Les dépouilles de Poynton
de Henry James

critiqué par Jules, le 7 novembre 2003
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Une âpre lutte !
Personne ne semble se mettre à Henry James et Edith Wharton règne sur le site en grande prêtresse des lettres américaines de cette époque. Elle ne manque certainement pas de qualités, mais James ne peut pas passer à la trappe ! Je n’arrive pas à ne pas lier ces deux écrivains tellement ils étaient proches l’un de l’autre, dans la vie comme dans les lettres.
Poynton est une de ces vastes demeures comme l'Angleterre en connaît beaucoup.
Le problème qui va surgir ici, dominer toute l’histoire, ainsi que les personnages, provient du système juridique anglais. Chez eux, au décès du père, le fils aîné devient tout puissant et hérite quasiment de tout.
Poynton passe donc entre les mains d’Owen Gereth, jeune et beau garçon fiancé à Mona Brigstock. Cette dernière ne se contente pas d'être belle, elle est aussi calculatrice et assez avide. « Grande, droite, belle personne, avec de longs membres, habillées d’étranges fanfreluches, elle appartenait à ce type de femmes pour qui la parole n'est qu’une émission de sons et qui garde fidèlement, impénétrablement, le secret de l'être intime. »
Mrs Gereth sait que son fils n’a jamais aimé Poynton, ni ce qu’elle contient. Mais que pèse Owen devant une Mona Brigstock ? Elle ne se fait pas d’illusions et voici ce qu'elle pense de son fils : « . il est beaucoup plus original et agréable de rencontrer chez un homme une inoffensive et agréable bêtise que la méchanceté intelligente. Owen Gereth, en tout cas, avec sa taille, ses traits et ses lacunes, ne présentait aucun des caractères de la seconde. » Voilà qui a l’avantage d'être clair !
Aidée de son amie Fleda Vetch, Mrs Gereth va donc mettre sur pieds une stratégie savante pour tenter de ne pas perdre toute la collection de merveilleux objets que son mari et elle ont accumulés en une vie à Poynton.
Mais il lui faudra compter avec Mona Brigstock, pas encore épouse, mais déjà si puissante.
Henry James nous livre ici un aperçu de son immense talent. Tout d’abord sa description de l’âme de Poynton est des plus fines. Il va nous faire vivre cette maison et nous en faire apprécier les moindres charmes. Mais il va également nous donner en spectacle la lutte entre les personnages de chaque clan, nous les décrivant chacun en profondeur et avec beaucoup de finesse et d’humour. La guerre aura bien lieu et l’intelligence y trouvera sa place.
Une des très grande qualité d'Henry James réside dans la maîtrise qu’il a du sous-entendu et il en use beaucoup dans ce livre passionnant. Hemingway en tirera beaucoup de leçons.
Une préférence pour Henry James... 8 étoiles

...plutôt que pour Edith Wharton dont les deux seules oeuvres que j'ai lues ne m'ont pas incitée à aller plus loin, pour le moment en tout cas. Pour James, j'ai conseillé récemment à une amie de commencer par "Mme de Mauves", "le menteur" et enfin "l'élève", une excellente nouvelle que j'adore. Il y a longtemps que je n'ai pas lu un roman d'Henry James mais la critique de Jules m'a donné envie de m'y remettre...

Folfaerie - - 56 ans - 16 novembre 2003


Toutes mes excuses... 9 étoiles

;;; à Kinbote qui a déjà, à plusieurs reprises, salué le talent de James. J'ai commis l'erreur de l'avoir oublié !

Jules - Bruxelles - 80 ans - 7 novembre 2003