Thérèse et Isabelle de Violette Leduc
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Après la censure
Originalement destiné à composer la première partie du roman "Ravages" dans les années 50, ce texte choque trop les mœurs. Gallimard refuse de le publier car il s’agit de l’histoire semi-autobiographique de deux écolières dans une relation lesbienne torride. Ce n’est que trente ans après le décès de son auteure que la version intégrale paraît.
Si l’œuvre est explicite, elle est aussi profondément poétique. Leduc a déclaré que son objectif était de "rendre aussi minutieusement que possible les sensations éprouvées pendant l'amour physique". Elle y parvient brillamment. En termes de sensations purement physiques, ce petit roman contient des scènes exceptionnelles. Et pourtant, elles ne sont pas toujours gracieuses ni transcendantes, principalement puisqu’il n'y a presque pas d'expérience émotionnelle, aucune description des personnalités de Thérèse ou Isabelle, rien que le désir cru du corps de l’autre.
L'écriture de Leduc est truffée de métaphores et allusions anatomiques. Une surenchère d’images à moitié voilées qui atteignent parfois le point de saturation, laissant le lecteur un peu engourdi après une succession de descriptions répétitives de sexe. Parfois, les fioritures lapidaires fonctionnent très bien; à d'autres moments, elles basculent dans l’absurde. Thérèse prétend vouloir couper les mains de ceux qui oseraient toucher à son amante, tandis qu'Isabelle soulève la perspective qu’elles sautent d'une falaise ensemble de sorte qu’elles n’aient pas à subir la tristesse de survivre à l’autre. Heureusement, ceci n’a pas gâché mon plaisir. Probablement parce qu’il semblait plausible que des collégiennes éperdues puissent penser ainsi.
La fin précipitée est à l’image de ce qui précède. L’absence d’une montée de tension ou une représentation du bourgeonnement de cette amitié fait en sorte que l’on est constamment bombardé par des impressions de délices frénétiques et extraordinaires comme emporté par un grand souffle érotique haletant. Il s’agit sans contredit d’un roman hors norme. Un court texte fascinant mais surtout une expérience de lecture comme on en rencontre rarement.
Les éditions
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Thérèse et Isabelle
de Leduc, Violette
Gallimard
ISBN : 9782070454334 ; 6,30 € ; 17/10/2013 ; 160 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (2)
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Passion
Critique de Lurette (, Inscrite le 10 juillet 2010, 85 ans) - 29 mai 2016
Bien sûr il n'y a pas de descriptions des deux jeunes filles, bien sûr on n'y parle que de leurs relations sexuelles. Oui, le langage est bourré d'images métaphoriques parfois obscures, mais...
... mais en entrant dans ce court récit, je me suis d'abord laissée surprendre par cette prose, puis je me suis laissée prendre, entraîner, et cette prose est devenue poésie.
Qu'importe qu'on ne comprenne pas tout.
Et puis je n'ai pas vu de description de sexe, je n'ai vu que celle de la passion qui tombe sur Thérèse comme un coup de foudre. Elle décrit ses sensations, certes, mais impossible de démêler les sensations physiques de ses émotions. Elle est submergée par cet amour fou.
Non, je n'ai pas compris toutes les métaphores mais elle a su rendre cette passion aveugle et la faire vivre.
Je n'ai pensé à aucun moment à des effets de style poétique mais plus à une recherche d’authenticité, une tentative de cerner au plus près ce souvenir et le rendre éternellement présent.
C'est du grand art
Bôf !
Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 11 janvier 2015
Hélas, je n'ai pas eu le même sentiment que lui. Certes, aujourd'hui on sourit à la pensée qu'un tel écrit ait pu faire l'objet d'une censure. Mais je n'ai pas du tout été sensible à ce qui se voudrait être un style poétique. Il ne suffit pas d'associer dans une même phrase des termes qui habituellement ne vont pas ensemble pour créer une émotion.
Le livre était court, et je suis allé jusqu'au bout. Mais il n'y en aura pas de deuxième...
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