avancer l'intrigue par petites touches. Ainsi passe-t-on en revue l'ensemble des protagonistes de cette histoire assez foisonnante même si elle est composée de faits ordinaires voire triviaux et de situations d'un grand réalisme. Olivier Adam arrive, dans un style dépouillé et souvent familier, à parfaitement décrire tout un microcosme de petites gens, de paumé(e)s et autres personnages bien pétris d'humanité. Aucun artifice, aucune distance, le lecteur a l'impression d'observer la vie de ces êtres d'une banalité proche de la sienne par le biais du microscope de l'entomologiste. Du grand art avec une chute à double détente assez surprenante par sa brièveté mais toutefois parfaitement logique. Nul doute que ce texte aura l'intérêt de représenter une sorte de photo ou de métaphore de l'état de notre société dans ce début de XXIème siècle.
Olivier Adam, le Zola du 21ème siècle 5 étoiles

Un roman « tiroir » qui se détricote au fil des pages et qui littéralement se déconstruit en abandonnant progressivement l’attention du lecteur.

Olivier Adam garde son style caractéristique qui a ses détracteurs et ses partisans comme moi, mais là n’est pas tellement la question pour ce roman qui s’effondre lentement au cours du récit.

J’avais tellement aimé la profondeur des Lisières qui apparaissait comme potentiellement autobiographique mais ici j’ai lâché « A peine perdue » qui ne possède aucun adjuvant accrocheur et qui ne m’a apporté que peu de satisfaction.

J’espère que ce roman n’annonce pas la fin d’un cycle ou le tarissement de l’inspiration d’un auteur qui m’a déçu pour la première fois.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 26 mars 2015


la ronde d'adam 10 étoiles

Dans "La ronde" d'Arthur Schnitzler, chaque personnage renvoie à des partenaires qui à leur tour renvoient à d'autres partenaires et ainsi de suite jusqu'au bouclage final. Olivier Adam reprend ce même processus narratif (la boucle commence et se termine avec Antoine, au bout d'une série de 22 personnages/chapitres) pour nous décrire un échantillon de la population d'un petit village que l'on situe quelque part au pied de l'Estérel, sur la Côte d'Azur. Une terrible tempête a bouleversé ce microcosme social. Des morts, des disparus, des couples qui vont se recomposer, la tempête va servir de révélateur et permettre aussi quelques opérations douteuses. Bref, une image de notre société, vue sous son angle le plus noir. Le noir est de rigueur avec cet auteur, dont on ne se lasse pas d'apprécier l'acuité du regard. Regard sur lui-même, au travers de personnages avec lesquels on n'a aucun mal à l'identifier, mais aussi sur nos valeurs, qu'il dissèque et renifle avec délectation. Roman choral ? Certes, par les liens tissés entre tous ces personnages, d'âges et de milieux sociaux très divers. Mais pas au sens où on l'entend habituellement, car le message sous-jacent n'est pas un message de réconciliation. Pour la première fois, Olivier Adam parle d'autre chose que de lui-même. Mais Antoine, Paul, Jeff et les autres, qu'ils soient hommes ou femmes, jeunes ou vieux, ne sont-ils pas les diverses facettes de sa personnalité complexe et tourmentée ? Lui seul le sait, mais peu importe, le roman est là, et il est excellent…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 22 mars 2015


Peines perdues 8 étoiles

Olivier Adam présente une suite de portraits désabusés d'habitants d'un petit village de la côte méditerranéenne hors saison; la vie locale tournant autour de l'équipe de foot, et de quelques endroits comme le magasin de bricolage, le camping, le restaurant, l'hôpital. Tout ce petit monde vivote, souvent de petits boulots, certains résignés, d'autres plus rares croyant encore à leurs rêves.

La lecture est peu plaisante au début tant elle ressemble à un recueil de nouvelles; les liens entre les personnages sont quelquefois si ténus qu'on a du mal à faire le rapprochement; ce sont quelquefois des liens de sang, des souvenirs d'enfance ou tout simplement des croisements de destins dans des chambres ou des couloirs de l'hôpital après une tempête qui ne fera pas que des ravages matériels.

On croisera Antoine, le footballeur trop sanguin, mais aussi la détresse de son père Serge après la mort de Solange.
"Si Solange, avec toute la force qu'elle avait en elle, l'amour absolu qu'elle portait à ses enfants, qu'elle lui portait à lui..., n'a pas pu lutter alors c'est que tout ça c'est des conneries. Qu'il n'y a que la loi du corps. Le combat qui se livre à l'intérieur. De la mécanique pure et simple. Une guerre barbare. Sans psychologie."
On sera ému par le sort de ce vieux couple mais aussi par celui de leur fille: "Moi qui s'occupe de moi? Qui me console ? D'avoir perdu ma mère.. même si elle le sait bien, ces derniers mois auraient été ceux de l'agonie..... elle lui en veut et ça n'a aucun sens. Elle est en colère, c'est tout. En deuil. C'est vieux comme le monde. Sidération, culpabilité, colère. La valse à trois temps. La danse de ceux qui restent."

Si j'ai eu du mal en commençant la lecture à ressentir de l'empathie pour tous ces personnages, la magie d'Olivier Adam a fini par opérer. La sensibilité et la qualité de son écriture m'ont finalement – et je dirais comme d'habitude – convaincue. Je n'ai pu rester insensible à tous ces drames, à ces portraits d'une vingtaine de personnages tous aussi touchants les uns que les autres, à ces mots d'une grande justesse sur l'amour parental, sur le cancer, le deuil, des mots qui font mouche à chaque fois, des mots adaptés à chaque personnalité rendant encore plus crédible la confession des personnages.
Une belle réussite.

Marvic - Normandie - 66 ans - 26 décembre 2014