Futurs sans avenir de Jacques Sternberg
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Nouvelles
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"L'humour est la politesse du désespoir"
Contrairement aux "Contes glacés" ou aux "180 Contes à régler", l'écriture de Sternberg est ici un peu plus longue. Neuf nouvelles, dont la première, "Fin de siècle", remplit à elle seule un tiers de l'ouvrage. Presque un roman pour Sternberg, qui avouait s'ennuyer au-delà de 300 pages de lecture !
"Fin de siècle" rappelle à la fois "1984" et une autre nouvelle, de M. Aymé celle-là ("La carte"), avec en plus, l'humour absurde, le cynisme désabusé et malgré tout, l'amour. Un amour épidermique, glandulaire et sexué dont on ne sait ce qu'il adviendra.
A mes yeux, le morceau de bravoure de ce recueil.
Mais les autres nouvelles sont toutes d'aussi bonne facture. Je pointerai particulièrement "Bien sincèrement à vous"; une nouvelle épistolaire, et le bref "Bonnes vacances"...
A noter que la plupart des nouvelles sont marquées par le temps qui passe, comme un inéluctable, et que chacune est précédée par un petit conte qui aurait eu sa place dans les "180 contes à régler".
Les éditions
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Futurs sans avenir
de Sternberg, Jacques
le Livre de poche
ISBN : 9782253017714 ; 1,36 € ; 01/01/1977 ; 414 p. ; Poche
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Noir c'est noir...
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 11 octobre 2018
Double déception à l’arrivée du nouveau millénaire en découvrant que je lisais un recueil de nouvelles !
J'ai donc enchaîné avec un échange épistolaire entre un terrien désabusé et un lecteur extra-terrestre.
Puis, avec un autre désabusé suicidaire, choisi pour un voyage dans l'espace ; très mauvaise idée !
Suivent d’autres nouvelles où l’auteur continue de démontrer son pessimisme quant au(x) monde(s) à venir.
L’une des plus marquantes et des plus "lucide" sur le monde terrestre est à mon avis "Si loin du monde...". L’arrivée sur Terre de l’agent 002 infiltré venu de la planète Fylchride qui découvre avec stupeur et effarement la vie ordinaire d’un Terrien.
L’occasion d’une vision impartiale de l’être humain, de sa finitude qu’il cherche à oublier
"La mort, en vérité, est le mythe capital de ce monde. En effet, alors que chez nous rien ne s’use, comme rien ne se souille, ici tout s’use et se dégrade avec une rapidité déconcertante. Ce qui explique un roulement continu d’offres et de demandes dans un vacarme exacerbé. Sur cet échange d’hystérie repose toute une civilisation qui court éternellement après sa queue entraînant des millions d’êtres dans une course sans fin. Une course démente et fatale, il faut préciser, car les êtres humains s’usent beaucoup plus vite que les objets. De ce fait ils ne semblent pourtant pas se préoccuper. Cela ne les empêche pas de courir de plus de plus vite, comme s’ils n’avaient une seule crainte, celle de manquer leur mort. Comment font-ils pour nier l’absurde de tout cela ? Ou pour le supporter ? Question sans réponse. Les intéressés eux-mêmes l’ont laissée en suspens."
Et de son rôle sur terre
" ...les mains se détachent des corps , pour accomplir seules le travail imposé. La tête, le corps restent en consigne, momifiés, inutiles, inaptes. Car l’homme passe pour un être pensant, mais on lui demande rarement de penser. Pourquoi n’est-il pas réduit à deux énormes paires de mains ? Ou à un faisceau d’une vingtaine de mains ? On peut se le demander. La nature, aucun doute, sur ce monde a mal fait les choses."
On ne peut s'empêcher de penser au 1984 de G. Orwell à la lecture de ce livre d’anticipation paru en 1979. 40 ans après sa parution, j’ai découvert un auteur marquant, caustique et visionnaire, parfois drôle, assez lucide au travers de nouvelles assez terrifiantes et terriblement pessimistes.
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