Une éducation catholique
de Catherine Cusset

critiqué par Bernard2, le 23 octobre 2014
(DAX - 75 ans)


La note:  étoiles
Un titre trompeur
Marie est née dans une famille dont le père est catholique pratiquant, et la mère athée. Elle ira au catéchisme, mais arrêtera de fréquenter l'église.
Sa vie d'enfant, puis l'adolescence, se passent sans problèmes majeurs. Des anecdotes du quotidien viennent illustrer le récit. Jusqu'à sa rencontre avec Laurence, puis Nathalie, dominatrice, et surtout Ximena, avec qui elle va connaître une relation amoureuse. Marie nous dit : « Ximena entre dans ma vie. Dieu en sort ». Mais un drame va tout faire basculer... Finalement Marie connaîtra, non sans difficulté, le véritable amour avec Samuel. Là, nous aurons même droit à des détails physiques dont on se serait volontiers dispensé.
Histoire simple, naturelle, presque naïve, avec hélas des passages inutilement vulgaires. Le rapport avec le titre n'est qu'indirect, la religion ne tenant en définitive qu'une place assez floue.
les névroses de petite fille riche de Catherine cusset 1 étoiles

L'être humain est capable du meilleur mais ses instincts sont vils, et il justifie toujours ses instincts en les déguisant de nobles atours, celui d'une révolte esthétique, d'une rébellion de bon aloi qui fait son effet dans les salons des z-élites bourgeoises et petites bourgeoises alors que si quelqu'un laisse libre cours à ses désirs et pulsions c'est le plus souvent par simple envie de le faire, par narcissisme, par besoin de catharsis et rien d'autres. Les enfants de « bonne » famille (ils le croient encore pensant que le matériel dont ils disposent leur donne une légitime ...) cherchent le plus souvent des alibis et dérivatifs dans la psychanalyse ou alors sont persuadés que c'est la faute à la religion qui aurait bridé leurs appétits forcément légitimes puisqu'ils en ont envie, c'est qu'ils le sont...

Pour Catherine Cusset, qui raconte son histoire, celle d'une jeune fille très choyée d'un bon milieu, couvée, dorlotée, matériellement parlant et tant qu'elle fait de bonnes études dans les rails, une jeune fille rangée en somme, c'est la faute de la foi catholique de son père qui l'a éduquée dans celle-ci, foi qui la culpabilise, pôvre petite, d'avoir des désirs sexuels envers ses camarades de pension, l'individu moderne, surtout s'il a les moyens déteste se sentir coupable, avoir des responsabilités envers autrui, cela le gêne dans son envie de se rouler dans sa bauge morale. En outre, ce cliché des écoles privées non mixtes dans lesquelles les filles préfèrent « aller coller les timbres à la cave » selon l'expression d'argot bien connue ne pourrait même plus servir d'argument pour aligner les scènes de Q qui dans ce livre sont bien fades et sans chair, ce qui est le comble pour une femme se voulant libérée.

Elle effleure très superficiellement la question de la foi dans ce livre, la sienne ressemble surtout à un « surmoi » lié à « l'imago » paternel, ainsi que disent les psys, l'obligeant à canaliser ses appétences, et aussi à son complexe d'Electre envers Dieu. La foi permet, normalement, de connaître aussi ses faiblesses, ses limites, par où l'on pèche le plus, ce que sont nos carences, sans pour autant s'y appesantir, mais se savoir faillible et capable de ces instincts bien vils évoqués en début de texte permet justement de les éviter un peu plus. Selon la description qu'elle fait de son père et d'autres catholiques, ceux-ci sont des semi-débiles incultes et immatures, là encore elle confond maturité et « avoir des heures de vol au compteur » comme on le dirait dans Frédéric Dard ou ADG.


Et puis c'est tout simplement que l'auteure de ce livre a surtout des névroses de « pauvre petite fille riche » et adulée, gâtée jusqu'à l'aliénation moderne confondue avec la liberté d'esprit, liberté consistant surtout dans son cas à coucher avec des femmes et, ou multiplier les amants de passage sans se fixer sur un homme ou une femme, ce qui impliquerait de la brider dans son consumérisme personnel des amours éphémères.



Complaisamment, on ne lui en demandait pourtant pas tant, l'auteure nous raconte également combien ce fut difficile pour elle d'échapper à cette foi qui faisait de l'amour un vrai chemin de Croix à l'entendre. On compatit, pauvre petite soumise à ses appétits, obligée de souffrir pour enfin se laisser aller à la consommation effrénée des choses et des corps (je n'ai pas dit des bêtes) alors qu'elle a envie de « faire des choses » avec sa meilleure copine. Là aussi elle fait une confusion communément répandue faisant de la foi une idéologie consistant à appliquer telle ou telle recette obligatoire, de prendre tel ou tel chemin de vie balisé, et que celle-ci se heurterait forcément au principe de réalité, une idéologie rigide. Rappelons le, la définition de la morale catholique n'est pas du tout celle d'un manuel à suivre mais plus libre que cela, elle est de saint Paul bêtement perçu encore maintenant comme un « Père la pudeur » et un salaud de « matcho » pré-zemmourien :



« Tout m'est permis mais tout ne m'est pas profitable ».


Il n'y a aucun interdit, c'est juste que certaines attitudes, certains comportements ne favorisent pas notre épanouissement intellectuel et spirituel, ne nous permettent pas toujours d'aller vers l'autre, cet autre étant parfois Dieu, ne nous font pas de bien même si cela fait, un court moment, du bien au corps.


J'ai souvent rencontré des jeunes femmes comme Catherine Cusset, ami lecteur, je ne veux pas non plus les accabler, ce n'est pas forcément de leur faute : des parents absents, démissionnaires, ou se foutant de leur éducation tant que l'école « marchait », des parents « soissantuitards » attardés plus soucieux de continuer à jouir tant qu'ils le peuvent encore etc...

Je ne leur jette pas la pierre, ce qui ne m’empêchera pas de dire que ce livre est hautement dispensable même s'il se vendra peut-être sur la base de réactions courroucées de « cathos réacs de service », c'était d'ailleurs a priori et visiblement le but de l'éditeur.

AmauryWatremez - Evreux - 55 ans - 23 octobre 2014