La véritable enfance de Thérèse de Lisieux
de Jean-François Six

critiqué par Saule, le 25 octobre 2014
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
L'enfance de Thérèse
Ce livre publié en 1971 a reçu le "nihil obstat" et l'imprimatur (autorisation d'imprimer donnée par la hiérarchie ecclésiale), précision importante car le contenu pourrait choquer les fidèles attachés à l'image un peu idéalisée et, disons-le, un peu mièvre de l'enfance de Thérèse, celle qui reste dans le coeur de beaucoup de chrétiens la Sainte préférée.

L'auteur replace l'enfance de Thérèse dans le contexte familial et historique qui était le sien. Loin de l'image d'une "terre sainte" où la petite graine ne pouvait que croitre en sainteté (c'est ainsi que Thérèse elle-même évoque son enfance), on voit que l'enfant a grandi dans un environnement familial très difficile. Sa mère était assez névrosée, obsédée par l'idée de la mort et la petite Thérèse habitée elle-même d'une formidable pulsion de vivre a dû rejeter sa mère pour pouvoir vivre. Ce qui a résulté dans une grande culpabilité, qui aura pour conséquence les épisodes de scrupules et maladies nerveuses. Elle guérira de ses névroses grâce à sa conversion complète, un peu miraculeuse, qui va la sauver et faire advenir la plus grande sainte de l'époque moderne.

Le père, idéalisé par Thérèse dans ses récits autobiographique, est présenté par l'auteur comme une sorte d'ermite lunatique incapable de prendre la vie et sa famille en main. Les soeurs de Thérèse jouent un rôle très important dans sa vie, notamment Pauline qui sera sa mère de substitution et qui était la plus spontanée et pleine de vie des enfants Martin. Elle fera involontairement beaucoup de mal à Thérèse en l'abandonnant pour entrer au couvent, alors que l'enfant n'était pas prête à perdre une seconde fois sa maman. Léonie, le vilain petit canard, Marie et Céline complètent le tableau de cette famille très attachante que dépeint finement l'auteur.

Quand au contexte historique, c'est celui de la lutte entre la république et la religion, ainsi que le début de la révolution industrielle. Lutte entre journaux, entre notables, pèlerinages et processions deviennent à la mode dans un sursaut de l'église de garder la main haute.

L'auteur montre ainsi comment la sainteté peut naitre d'une névrose et il nous rend l'enfance de Thérèse très vivante et attachante. Un livre qui m'a intéressé et donné beaucoup de plaisir et qui permet de découvrir une petite Thérèse très courageuse qui a dû vaincre beaucoup d'obstacles pour advenir à elle-même.