D.
de Robert Harris

critiqué par Sentinelle, le 18 septembre 2014
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Alfred Dreyfus par Georges Picquart
Le romancier britannique revient sur l’affaire Dreyfus en adoptant le point de vue du narrateur principal, à savoir l’officier de l’armée française Georges Picquart, un ancien instructeur d’Alfred Dreyfus qui assistera à la condamnation du capitaine pour espionnage à la solde des allemands. Suite à cette affaire, Georges Picquart sera promu colonel de l’armée française et prendra la tête de la section statistique du service des renseignements, celle-là même qui avait traqué Dreyfus en fournissant les preuves de sa culpabilité.

Cet homme brillant, intelligent, carriériste mais non dénué d'humour, est aussi un homme droit, juste et impartial. Et lorsqu’il découvre les preuves que l’espion opère toujours et que Dreyfus a été injustement accusé à sa place, et ce à l’aide de la complicité des plus hautes autorités de l’armée française, il n’aura de cesse de vouloir rétablir le capitaine Dreyfus en prouvant son innocence.

Tout le monde connait, du moins dans les grandes lignes, l’affaire Dreyfus et les relents antisémites de cet affreux scandale politique. La lecture de certains passages de la correspondance de Dreyfus permet de toucher du doigt toute l’atrocité et la souffrance engendrées par cette condamnation arbitraire. Mais on découvre ici un homme extraordinaire, le colonel Picquart, un homme stupéfiant qui ne peut que forcer notre admiration en prenant la défense d’un homme que tout le monde avait condamné avec presque exaltation, comme si « tout le mépris et les récriminations accumulés depuis la défaite de 1870 » avait trouvé « un exutoire en ce seul individu », un juif solitaire et peu sympathique, parlant français avec l’accent allemand. Contre l’avis des plus hautes autorités, qui veulent à tout prix étouffer l’affaire, le colonel Picquart mettra en péril sa carrière, sa vie privée, sa santé et risquera jusqu’à sa vie lorsque ses supérieurs l’enverront en mission suicide dans l’espoir de s’en débarrasser.

Si ce roman est extrêmement bien documenté, il se lit véritablement comme une enquête policière : passionnant de bout en bout, révoltant, touchant, inquiétant, il se paye même le luxe d’introduire quelques touches d’humour bienvenues pour alléger le sujet. Le colonel Picquart méritait bien cet hommage vibrant.
D. comme décevant 1 étoiles

R. Harris a entrepris de romancer l'affaire Dreyfus vue par Georges Picquart, officier supérieur qui a découvert l'innocence du Capitaine et lutté pour sa réhabilitation. Excellente idée de tirer un roman de cette affaire connue de tous dans ses grandes lignes et qui se prête parfaitement à une adaptation littéraire. Encore meilleure idée de la faire vivre par G. Picquart, brillante façon de rendre hommage à cet homme qui a payé chèrement sa droiture et qui en récompense est beaucoup moins célèbre dans le cadre de cette affaire que Zola ou Clémenceau !
Malheureusement, tout ce qui est bon dans ce live s'arrête un peu là !
Harris se targue d'avoir entrepris un travail d'investigation important, aidé de nombreux documents d'époque et soutenu par une bibliographie impressionnante. Malgré cela, des erreurs sont relevées … Même si c'est un roman, donc une fiction, il aurait été judicieux de respecter la réalité de l'affaire dans ses moindres détails. L'ajout de personnages secondaires fictifs, pour aider au développement du récit, est acceptable et même bien vu ! Mais des erreurs sur les personnages principaux (Sandherr était à Montauban en juillet 1895 - donc ne peut avoir reçu Picquart déjà paralysé et grabataire à cette époque - et est décédé d'une neurosyphilis à Paris en mai 1897 seulement ; Gonse "sous-officier au 13ème corps d'armée" alors qu'il sort de Saint-Cyr, a minima sous-lieutenant, donc officier !, etc.) ne sont pas excusables. Autre point, l'ensemble du roman est plutôt mal écrit, et la traduction française (Natalie Zimmerman – oui Natalie sans h, le traumatisme linguistique vient peut-être de là !?) grossière et déplorable, utilisant un vocabulaire basique et réduit, une syntaxe médiocre, etc. Comme P. Lemaître dans son mauvais roman "Au revoir là-haut" (pourtant prix Goncourt !), Harris (/Zimmerman) fait parler des officiers supérieurs français de la fin du dix-neuvième siècle comme des chroniqueurs TV d'une mauvaise émission de D8 en ce début de vingt-et-unième siècle ! Nous passerons sur les nombreuses scènes de coucheries du Colonel Picquart, qui n'apportent rien au roman. Bref une lecture pénible dont on peut grandement se dispenser.

Homo.Libris - Paris - 58 ans - 20 avril 2016


L'affaire Dreyfus du point de vue de son principal défenseur 7 étoiles

Je ne connaissais que les grandes lignes de cette histoire. Celles que l'on apprend en cours au lycée...
Que dire ? Ça en est presque incroyable, on penserait que c'est inventé et pourtant...

L'histoire est celle du colonel Picquart, et non celle de Dreyfus. Comment son destin a basculé en voulant rétablir une vérité, une injustice à laquelle il a participé et que l'armée préférait étouffer pour éviter le scandale, quitte à laisser un innocent en prison et un coupable (désigné) en liberté au sein même de l'armée.

Dès le début du livre, on plonge dans son univers... c'est d'ailleurs une entrée un peu brute, j'ai mis du temps à trouver le bon rythme parmi tous ces personnages (inconnus pour ma part). Mais, une fois le contexte appréhendé, l'histoire fascine et le livre se dévore même si on en connait déjà la fin (ou tout du moins, une partie).

Coper - - 41 ans - 17 novembre 2014