Premier amour de Ivan Sergueïevitch Tourgueniev
Catégorie(s) : Littérature => Russe
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Une bluette aux accents de tragédie
Vladimir Pétrovith, homme de quarante ans, se remémore son premier amour « qui n'a pas été un amour banal ». C'est l'été 1833 près de Moscou ; nous sommes dans la villa louée par ses parents. En face de la villa emménage une princesse désargentée et vulgaire. Elle a une fille, Zinaïda Zassekine, âgée de 21 ans, qui s'entoure d'une cour de prétendants célibataires ; elle se joue de leurs sentiments, en jeune femme volage et capricieuse. Le père de Vladimir qui a fait un mariage de raison et qui est resté beau garçon est indifférent à la vie de famille et avare de marques de tendresse à l’égard de son fils. « Prends ce que tu peux, mais ne te laisse jamais prendre ; ne s’appartenir qu’à soi-même, être son propre maître, voilà tout le secret de la vie »
C’est ce qu’il professe à son fils.
Vladimir Pétrovitch peut croire un moment qu’il est le préféré de la princesse.
Il passe par tous les affres de l’amour comme c’est le cas quand l'amour n'est pas assuré de son objet. Mais la jeune femme le cantonne au rôle croquignolet de page. Il est toutefois certain d'une chose, la princesse a changé : « Elle aime ». Et la suite ne fera que confirmer ce que le narrateur a laissé entendre : son « premier amour » entretient une liaison avec son père.
L’épilogue nous apprend que le père (qui a dû, lui, vivre là son dernier amour) mourra quelques années plus tard, de même que Zinaïda et que la mort donc réunira les amants. Le narrateur précise qu’il n'a éprouvé aucun ressentiment à l’égard de son père (« au contraire ma considération pour lui s’était encore accrue ») comme si l’amour filial avait été plus fort, comme si, au fond, le jeune homme avait été heureux de partager enfin une chose avec son père, et pas la moindre : la plus belle et intense qu'on est en droit d'attendre de notre courte et pauvre existence.
« A présent que les ombres du soir commencent à envelopper ma vie, que me reste-t-il de plus frais et de plus cher que le souvenir de cet orage matinal, printanier et fugace ? »
Les éditions
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Premier amour [Texte imprimé] Tourguéniev trad. de Michel Rostislav Hofmann chronologie, préf., notes et archives de l'oeuvre par Peter Brang
de Tourgueniev, Ivan Sergueïevitch Brang, Peter (Préfacier) Hofmann, Michel-Rostislav (Traducteur)
Flammarion / G.F.
ISBN : 9782080702753 ; 4,90 € ; 07/01/1993 ; 190 p. ; Poche -
Premier amour
de Tourgueniev, Ivan Sergueïevitch Hofmann, Michel-Rostislav (Traducteur)
Librio
ISBN : 9782290345719 ; 2,00 € ; 02/12/2004 ; 96 p. ; Broché -
Premier amour [Texte imprimé] Tourguéniev préface de François Nourissier,... ; commentaires d'Édith Scherrer ; [traduit par R. Hoffmann et Louis Viardot]
de Tourgueniev, Ivan Sergueïevitch Nourissier, François (Autre) Viardot, Louis (Autre) Hofmann, Michel-Rostislav (Autre) Scherrer, Édith (Autre)
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253012528 ; 2,50 € ; 01/04/1976 ; 249 p. ; Poche -
Premier amour [Texte imprimé] Ivan Tourguéniev traductions de Françoise Flamant et Édith Scherrer préface de Françoise Flamant
de Tourgueniev, Ivan Sergueïevitch Marrou-Flamant, Françoise (Traducteur) Scherrer, Édith (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio. Classique
ISBN : 9782070344888 ; 5,70 € ; 24/01/2008 ; 377 p. ; Poche -
Premier amour [Texte imprimé] Tourguéniev traduction de Michel Rostislav Hofmann revue et corrigée présentation, notes et dossier par Odile Ardin et Matthieu Ardin...
de Tourgueniev, Ivan Sergueïevitch Melnik-Ardin, Odile (Editeur scientifique) Ardin, Matthieu (Editeur scientifique) Hofmann, Michel-Rostislav (Traducteur)
Flammarion / Étonnants classiques (Paris)
ISBN : 9782081212701 ; 3,00 € ; 28/02/2008 ; 115 p. ; Poche -
Premier amour [Texte imprimé] Tourguéniev trad. de Michel Rotislv Hofmann revue et corr. éd. de Odile Ardin,... et Matthieu Ardin,...
de Tourgueniev, Ivan Sergueïevitch Melnik-Ardin, Odile (Editeur scientifique) Ardin, Matthieu (Editeur scientifique) Hofmann, Michel-Rostislav (Traducteur)
Flammarion / G.F..
ISBN : 9782080720207 ; 3,00 € ; 04/01/1999 ; 165 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (14)
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Joli
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 14 novembre 2023
Lorsque Vladimir Petrovich Voldemar, âgé de seize ans aperçoit pour la première fois la jeune et belle princesse Zinaïda, il tombe en amour.
Contrairement à ce qu'on pourrait s'imaginer à la lecture des premières pages, on est loin du roman "fleur bleue" car les événements vont s'accélérer jusqu'à la déchirure finale.
Les personnages principaux sont :
- Vladimir Petrovitch : héros de la nouvelle, âgé de seize ans à l'époque des faits;
- Zinaïda3 Alexandrovna : jeune fille dont le héros est amoureux, âgée de vingt-et-un ans;
- Le père de Vladimir, Piotr : homme autoritaire et distant;
- Plusieurs personnes défilent chez la princesse, la plupart lui faisant la cour : le docteur Louchine, le poète Maïdanov, le comte Malievski, le hussard Belovzorov et le capitaine en retraite Nirmatski, Victor Ergorovitch;
- La mère de Vladimir
C'est, ma foi, un grand bonheur de se plonger dans ces ouvrages du passé qui ne font pas partie du "hit-parade" des lectures. Un régal de dénicher ses œuvres qu'on oublie dans la nuée des éditions actuelles, dont certaines ne valent pas le papier qui les imprime.
De nos jours on publie à démesure, beaucoup s'improvisent écrivains et internet y est sans doute pour quelque chose ainsi que les prix (nombreux et de tout acabit). Tout cela plonge le lecteur dans une grande interrogation. Le coût démesuré des livres incite l'acheteur à la prudence et à espionner les avis de ceux ou celles qui donnent en général des idées qui s'accordent avec les vôtres.
Un peu de délicatesse dans cette littérature de brutes
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 19 décembre 2018
Que nous sommes loin des trépidations et des excès d’un « toujours plus » actuel. Il est donc possible de disséquer un sentiment aussi doux qu’il peut être violent, l’amour, sans convoquer tous les démons et malversations de la Terre. Oui, on peut parler de l’amour, le disséquer ici, en examinant l’objet sous toutes ses facettes rutilantes, avec délicatesse, du bout des yeux et pourtant avec une intensité psychologique certaine. C’est qu’en plus c’est d’un « Premier amour » dont il est question ici, vous savez ce fameux premier amour que jamais on n’oublie et qui, dans ce cas précis, reste d’une platonicité avérée.
Vladimir Petrovitch a seize ans et il a quitté Moscou pendant l’été pour une villégiature à la campagne. Il doit étudier, vit de manière plutôt solitaire, protégé par sa mère, négligé par son père.
Mais la demeure d’à côté voit arriver, pour les mêmes villégiatures, une femme qui se donne beaucoup d’importance mais qui surtout se caractérise par une vulgarité extrême. Elle n’est pas seule. Elle est accompagnée de sa fille, Zinaïda Zassekine, un peu plus âgée que Vladimir mais surtout beaucoup plus « mûre ».
« Sa beauté et sa vivacité constituaient un curieux mélange de malice et d'insouciance, d'artifice et d'ingénuité, de calme et d'agitation. Le moindre de ses gestes, ses paroles les plus insignifiantes dispensaient une grâce charmante et douce, alliée à une force originale et enjouée. Son visage changeant trahissait presque en même temps l'ironie, la gravité et la passion. Les sentiments les plus divers, aussi rapides et légers que l'ombre des nuages par un jour de soleil et de vent, passaient sans cesse dans ses yeux et sur ces lèvres. »
Bing, Vladimir va tomber raide dingue amoureux. Pas de chance, la belle Zinaïda ne joue pas dans la même catégorie et s’avère une manipulatrice des plus perverses.
C’est tout ceci que va calmement, avec des mots choisis et une délicatesse d’orfèvre, nous conter Ivan Tourgueniev dans « Premier amour ». Et c’est rafraîchissant de constater qu’on peut en parler de cette façon. Ou du moins qu’on savait le faire …
Le journal d'une garce de trop
Critique de ALF (Ondres (40), Inscrit le 13 mars 2004, 44 ans) - 13 août 2008
Agé d'à peine seize ans, il rentre alors de plain-pied dans les jeux cruels et pervers de la sublime jeune femme qui, manipulatrice jusqu'au bout des ongles, s'est entourée de garçons de bonnes familles auprès desquels elle tente d'oublier qu'elle et sa mère sont fauchées comme les blés.
Pour faire plus court que Tourgueniev dont j'apprécie malgré tout la plume, cette peste de Zinaïda rappelle -la beauté en plus- une autre tête à claques, en l'occurrence la fameuse Nellie Oleson dans La Petite Maison Dans La Prairie.
La méchante de l'histoire? Oui et non, puisque la gamine va finir par trouver son maître, un homme calculateur et violent dont je vous laisse découvrir l'identité.
En partie autobiographique, ce court roman nous permet également d'apprendre que le père de Tourgueniev (zut, vous savez désormais qui est le méchant) épousa la mère de l'écrivain parce que celle-ci était immensément riche, possédant notamment plusieurs villages et des milliers de serfs...)...
Merveilleux...
Critique de Rebelle (Paris, Inscrite le 9 janvier 2005, 30 ans) - 14 mars 2006
J'ai découvert Tourgeniev à 9 ans (il y a environ 1an)avec "premier amour" et depuis je l'ai relu avec plaisir .
Grâce à CL ,j'ai découvert que Tourgeniev avait écrit d'autres livres et je me hâte de les lire!
Quand au contenu du livre, je pense que Kinbote a tout dit.
Personnellement,"Premier amour" m'a ouvert de nouveaux horizons en matière de littérature.
Rebelle- - 11ans- 14 mars 2006
Superbe !
Critique de Norway (Entre le Rhin, la Méditerranée et les Alpes !, Inscrite le 7 septembre 2004, 49 ans) - 29 octobre 2005
Si triste...
Critique de Manon (Paris, Inscrite le 31 juillet 2005, 35 ans) - 28 octobre 2005
Superbe !
un romain qui se lit comme on déguste une douceur!
Critique de Bibou379 (, Inscrite le 26 mai 2005, 40 ans) - 28 octobre 2005
Tragique... inévitable ?
Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 22 août 2005
La brillance de la langue de Tourgueniev est à elle seule une raison suffisante pour lire cette nouvelle de la fin du 19ème siècle.
On ne peut aussi qu’être sensible à la personne aimée, la princesse Zinaïda, dont la cruauté et la complexité changent des femmes aimées traditionnelles de l’époque. Notre héros, Tourgueniev lui-même, qui ne s’est jamais caché du caractère autobiographique de sa nouvelle, a à peine 16 ans et découvre l’Amour, dans toute sa force, dans tout le bien être et le mal être qu’il procure une minute après l’autre.
Incontestablement l’originalité de cette nouvelle se situe, notamment parce que nous sommes au 19ème, dans l’identité du rival.
Au-delà de cette intrigue, vite dénouée, la beauté de la langue et la force des sentiments du siècle place cette nouvelle dans le florilège des leçons d’amour que donne la littérature.
Que reste-t-il de nos amours ?
Critique de THYSBE (, Inscrite le 10 avril 2004, 67 ans) - 19 mars 2005
Et de plus, ce premier amour est validé par son père, seule « harmonie » réalisée avec lui sa vie durant. Comment ne pas conserver en sa mémoire un pareil sentiment et lui faire hommage par cette nouvelle.
Cette histoire nous touche, car qui n’est pas insensible au souvenir de sa première histoire d’amour, qu’importe soit-elle ?
le romantisme est cruel
Critique de Drclic (Paris, Inscrit le 13 mars 2004, 48 ans) - 13 avril 2004
C'est aussi une histoire vraie : le jeune héros Vladimir n'est autre que Tourgueniev !
Bis...
Critique de Folfaerie (, Inscrite le 4 novembre 2002, 56 ans) - 12 novembre 2003
Belle histoire...
Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 10 novembre 2003
Les ombres du soir
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 10 novembre 2003
Merci à Kinbote
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 10 novembre 2003
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