Un coup d'aile, suivi de "La Vénitienne" de Vladimir Nabokov
Catégorie(s) : Littérature => Russe , Littérature => Nouvelles
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L'enchanteur
Chez Nabokov, le réel passe en priorité par la vision. Tout n'est que chatoiement, miroitement, effets de couleurs... La première nouvelle débute de la sorte par un enchantement vécu par Kern, un homme qui se meut dans le sillage forcément magique d'une jeune et légère résidente d'un hôtel en Suisse.
Mais l'enchantement vire à l'angoisse, car Kern n’est pas au fond dans une disposition d'esprit propice à la bagatelle : il sort du suicide de sa précédente compagne. Il est saisi d’angoisse, le monde n'est plus qu'abîme, noirceur ; le nerf optique n'est plus stimulé comme auparavant et, chez un personnage de Nabokov, c’est dire si l’affaire est grave. Kern manifeste clairement ses intentions morbides à un petit homme affamé de religion qui hante les signes funestes chez les vivants. Et puis c'est le surgissement de l’inattendu, du fantastique : un ange comme né de la montagne pénètre avec fracas dans la chambre de Kern. Un ange comme qui dirait en ailes et en plumes. Et enfin le dénouement inattendu, une sorte de renversement de ce qu’on était en droit d’attendre...Toutes les couleurs et non couleurs sont déclinées dans cette nouvelle qui prend le lecteur en traître pour son plus vif et vil plaisir.
La seconde nouvelle, La Vénitienne, titre d’une toile attribuée à Sebastiano del Piombo, n'est pas moins remarquable.
Elle met en scène cinq acteurs: un colonel , Magor - un expert en peinture - et sa femme, Franck - le fils du colonel - et Simpson - un camarade d’université de Franck -, tous réunis dans le château du colonel.
Magor présente La Vénitienne au Colonel et à Simpson qui est très impressionné et trouve que le portrait datant de la Renaissance n'est pas sans rappeler Me Magor. Plus tard il surprend son ami Franck et Me Magor ensemble dans une situation qui ne laisse aucune équivoque sur leur liaison. Comme Magor lui a fait part de quelques aventures picturales à la limite du fantastique, Simpson, timide, un peu benêt et influençable, est près de sacrifier au même type d’expérience : il se laisse happer par le tableau et les charmes de La Vénitienne qui ressemble étrangement à la conquête de son ami. Mais Nabokov est un trop subtil écrivain pour se contenter de cette entrée dans le tableau, somme toute bien commune. Et même si on croira longtemps que c’est ce qui va se passer, l'épilogue illumine rétrospectivement la nouvelle d'un autre et subit éclairage. L’auteur donne ici libre cours à son goût des faux-semblants, des effets d'optique et des illusions.
Deux réussites. Un délice de lecture.
Les éditions
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Un coup d'aile [Texte imprimé] Vladimir Nabokov trad. du russe par Bernard Kreise
de Nabokov, Vladimir Kreise, Bernard (Traducteur)
Gallimard / Folio. 2 euros
ISBN : 9782070412549 ; 2,00 € ; 09/10/2003 ; 112 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (2)
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Pour La Vénitienne
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 14 décembre 2008
Illusions
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 10 novembre 2003
La deuxième nouvelles, "La Vénitienne", est un sommet dans son genre, non seulement pour son ambiance british dans un grand château, son parc ombragé, le colonel,
l'idylle secrète entre le fils et la belle épouse de l'invité, et la galerie de portraits ... mais aussi pour la finale géniale. On en redemande.
La première nouvelle m'a moins plue, elle n'en reste pas moins impressionnante de maîtrise, mais je l'ai trouvée trop confuse et trop désespérée.
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