L'affaire des vivants
de Christian Chavassieux

critiqué par CC.RIDER, le 6 septembre 2014
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Pâle copie
A la ferme de Saint Elme, quelque part entre Lyon et Roanne, à la fin du second Empire, l'aîné d'un couple de pauvres paysans, les Persant, se voit affublé par le grand père de l'impérial prénom de « Charlemagne ». Les brimades et les moqueries que cela lui vaudra à l'école, ainsi que sa forte corpulence et son caractère autoritaire lui forgeront une mentalité de battant auquel rien ne résiste. Ainsi prendra-t-il le dessus sur toute sa fratrie et sur ses parents. Très vite, il se lancera dans le commerce avec son oncle, puis dans l'industrie avec un certain succès. Cette réussite et ce début d'aisance lui permettront de se marier avec la belle Alma, fille de marchands de tissus, après avoir évincé son rival, le si beau et si séduisant Joseph Antoine Pajaud. Jusqu'où le destin de l'ambitieux Charlemagne le mènera-t-il ? Sera-t-il capable de faire le bonheur de sa famille ?
« L'affaire des vivants » est un roman à contexte historique (très bien expliqué dans une postface de l'auteur) avec une assez forte connotation « terroir ». Même si cette histoire illustre à sa manière l'évolution des campagnes, les débuts de l'industrialisation et la transformation des paysans en ouvriers avec quelques pages sur les luttes syndicales, les premières grèves et une intervention plutôt controuvée d'une certaine Louise Michel, le propos est surtout social, psychologique et un tantinet philosophique. Que de noirceur, que de personnages sombres, ridicules et antipathiques et que de situations dramatiques dans lesquelles la violence se déchaîne de façon assez inattendue voire artificielle. Avec Chavassieux, non seulement l'argent ne fait pas le bonheur mais en plus les patrons sont de vulgaires crapules et les paysans de parfaits abrutis. Seuls les ouvriers, et encore, échappent à la sombre vision de l'auteur. Pour faire bonne mesure et rester bien dans l'air du temps (le nôtre à défaut de celui de l'époque), le lecteur y trouvera une dose d'intolérance, de racisme et d'homosexualité avec une brave prostituée africaine et un ultime rejeton plus attiré par les garçons que pressé de se reproduire. Si on devine bien les influences de Zola, de Maupassant et de Hugo sur l'auteur, ce n'est que pour découvrir que cette pâle et insignifiante copie est loin d'être à la hauteur des ambitions affichées par celui-ci.