Crime et châtiment de Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski
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Catégorie(s) : Littérature => Russe
Moyenne des notes : (basée sur 43 avis)
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Lève toi et marche
Un mot sur l’histoire, pour ceux qui n’auraient pas encore lu ce livre. Raskolnikov, jeune étudiant, a une théorie particulière : il existe des êtres supérieurs pour lesquels la notion de mal habituelle ne s'applique pas. Cette élite est au-dessus de la masse obéissante des gens inférieurs et si pour atteindre un objectif noble une de ces personnes se voit obligée de commettre un crime elle peut et même doit passer outre les lois et les scrupules. Par exemple, est-ce qu'on accuse Napoléon d'être un criminel ? Bien sûr que non, au contraire on lui élève des statues.
Raskalnikov vit très pauvrement, il a arrêté ses études par manque de moyens, cependant il n'hésite pas à donner son dernier kopeck à une pauvre femme. Il est d'une grandeur d'âme immense, excessif cependant et orgueilleux. Il veut croire qu'il fait partie de cette élite et afin d'appliquer sa théorie il décide de voler et de tuer une vieille usurière, une femme malfaisante et inutile, d'utiliser l’argent pour réaliser de nobles desseins, ce qui rachètera amplement son acte. D'ailleurs en tuant la vieille il rend service au monde, en le débarrassant d'une vermine qui persécute les pauvres.
Toute les circonstances se mettent en place et jouent en faveur de la réalisation de son acte, ce qui fait dire que le diable s'en mêle. En plein délire, Raskalnikov sort de chez lui avec une hache et fracasse le crâne de la vieille. Commettre le crime est une chose, l'assumer une autre. Il est torturé par les dilemmes moraux, sa raison défaille. Il est seul, il ne vit plus dans le monde des hommes, il rejette sa mère et sa soeur qui l’adorent.
Le salut ne pourra venir que de Sonia, jeune femme d'une bonté immense qui se déshonore pour subvenir aux besoins des plus pauvres mais qui garde la pureté de coeur et du regard. C’est une martyre de la souffrance, l’incarnation de la foi ardente au Christ, une figure de la compassion infinie et d’acceptation de la souffrance qui porte son fardeau par amour du Christ mort sur la croix. Le jeune homme, respectueux de sa souffrance, s'agenouille devant elle et lui baise les pieds. Sonia veut sauver Raskalnikov, et pour elle son salut n'est possible que si il expie son crime, si il se reconnaît coupable devant tous, se met à genoux devant les hommes la face par terre. Elle l'encourage à porter sa croix.
Il faudrait parler des autres personnages : de Marmeladov, le père de Sonia, pauvre hère alcoolique qui meurt en laissant sa famille dans la misère totale. Du juge d’instruction Porphyre Petrovitch et du terrible jeu du chat et de la souris auquel il se livre avec Raskalnikov. De Svidrigaïlov, le pendant sombre de Raskolonikov qui lui ne trouvera pas la voie de la rédemption, et des autres personnages, tous fascinants, excessifs, outranciers, qui font de ce roman monumental une mine. Tout est démesuré : les personnages, les coups de théâtre, les scènes, les dialogues ahurissants qui se succèdent en feu nourri. On rit et on pleure. Sur l’épaisseur du livre on a du mal à trouver quelques longueurs, qui permettent de reprendre souffle, car sinon ce livre se lit d’une traite, avec feu. C’est une lecture qui secoue, qui remue au profond de nous car à travers ses personnages outranciers Dostoïevski nous parle de nos propres travers, de nos propres vies et interrogations. Le fond comme la forme atteignent un degré de perfection jamais atteint, on peut presque dire que ce livre rend les autres lectures insignifiantes.
Les éditions
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Crime et châtiment [Texte imprimé], suivi du Journal de Raskolnikov Dostoïevski préf. de Georges Nivat,... trad. de D. Ergaz, V. Pozner
de Dostoïevski, Fedor Mikhaïlovitch Nivat, Georges (Préfacier) Pozner, Vladimir (Traducteur) Ergaz, Doussia (Traducteur)
Gallimard / Classique
ISBN : 9782070392537 ; 13,00 € ; 24/01/1995 ; 728 p. ; Poche -
Crime et châtiment [Texte imprimé], roman Fédor Dostoïevski trad. du russe par André Markowicz
de Dostoïevski, Fedor Mikhaïlovitch Markowicz, André (Traducteur)
Actes Sud / Babel (Arles).
ISBN : 9782742709090 ; 7,98 € ; 06/11/1996 ; 480 p. ; Poche -
Crime et châtiment
de Dostoïevski, Fedor Mikhaïlovitch
le Livre de poche
ISBN : 9782253082507 ; 8,60 € ; 27/02/2008 ; 704 p. ; Poche -
Crime et châtiment [Texte imprimé] Dostoievski introduction par Pierre Pascal ; traduction et notes par D. Ergaz, V. Pozner, B. de Schlœzer, H. Mongault... [etc.]
de Dostoïevski, Fedor Mikhaïlovitch Pascal, Pierre (Autre)
Gallimard / Bibliothèque de la Pléiade.
ISBN : 9782070101740 ; 53,00 € ; 01/12/1950 ; 1274 p. ; Relié -
Crime et châtiment [Texte imprimé] Fedor Dostoïevski traduit du russe par Victor Derély
de Dostoïevski, Fedor Mikhaïlovitch Derély, Victor (Traducteur)
Archipoche / La Bibliothèque du collectionneur (Paris)
ISBN : 9782352875000 ; 10,00 € ; 09/10/2013 ; 776 p. ; Broché -
Crime et châtiment [Texte imprimé] Dostoïevski traduction, présentation et chronologie par Pierre Pascal bibliographie mise à jour en 2011 par Victoire Feuillebois
de Dostoïevski, Fedor Mikhaïlovitch Feuillebois, Victoire (Editeur scientifique) Pascal, Pierre (Traducteur)
Flammarion / G.F.
ISBN : 9782081240988 ; EUR 7,49 ; 14/01/2015 ; 720 p.
Les livres liés
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Les critiques éclairs (42)
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La meilleure oeuvre de Dostoïevski
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 53 ans) - 26 août 2022
Mais ici, dans « Crime et châtiment », il réussit malgré cela à faire conserver à son roman une grande homogénéité et n’en est pas distordu comme on peut le constater ailleurs dans ses autres grands romans. Homogène, dense et complexe, voilà ce qu’est ce roman, avec beaucoup de scènes dramatiques, pas seulement celle de l’assassinat, bien sûr, mais bien d’autres, avec tous ces personnages qui dépassent la mesure, chacun à leur façon. Tout le roman n’est quasiment qu’une succession de scènes fortes et de dialogues enfiévrés, et qui s’agencent nécessairement entre eux. J’imagine tout l’énorme travail que ça a dû représenter pour édifier une aussi prolifique et précise construction, avec pour thèmes de fond les grandes questions philosophiques et morales sur le crime et ceux qui le commettent.
La meilleure œuvre de Dostoïevski que j’ai lue. Et pourtant, je n’arrive à qualifier « Crime et châtiment » de chef d’œuvre absolu. Je crois que j’aurai toujours un peu de mal avec lui !
Une âme russe
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 20 octobre 2019
Entre roman social, psychologique et polar, Dostoïevski livre une galerie de caractères très marqués. Ils structurent le récit autour de son personnage principal et dépeignent la société pétersbourgeoise. Cet environnement fascinant aide à supporter le désagréable Raskolnikov dans ses atermoiements et ses délires, alternant abattement et exaltation, qui subitement, de façon inexplicable voire décevante, finit par trouver une forme d'apaisement.
Un monument intimidant tant ce texte est parfait.
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 10 juillet 2018
Le personnage de Rashkolnikov n'a pas fini de hanter ma mémoire et mon imaginaire. Cet assassin qui tue un "pou" comme il le dit lui-même, cette vieille usurière, devient un être fascinant. Et combien il est pesant pour le lecteur de voir combien il s'enlise dans le silence, les mensonges, dans cette peur d'être découvert ... Et puis, il y a toutes ces histoires secondaires où ne règnent que misère, violence et exploitation. Combien de personnages manipulent dans ce roman grâce à leur langage ou grâce à l'argent ! Certaines scènes sont bouleversantes et inoubliables : il y a des figures féminines dans ce roman qui sont de véritables héroïnes tragiques comme cette jeune fille qui se prostitue pour nourrir sa famille ou ses mères aimantes et désemparées face à certaines situations atroces.
Il y a aussi le personnage de Razoumikhine, cet ami sur lequel Rashkolnikov pourra compter même si parfois il le malmène. Dostoïevski parvient à créer des personnages avec tant de vitalité et de précisions qu'on a le sentiment de les connaître. Le lecteur a de l'antipathie pour Loujine et pour ce policier qui semble dès le départ convaincu de la culpabilité du personnage principal, mais qui durant trois longues rencontres va le cuisiner, jouer sur l'implicite, le manipuler pour arriver à son but.
La psychologie des personnages est fouillée. On suit les moindres sursauts de la pensée de Rashkolnikov, ses angoisses et ses suppositions, ce qui rend parfois le roman très troublant car le lecteur s'identifie malgré lui. Il est des moments où on condamne le personnage, d'autres où l'on est compatissant. Les relations humaines sont elles aussi très bien dépeintes que ce soit la relation fraternelle entre le héros et Dounia, celle qui unit un géniteur et son enfant, celle de l'amitié ... Dostoïevski est un merveilleux peintre des âmes et plonge son lecteur dans un univers quelque peu inconfortable et quel conteur ! On ne peut échapper à son récit. Il est aussi très habile dans sa rédaction quant au rythme. il sait comment relancer sa narration par des coups de théâtre. Les effets de surprise sont nombreux, le hasard intervient souvent et le récit est toujours aussi captivant.
Ce roman est parfait. Prenant. Bouleversant. Profondément humain.
Dure dure...
Critique de Pierrot (Villeurbanne, Inscrit le 14 décembre 2011, 73 ans) - 19 janvier 2018
-Trop ardu, pour toi, qui me dis !
-Ah que oui, qu’je lui réponds
-Bien sûr, ce Raskolnikov qui fend le crâne à deux femmes coup sur coup, ça t’as pris la tête hein avoue ? Et qu’ensuite, en plus, il soit prit au jeu de chat et de la souris, c’est trop pour toi.
-Ça c’est vrai, qu’ je n’aurais pas dû, acheter chat en poche, mais bien vérifier avant !
Une leçon de psychanalyse
Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 17 janvier 2017
Bien mais long
Critique de Morphée (, Inscrite le 7 décembre 2005, 44 ans) - 2 novembre 2015
LE roman psychologique.
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 21 janvier 2015
Comment un jeune homme, certes ambitieux, bascule-t-il dans le meurtre et l’opprobre sociale afin de servir son ambition… Sous le couvert d’une théorie douteuse sur la Morale, le « héros » va donc forcer la chance pour accélérer la conclusion de son destin… mais bientôt le remords, le sentiment de culpabilité vont jouer leur rôle de sape et Raskolnikov ira lui-même se livrer à la police, ne supportant plus le jeu cruel du juge auquel ils doit faire face. Et ainsi, la Justice, sans réelle preuve, fait main basse sur le criminel qui se livre. Evidemment, le lecteur sait par avance que le meurtrier se livrera, sa valeur en tant qu’Homme produit de la civilisation ne peut qu’aboutir à cette conclusion.
Admirable tant au niveau de l’écriture et de l’enchaînement des faits (la construction du récit), le roman est un modèle de classicisme dans la meilleure acception du terme, l’un des ouvrages les plus connus de Dostoïevski,. Ici, tout concourt à faire de ce roman une pièce maîtresse de la littérature mondiale ; les personnages surtout ont chacun une épaisseur particulière qui fait que le lecteur parvient à cerner les intentions et la « personnalité » de chacun d’entre eux. Les liens familiaux, les valeurs de la société russe, les croyances, la culture, tout cela, sans qu’ils soient nécessairement explicités en détails ni ouvertement expliquent les actions et les comportements de ces personnages qui rendent l’ensemble si attachant.
A noter que l’édition de la Pléiade est assez décevante. Si le texte est impeccable, rendu par une traduction très soignée, l’appareil critique est lui minimal… quelques notes éparses et souvent inutiles, pas de commentaires sur l’œuvre ni l’histoire éditoriale. A noter encore que ce volume livre « Le journal de Raskolnikov « et « les cahiers de Crime et châtiment » qui n'offrent l’un et l’autre que peu d’intérêt au non-spécialiste.
Le meilleur livre que j'ai jamais lu !
Critique de Fredericlang (, Inscrit le 16 novembre 2014, 54 ans) - 23 novembre 2014
Un chef d'oeuvre.
Difficile d'apporter sa petite note personnelle à un tel roman.
Après l'avoir lu à l'âge de 20 ans, je viens de le relire avec tout autant de passion.
On vit l'histoire, aux côtés des personnages.
On respire, on craint, on espère, à leur place.
Toute la Russie et son extravagance repose dans ce roman.
Ca tombe bien, je vais pour Noël à Saint-Pétersbourg !
chef-d'oeuvre absolu
Critique de Zazazou (Paris, Inscrite le 14 juillet 2013, - ans) - 19 août 2013
Une lecture qui m'a bouleversée. C'est grâce à ce livre que je suis entrée en Littérature.
Si l'on ne devait lire qu'un seul roman, je pense qu'il faudrait que ce soit celui-là.
Pour les amateurs de classiques !
Critique de Dareel (, Inscrite le 23 juillet 2013, 35 ans) - 23 juillet 2013
On suit donc l'histoire de Raskolnikov, étudiant pauvre et désireux de changer sa situation, qui décide de commettre un crime. Tout au long de cette oeuvre, on découvre les tribulations du meurtrier après qu'il a commis son meurtre. Sa descente aux enfers, la maladie qui le saisit, ses questions, ses craintes, ses réactions vis-à-vis de son entourage.
Nombreux sont les personnages dans ce livre, et l'auteur nous conte l'histoire de chacun, ce qui multiplie les rebondissements quant à leurs sorts à la fin du roman.
En gros, ce roman traite du crime, et du châtiment que s'inflige lui-même le meurtrier lorsqu'il s'agit de peser et vivre les conséquences de son acte.
Le roman se passe dans une seule et même ville, dans des décors somme toute assez restreints. Les personnages sont souvent appelés par leur surnom et c'est donc un peu le bazar au début, mais on se surprend à s'y faire très vite !
Je recommande fortement cette oeuvre aux amateurs de classiques, vous ne serez pas déçu ! Le style d'histoire me rappelle pas mal les oeuvres de Charles Dickens, dans l'écriture et la structure. Bref, à lire !
Oeuvre majeure
Critique de Hamilcar (PARIS, Inscrit le 1 septembre 2010, 69 ans) - 18 mars 2013
Je ne m'attarderai pas sur la trame du roman et les questions qui s'y posent. Un homme tue et suppose qu'il en a le droit. Les tourments et les inquiétudes qui suivent forcent encore plus le trait des personnages. Ce roman est un tableau de maître. Celui d'une Russie fin 19° siècle, victime de ses errances et ses abandons sociaux.
Tout en un!
Critique de Prouprette (Lyon, Inscrite le 5 février 2006, 40 ans) - 25 février 2013
Juste un peu déçue d'être sûrement passée à côté de la grandeur de l'écriture de Dostoïevski car, à mon avis, la traduction que j'ai lue était limite médiocre.
Chef d'oeuvre
Critique de Salocin (, Inscrit le 12 décembre 2012, 43 ans) - 4 janvier 2013
On a l'impression que chez Dostoïevski tout est fou. Son écriture que je qualifierais volontairement de "frénétique" : c'est en effet un adjectif qui revient souvent pour caractériser ses personnages. Ses personnages : l'état maladif de Raskolnikov au moment et après le crime, le suicide de Svidrigaïlov.... L'idée même du roman est folle : justifier les crimes commis par les personnes intellectuellement supérieures, qui contrairement à Raskolnikov, ont la force de ne rien regretter. Raskolnikov ressassant son geste se rend compte qu'il n'a pas cette force de caractère des gens supérieurs. Qu'il n'en n'est donc pas un. Qu'il n'avait donc pas le droit de tuer et qu'il ne mérite que le bagne. Ce qui fait penser à Raskolnikov l'idée monstrueuse suivante : "Voilà en quoi seulement il se reconnaissait un crime : le seul fait de n'avoir pas été capable de le supporter, et d'être venu se dénoncer lui même".
Et pourtant je crois que Dostoïevski en écrivant cela renverse complètement la théorie de Raskolnikov : par sa dénonciation, Raskolnikov prouve au contraire qu'il est un être humain, et non un monstre, et que la vie humaine est tellement sacrée qu'on ne doit pas y porter atteinte. Et qu'en tant qu'être humain rempli de faiblesses, il a le droit au pardon, il a le droit à la "régénérescence", idée évoquée à la toute fin du livre.
Dostoïevski a tout compris sur l'homme. Jamais je n'ai lu jusqu'à présent un écrivain qui décrit avec autant de force, de vérité, de justesse, ce que peut être la nature humaine. Un passage m'a particulièrement marqué que j'ai lu justement à un moment de faiblesse personnelle. Je vous le cite, c'est une description de Raskolnikov par Razoumikhine :
"Je connais Rodion depuis un an et demi: il est sombre, renfermé, hautain et fier ; ces derniers temps (et peut-être bien avant) susceptible et hypocondriaque. Généreux et bon. Ses sentiments, il n'aime pas les exprimer, et il préférera être cruel plutôt que d'exprimer son coeur avec des mots. Parfois, du reste, il est tout sauf hypocondriaque, mais simplement froid et insensible jusqu'à être inhumain, vraiment, comme s'il avait deux caractères contradictoires qui se succèdent en lui. Parfois terriblement muet ! Il n'a jamais le temps, on le dérange toujours et, lui, il reste couché, il ne fait rien. Il n'aime pas se moquer, et pas parce qu'il ne sait pas faire un mot d'esprit, mais comme s'il n'avait pas de temps à perdre avec ses vétilles. Il n'écoute pas la fin de ce qu'on dit. Il ne s'intéresse pas à ce qui intéresse tout le monde au même moment. Il s'estime au plus haut point et, semble-t-il il a un certain droit de le faire. Bon, quoi d'autre ? ..."
Voilà c'est très sombre mais je suis certain que chacun pourra à un moment ou à un autre, surtout dans des moments personnels difficiles, se reconnaître dans quelques-uns de ces mots qui pour moi résument tout.
Vraiment, un chef d'oeuvre.
Crime et châtiment de Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski
Critique de Lateteailleurs (, Inscrit le 1 février 2012, 57 ans) - 19 décembre 2012
Un éblouissement tout simplement
Critique de Kian996 (, Inscrit le 30 juin 2012, 28 ans) - 16 novembre 2012
Un seul défaut...
Critique de Pazuzu (, Inscrit le 10 mai 2012, 52 ans) - 4 septembre 2012
Mais si on fait l'effort de passer outre ces défauts (et il faut faire un effort considérable...) on se retrouve devant une oeuvre qui nous parle et nous apprend certaines choses.
A découvrir impérativement, mais accrochez-vous ....
Littérature avec un grand L
Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 20 juin 2012
L'histoire nous fait vivre les différentes phases de l'esprit de Raskolnikov après son crime. Il passe par le mal-être, la médiocrité, la fuite puis la colère, l'orgueil presque la rédemption, mais jamais par la culpabilité. Se basant sur sa théorie des êtres exceptionnels, qui par leur destin, sont placés au dessus des lois, il gamberge et modifie son comportement tout au long du chemin qui le mène à son châtiment.
Roman psychologique sur la nature humaine, "Crime et châtiment" se doit d'être lu pour la qualité de sa plume, mais le manque de péripéties et la lenteur des évènements, m'empêche de l'élever au rang de chef d'oeuvre.
Long!!!
Critique de PaulArthur (Lille, Inscrit le 10 décembre 2011, 29 ans) - 11 décembre 2011
Ce récit est le plus terrible et bouleversant de la littérature. On devient rapidement accro, tout en sachant que cela ne nous fera que du mal, psychologiquement parlant. Crime et Châtiment possède la puissance et la drogue de l'alcool: on en devient dépendant tout en plongeant dans l'absolu noirceur et misère de l'esprit raskolnikovien.
Pas de panique on en sort indemne en fermant la quatrième de couverture! Enfin peut-être...
Le pire dans ce livre, c'est que Raskolnikov a probablement raison: il existe une catégorie d'hommes supérieurs intellectuellement, qui s’octroierait le droit de "se débarrasser des obstacles" comme de la vieille Hélène (une idée un peu à la Nietzsche). Elle existe. Elle est là parmi nous. Autour de nous. Et le vrai drame c'est que Rodion Romanovitch n'en fasse pas partie. Sois banal et ne fais pas de vagues ou meurs.
Un livre bouleversant, choquant, puissant, dramatique.
L'un des meilleurs que ma courte vie m'ait donné de lire.
Un six étoiles!
bon livre
Critique de Dantes (, Inscrit le 6 décembre 2011, 39 ans) - 6 décembre 2011
livres psychologique et dur à lire.
Théâtre et mouvement
Critique de Perlimplim (Paris, Inscrit le 20 mars 2011, 48 ans) - 5 août 2011
Un roman bouleversant
Critique de Val11 (, Inscrite le 14 juillet 2011, 60 ans) - 14 juillet 2011
le drame de la conscience
Critique de Augustus (, Inscrit le 6 juillet 2011, 58 ans) - 7 juillet 2011
Et puis, il y a un série de personnages étonnants - l'enquêteur, notamment, qui est une sorte de philosophe. Il faut lire ce livre durant l'adolescence, car c'est justement à ce moment qu'on a besoin de comprendre comment la conscience se forme.
On a là l'un des plus grands romans de toute l'histoire de la littérature.
Crime et Châtiment
Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 3 juin 2011
Philosophique?..Romanesque?..Classique?..Moderne peut-être...
Critique de Cccp (, Inscrit le 31 mai 2011, 41 ans) - 31 mai 2011
Mais je me vois dans l'incapacité de dire quelque chose d'intelligent sur ce livre sans rapporter mes analyses à mon nombril ; chose courante chez les lecteurs de Dostoïevski.
Serait-ce vraiment intelligent alors ?
Dostoïevski ne parle pas psycho, philo, encore moins socio, Dostoïevski touche par ses non-dits aux ressorts de la psyché humaine.
Ses romans se lisent ou pas, se vivent ou pas ; dans tous les cas soyez certains qu'il n'est pas d'esprit aimant ou non son oeuvre que Dostoïevski n'a dépeint de près ou de loin dans un de ses textes.
Et me voila piégé par mon nombril...
Amour et rédemption
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 30 mai 2010
Les premiers chapitres nous plongent dans l’esprit torturé (mélange d’intelligence, de sensibilité outrancière, d’égoïsme, d’orgueil) de Raskolnikov. Mon appréhension était grande car j’ai cru retrouver le héros de La Faim de K Hamsun que j’avais eu beaucoup de mal à supporter…
Mais Raskolnikov n’est pas si veule et se croit appelé à un grand avenir qui l’autorise à s’affranchir de la morale commune et à commettre un crime. Sa théorie scabreuse sur la richesse et la misère, sur la fin qui justifie les moyens pour améliorer la justice sociale, évoque à la fois les théories socialistes déjà en vogue en Russie et la philosophie nietzschéenne à venir.
Le crime constitue la véritable ouverture du roman et ouvre la voie à deux fils conducteurs passionnants.
D’une part, l’enquête policière digne des grands polards avec les méthodes psychologiques de Porphyre Petrovitch qui se livre à un jeu impitoyable et patient du chat et de la souris.
D’autre part, la plongée puis à la rédemption du héros, soutenu par la figure quasi christique de Sonia qui après avoir payé de son corps pour soulager sa famille va se dévouer corps et âme pour sauver Raskolnikov.
C’est un roman impressionnant, à la construction rigoureuse (malgré quelques raccourcis un peu faciles comme l’épilogue ou intervention de Lebetzianikiv pour sauver Sonia injustement accusée par Loujine)
Tout repose sur les ressorts psychologiques. L’évolution du criminel avant le crime, lors de sa planification et de son exécution, puis dans la gestion des conséquences. Mais aussi Porphyre Petrovitch et Sonia déjà évoqués, le machiavélique et ignoble Loujine, le généreux et optimiste Razoumikhine…
C’est un roman ponctué de scènes inoubliables, le crime bien sûr mais aussi les dialogues entre Porphyre Petrovitch et Raskolnikov, le repas qui suit l’enterrement de Semion Zakharitch…
Et malgré la misère, la corruption, l’alcoolisme (je me demande dans quelle mesure ces étudiants affamés, ces femmes phtisiques qui meurent d’épuisement, ces adolescentes qui se prostituent sont des archétypes des romans européens du XIX ou des réalités sociales répandues ?), c’est un roman sur l’amour, la quête de pureté et la rédemption.
que de longueurs...
Critique de Alexnoc (Carignan, Inscrite le 6 septembre 2005, 45 ans) - 28 mai 2010
Mais passé ce cap: que de longueurs! Même les dialogues n'apportent pas de rythme... alors je les vois déjà les puristes, prendre leur tête dans leurs mains en disant que décidément, certains ne comprennent rien à la littérature; je les entends même déjà crier lorsqu'ils vont savoir que j'ai décroché à 100 pages de la fin; et au risque de dénoter avec les critiques presque exclusivement élogieuses laissées avant la mienne, je trouve que cette oeuvre est tout de même bien éloignée des romans de Zola, à qui Dostoïevski est si souvent comparé...
C'est... c'est... c....'...e...s...GRANDIOSE
Critique de Matthias1992 (, Inscrit le 27 août 2007, 32 ans) - 8 septembre 2009
Inoubliable
Critique de Martell (, Inscrit le 27 février 2004, 61 ans) - 10 mai 2009
Une galerie de sacrés personnages!
Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 18 avril 2009
Les baisses de rythme sont rare, entrecoupant des passages qui restent gravés dans la tête du lecteur provoquant chez ce dernier une fièvre l'empêchant de lâcher le bouquin!
Ces moments sont nombreux et intenses à l'instar des confrontations entre Raskolnikov et Porphyre Petrovich. L'on peut d'ailleurs comparer ces rencontres à une course poursuite verbale où le "héros" doit esquiver les insinuations et divers pièges tendus par le procureur. Pleines d'intelligence, ces situations d'extrême tension se dévorent et l'on en redemande.
Mais résumer Crime et châtiments à ce duel serait réducteur car comme pour les Frères Karamazov, l'œuvre est avant tout une galerie de personnages parfois atteints de folie, parfois d'une pureté aveuglante (Sonia) mais toujours humains et vivants. Ils peuvent inspirer le dégoût (Svidrigaïlov) et le moment d'après paraître proches de nous.
Il en résulte des bouleversements, des réflexions mais l'on vit sa lecture à travers ces personnages, les aimant finalement tous un peu... pour ce qu'ils sont.
Amour et Foi
Critique de Jocelyn (, Inscrit le 19 septembre 2008, 77 ans) - 19 septembre 2008
Difficile d'écrire une critique argumentée de ce roman. Parfois le beau s'impose, et on perdrait son temps à trop vouloir l'élucider.
Des scènes inoubliables : le discours du père de Sonia à Raskolnikov, le meurtre, l'interrogatoire, les aveux à Sonia.
Un livre sur la folie et le désespoir, sur Dieu et le pouvoir des Evangiles, sur le salut d'un homme.
Et surtout, cette marche finale... ce regard... apothéose… à pleurer...
La plus belle histoire d'amour que j'aie jamais lue.
Mort et résurrection d'un homme
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 5 avril 2008
Mais Raskolnikov, avec ce crime, ne tue pas seulement une vieille femme mais c'est lui-même qu'il assassine. Dès lors que le crime est consommé, il sera torturé par la peur d'être découvert qui ne lui laisse pas une minute de répit, lui imposant par le fait même un châtiment digne de l'odieux acte qu'il a commis.
Dostoïevski aborde les thèmes qui lui sont chers dont l'existence de Dieu, le sens de la vie, la moralité, les préjugés sociaux, la lutte de l'homme pour la survie, la misère, la mort, le suicide, la débauche et enfin l'espoir.
Mais ce qui m'a le plus étonné de la part du personnage principale, c'est l'absence totale de remords envers son crime. Son seul regret, c'est d'avoir échoué dans son projet de vie nouvelle et de s'être livré lui-même. Mais avait-il le choix ? Non, car Raskolnikov est un être ambigue qui ne peut vivre avec la sensation de risquer à tout moment d'être pris. Le jeune homme ne se considère-t-il pas comme un être supérieure à l'abri des lois et dont la fin justifie les moyens ? Il a d'ailleurs commis un article sur le sujet qui explique avec éloquence ses idées nouvelles sur la justice sociale.
"Mon crime ? Quel crime ? fit-il dans un subit accès de colère. Celui d'avoir tué une vermine sale et malfaisante, une vieille usurière nuisible, qui suçait la sang des pauvres gens ? Un crime, ce meurtre qui devrait me valoir l'indulgence pour tous mes péchés ? Je ne le peux pas et ne songe nullement à l'effacer. Et qu'ont-ils tous à me crier de tous côtés : "C'est un crime, un crime !""
"Un sang que tout le monde verse, reprit-il avec une véhémence croissante. Il a toujours coulé, et il coule encore à flots sur cette terre ; les gens qui le répandent comme du champagne montent ensuite au Capitole et sont proclamés les bienfaiteurs de l'humanité."
Le personnage de Svidrigaïlov est aussi très intéressant. Il m'a rappelé le Victor du "Docteur Jivago" de par son côté lubrique, cynique et débauché.
Ce livre peut sembler pessimiste mais les dernières pages sont radieuses et remplies de joie de vivre. Des pages magnifiques qui m'ont émue. J'y ai reconnu le Dostoïevski de "Souvenirs de la maison des morts".
Un très grand livre
Un incontournable de la littérature
Critique de JEANLEBLEU (Orange, Inscrit le 6 mars 2005, 56 ans) - 24 novembre 2006
Dostoïevski sait faire jaillir de véritables illuminations au sein de la grisaille du quotidien.
Dostoïevski, c'est aussi l'incarnation de l'âme slave avec ses côtés tantôt fatalistes tantôt "révolutionnaires".
De l'ombre à la lumière
Critique de Oxymore (Nantes, Inscrit le 25 mars 2005, 52 ans) - 15 novembre 2006
Torturé et orgueilleux, Raskolnikov va en arriver à tuer une vieille usurière et sa soeur afin d'obtenir l'argent nécessaire à ses ambitieux desseins de carrière. C'est d'ailleurs dans la bouche de Loujine que Raskolnikov entendra la démonstration de son geste fatal
La science, elle, nous dit: aime-toi d'abord toi-même, avant les autres, car tout au monde est basé sur l'intérêt individuel.... Une idée simple mais qui, par malheur, ne nous était pas venue pendant trop longtemps, repoussée qu'elle était par notre exaltation et notre inclination au rêve
Ce à quoi Raskolnikov répondra plus loin
Poussez les grands discours que vous venez de nous faire jusqu'à leurs conséquences, la conclusion sera qu'on a le droit d'assassiner les gens
La misère sociale s'oppose beaucoup à la pensée moderne dans Crime et châtiment, non pas pour excuser l'impardonnable mais pour justifier un geste extrême vu comme un appel au secours, un cri ultime et Razoumikhine, ami de Raskolnikov, d'évoquer une soirée ou les discussions étaient enflammées..
ça a commencé par l'opinion des socialistes. On la connait cette opinion: le crime est une protestation contre le défaut de la structure sociale
La duplicité de Raskolnikov est en permanence présente puisqu'il est tiraillé entre le remords incessant, pesant qui le pousse bientôt à une forme de folie intérieure et la justification de son acte par ses idées retrouvées par l'enquêteur Porphiri dans un article; voilà comment s'exprimait Raskolnikov dans un papier:
...il existerait sur terre, disons, certaines personnes qui ont le droit le plus total de commettre toutes sortes de désordres et de crimes et, soi-disant, elles seraient comme au dessus de la loi..... il y a les hommes ordinaires, c'est à dire un matériau, de nature conservatrice, respectueux de l'ordre, des hommes qui vivent dans l'obéissance, c'est leur devoir d'obéir. La deuxième catégorie, ce sont des hommes qui enfreignent la loi, ce sont des destructeurs. Les crimes de ces hommes sont relatifs et multiformes.... ils exigent la destruction du présent au nom d'un avenir meilleur
Pourtant cette pensée horrible de Raskolnikov va s'opposer à l'humanisme de Sonia. L'assassin et la prostituée se trouvent et chacun porte sa croix; Raskolnikov poussé à bout par Porphiri va sortir de son ornière et retrouver le chemin de la rédemption.
si je le laisse seul, si je m'abstiens de l'arrêter mais qu'il sache, à chaque heure que je sais tout... c'est le tournis qui s'y met, il viendra de lui-même
L'allégorie que représente la résurrection de Lazare mène aussi Raskolnikov vers la lumière, l'aveu; Dostoïevski montre encore ici l'importance de la religion, Sonia qui incarne la piété montre la voie de la raison à l'impie Raskolnikov sans pourtant le juger complètement.
Dounia va reconnaitre elle-même la possibilité du pardon dans l'horreur quand son frère lui dit: Je suis un homme vil Dounia
Un homme vil, mais qui est prêt à marcher vers la souffrance!... si tu t'en vas vers la souffrance, est-ce que tu ne laves pas déjà la moitié de ton crime ?
Crime et châtiment est donc une oeuvre merveilleuse là encore, marquée par le pardon et l'amour; ici rien n'est irréversible, l'espoir existe dans le désespoir, la lumière dans le noir, le souffle de la vie dans la phtisie et la moiteur de la mort.
Dieu y est toujours présent mais pas dans la moralisation et la bondieuserie mais l'amour des femmes de Raskolnikov, sa mère, sa soeur et Sonia. Le roman pose aussi la question de la lâcheté et du jusqu'au-boutisme au travers du parallèle qui est fait entre Raskolnikov et Svridrigaïlov (ancien employeur tyrannique de Dounia), ce dernier ayant lui aussi eu à faire à un remords qui le poussera vers un chemin que n'osera prendre Rodion.
Pour finir j'ai cru voir dans cette oeuvre splendide la certitude de la résurrection morale et spirituelle de Raskolnikov et ce même si le bagne doit en être son chemin de croix.
Passionnant polar russe ;)
Critique de Wmgec (, Inscrit le 21 juillet 2005, 55 ans) - 10 novembre 2006
Ici, j'ai été captivé par l'intrigue en elle-même. Certes, il y a la profondeur psychologique des personnages et les questions philosophiques qui découlent de leurs actions et motivations(principalement Raskolnikov). Néanmoins, cet aspect-là ne m'a pas passionné. Non, ce qui m'importait était de savoir ce qui allait se passer. Et c'est aussi en cela qu'il est un chef d'oeuvre. Il peut également se lire au premier degré comme un roman policier. J'en vois déjà qui bondissent au plafond mais j'assume.
Alors bien sûr, on ne peut pas lire ce roman sans qu'il nous interroge sur l'âme humaine et "la morale": Raskolnikov capable du bien comme du mal, n'est-il qu'un petit arriviste qui se cache derrière une théorie fumeuse, devient on un surhomme en s'affranchissant et transgressant les règles morales pour se hisser au dessus du lot. Un meurtre est-il justifiable ? patati patata
Néanmoins cet aspect là , certainement révolutionnaire à son époque, et certes toujours d'actualité (c'est en cela qu'il constitue un "classique") m'a paru très scolaire (idéal pour le bac philo) et un peu trop sérieux (ceux qui sont redescendus du plafond peuvent y retourner). La réalité la plus sordide offre toujours un côté burlesque.
900 pages où on ne s'ennuie pas un instant et où on explore les "tréfonds de l'âme humaine" (
Raskolnikov, comme dans un miroir...
Critique de Neko (Paris, Inscrite le 19 août 2006, 36 ans) - 19 août 2006
Nous voici plongés dans les coins les plus secrets et sombres de l'âme humaine, par l'intermédiaire d'un être notablement sinueux et torturé, Raskolnikov. Jeune homme incarnant à lui seul tous les visages de l'humanité, ses contradictions surtout : égoïste et généreux, tour à tour courageux puis lâche, fier mais rongé de culpabilité, d'une intelligence aiguë mais d'une sensibilité exacerbée... Et c'est bien là le génie de Dostoïevski, rarement un être humain n'a été aussi bien décrit, cohérent dans ses incohérences, si singulier et pourtant universel, figure christique à la recherche de la rédemption.
Cette rédemption, Raskolnikov la cherche au milieu d'une galerie de personnage tous plus réussis les uns que les autres, chacun mettant en exergue un des aspects de sa personnalité, lui opposant chacun une nouvelle difficulté. Si le juge Petrovitch représente un grand danger pour notre héros (l'arrestation, preuve que sa théorie est fausse), qu'en est-il de Dounia, la soeur chérie, pourtant si menaçante dans son affection, dont les affaires conjugales, source d'inquiétude, le maintiennent autant dans la réalité qu'elles n'accentuent son délire ?
Cette rédemption, surtout, Raskolnikof la cherche au coeur de St Petersbourg, ville des villes, mouvante, suante, superbe et cruelle, grouillante de misère ; peut-être une des figures centrales du roman. Chaque rue, chaque bâtiment, chaque canal de la cité a son importance et fait écho des tourments internes de Raskolnikof. Pour trouver enfin la paix, il devra s'exiler au bout du monde, là où la machine humaine n'a pas encore corrompu le coeur des choses.
Cette rédemption, enfin, Raskolnikof la trouve en la personne de Sonia, seul ilôt de lumière au milieu de toute cette noirceur. Putain mais plus digne que bon nombre de ses contemporains (et des nôtres !!), elle seule tendra réellement la main à Raskolnikov, et touchera l'être sensible et juste qu'il avait perdu en lui-même. Toute imprégnée de sentiments fervents que soit la jeune femme, il ne me semble pas pourtant qu'il faille voir seulement une morale religieuse à cette incroyable histoire. (Moi qui suis une athée convaincue, cela me semble évident.) Sentence vieille comme le monde et pourtant tellement vraie, c'est bien l'amour qui sauvera l'âme "d'une prostituée et d'un assassin".
Pour être franche, j'ai mis près de neuf mois à lire C&C, mais il ne faut pas y voir un quelconque signe de lassitude, bien au contraire. Les grands livres se méritent, celui-ci en est un. Pour le savourer, l'apprécier à sa juste valeur, la concentration était nécessaire, j'ai pris mon temps. Peut-être aussi par peur de ce que j'allais y trouver, tant il est vrai que lire la vie de Raskolnikov est comme se regarder dans un miroir... Et si le salut était impossible ?
En résumé (j'ai encore trop écrit), une lecture difficile, mais incontestablement un chef d'oeuvre !
chef-d'oeuvre incontestable
Critique de Cléliadeldongo (, Inscrite le 21 juillet 2004, 36 ans) - 25 février 2006
Bien mais vraiment sans plus
Critique de Pro2501 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2005, 35 ans) - 31 octobre 2005
Je m'attendais à beacoup mieux, et à part les quelques phrases donnant de sages conseils je ne vois pas du tout en se livre le "chef d'oeuvre" de Dostoïevski. Un roman bien mais pas indispensable.
Eric64 dit de ce livre qu'il est "une bible à échelle humaine", je n'ai pas lu la Bible et je suis de plus athé, c'est peut etre pour cela que je n'apprécis autant que vous Crime et Châtiment.
De la démesure
Critique de Neithan (, Inscrit le 19 juin 2005, 37 ans) - 14 août 2005
Prenons par exemple le héros, Raskolnikov, auteur d'une théorie selon laquelle il existe deux castes de gens, ceux qui tuent pour la gloire et qui en ont le droit, et les autres, les "ordinaires" qui n'en ont pas la possibilité... En attestent ses paroles: "Je ne comprends décidément pas pourquoi il est plus glorieux de bombarder de projectiles une ville assiégée, que d'assassiner quelqu'un à coups de hache."
Après être passé à l'acte, le personnage se verra tourmenté, tombera malade, reniera sa famille... Il ne pourra plus vivre, et la moindre situation lui apparaitra comme un fardeau car ce crime qu'il transporte derrière lui ne lui laisse aucun répit... Par exemple la scène qui fait suite au départ du sinistre Pierre Illitch, durant le repas de famille, où Dounia le renie, et où tous ensemble, plein d'espoir, échafaudent des plans pour l'avenir... Raskolnikov lui, sait qu'il n'a plus d'avenir, il ne peut participer à cette conversation, il n'y a pas sa place et décide de tout quitter...
Loujine est quant à lui je trouve un des personnages les plus travaillés, machiavélique, cruel, son comportement vis à vis de la mère de Dounia, son affreux plan cherchant à discréditer Sonia, font de lui un personnage horrible... Cette dernière scène est poignante, remplie de compassion, émouvante...
Dernière chose: l'atmosphère. Etouffante et oppressante, représentative de ce que subit le héros, rongé par la culpabilisation et la résignation... L'étroite chambre dans laquelle il vit, la chaleur plombante de la ville, tendent à donner une atmosphère dérangeante et unique à l'oeuvre...
Je m'arrête là, mais c'est très difficile avec les romans de Dostoïevski: tous remplis d'humanité, d'humilité, de compassion. Un chef d'oeuvre qu'il faut impérativement lire...
Oui, il faut le lire!
Critique de Isabe (Montréal, Inscrite le 14 juillet 2004, 49 ans) - 4 août 2005
J'ai particulièrement aimé:
A) La théorie de Raskalnikov concernant le crime (les "grands" de ce monde qui pourraient se salir les mains pour arriver à leurs fins).
B) La transformation psychologique du personnage du début à la fin.
les affres de la souffrances
Critique de Eric64 (Biarritz, Inscrit le 13 janvier 2005, 57 ans) - 13 janvier 2005
La vie, l'amour, le mal, la justice, la conscience, la foi, la mort, autant de sujets essentiels passés au crible sous l'oeil éclairé et à la réflexion tendue d'un maître et qui font de ce livre une bible à échelle humaine, c'est à dire sans subterfuge ni démagogie.
Dostoïevski, maître du suspens, vous fera sortir du "troupeau" pour mieux vous y ramener...
IMMENSE
Critique de Emmanuel_S (, Inscrit le 2 février 2004, 41 ans) - 2 février 2004
Excellente critique
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 10 novembre 2003
Comme je comprends la fin de la dernière phrase de Saule ! Oui, il y a des livres qui donnent la sensation que les autres lectures sont de peu d'importance à côté de celle-là. Mais, heureusement, ce n'est pas le cas car, en lisant beaucoup, en choisissant bien, on découvre de nouveaux chef-d'oeuvres sans pour cela qu'ils n'effacent les précédents: ils se complètent. Oui, les géants de la littérature mondiale se complètent et qui dirait que Camus, Yourcenar, Dostoïevski, Malraux, Zola, Kadaré, Mishima, Kawabata et bien d'autres n'ont pas cherché la même chose: qu'est ce que l'homme, Dieu existe-t-il ? et, si oui, quel est son rôle ?, quel est le but de l'existence humaine ?, pourquoi la morale ?, pourquoi pas le suicide ? etc. Et tout cela, avec des styles d'écritures les plus beaux ou les plus efficaces qui soient. Oui, il est des livres qui font douter qu'il puisse y en avoir de meilleurs. C'est pourquoi on les lit plus d'une fois... On ne peut se résoudre à s'en passer, à les laisser croupir entre deux autres et à prendre la poussière. Il n'est pas de mois où je n'en prends pas l'un ou l'autre en mains et le feuillette pour en relire les phrases importantes soulignées lors de mes lectures. Ils continuent à vivre... Malheureusement, il me semble parfois que notre époque du "tout pour la consommation" et de l'éphémère ne nous produit plus autant de grands auteurs qu'auparavant et que nous en venons à nous extasier sur des choses bien plus fades et faibles faute d'autre chose.
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