La tour de Nesle
de Alexandre Dumas

critiqué par Killeur.extreme, le 30 octobre 2014
(Genève - 43 ans)


La note:  étoiles
La Reine sanglante
Résumé sur Dumaspere.com : Philippe d'Aulnay vient d'arriver à Paris pour retrouver son frère jumeau Gaultier, capitaine très aimé de la reine Marguerite de Bourgogne. Dans la taverne d'Orsini, il rencontre Buridan arrivé comme lui depuis quelques jours pour chercher fortune. Comme ils ont tous deux reçu la même invitation à un mystérieux rendez-vous d'amour dans la nuit, Gaultier les somme d'être prudent. En effet depuis quelques temps, la Seine rejette presque chaque jour au niveau de la tour de Nesle trois cadavres de nobles et beaux jeunes hommes étrangers à la ville....

Cette pièce de Dumas est l'une de ses plus populaires malgré la censure qui l'a frappée et aussi celle qui a fait le plus parler d'elle a cause de sa paternité. En 1831, Frédéric Gaillardet jeune auteur propose sa pièce à Harel directeur d'un des grands théâtre de l'époque, si celui-ci est intéressé par la pièce du jeune auteur, il pense qu'elle doit être remaniée car elle est "injouable" en l'état, après un premier remaniement qui ne lui convient pas, Harel demande à Alexandre Dumas de se pencher sur le texte, celui-ci accepte à condition de ne pas être nommé, mais suite au triomphe de la pièce Harel décide de mettre en première position l'auteur anonyme, le public devine vite que c'est Dumas même s'il refuse malgré le succès d'être nommé, ce qui ne plait pas du tout à Gaillardet qui se considère comme seul et unique auteur de la pièce après divers procès, Gaillardet obtient gain de cause. En 1861 après la fin de la censure quand la pièce est à nouveau jouée, Gaillardet autorisera, priera même, que le nom de Dumas soit joint au sien, il reconnaîtra aussi que la pièce doit beaucoup au travail de l'auteur des "Trois mousquetaires".

Que ce soit dans "ses Mémoires" ou dans différentes biographies d'Alexandre Dumas et même dans le dossier de la pièce le rôle de Dumas est obscur là où biographes se rejoignent c'est sur le fait que Dumas a remanié la pièce mais les points de vue divergent sur l'importance du remaniement si on en croit Gaillardet, pendant la période des procès car son discours changera 20 ans plus tard, Il est le seul auteur de la pièce et Dumas n'a apporté que des remaniements mineurs, si on croit Dumas il a entièrement réécrit la pièce en se basant sur le premier remaniement effectué par Harel, il est même prêt à demander l'arbitrage de gens de lettres qui compareraient son manuscrit avec celui de Gaillardet. L'édition actuelle marque sur la couverture Alexandre Dumas, mais à l'intérieur c'est marqué "en société avec M. Frédéric Gaillardet". C'est dommage que l'édition ne propose pas une comparaison entre les manuscrits.

L'avis sur la pièce (oui il a été long à venir) Une chose incontestable à la lecture c'est qu'on retrouve l'écriture de Dumas tout au long du drame ce qui me fait prendre position sur la thèse qu'il a entièrement réécrit la pièce de Gaillardet le personnage de Buridan est quasiment une esquisse de D'Artagnan qui possède le courage, le sens de l'amitié, la ruse et l'ambition et l'humour n'est jamais loin de la tragédie comme dans ses romans, par exemple la scène où Buridan arrête le premier ministre et se fait arrêter lui-même par Gauthier sous le regards des gentilshommes de la cour qui ne comprennent rien à cette scène. Cette pièce à la lecture est déjà passionnante, espérons que des théâtres la montent prochainement car un texte pareil avec une mise en scène qui lui rende justice serait un grand moment de théâtre.
du Dumas pur jus 9 étoiles

On sait que Dumas a rarement écrit tout seul, souvent sur des canevas fournis par d'autres. "La Tour de Nesle" n'échappe pas à cette règle. On peut penser que le pièce originale de Gaillardet était bien pâlichonne... Mais Dumas, entré en scène, en fait un mélo flamboyant. J'ai non seulement lu la pièce, à l'époque pas facile à trouver, mais également vu les deux films qui en ont été tirés : celui d'Abel Gance (1955) avec Pierre Brasseur (disponible en dvd, et qui est passé au ciné-club de FR3) et celui de François Legrand (1969) avec Jean Piat (invisible depuis, coprod franco-allemande assez lourdingue, si mes souvenirs sont bons)... Effectivement, on aimerait voir la pièce sur scène, ou à la télé, ça remplacerait avantageusement toutes les "séries" addictives et largement débilitantes...

Cyclo - Bordeaux - 79 ans - 5 novembre 2014