Journal d'un garçon discret
de Nicolas Daguerman

critiqué par Pierre Ier de Serbie, le 3 novembre 2014
( - 50 ans)


La note:  étoiles
Un texte puissant taillé au rasoir
Livre recommandé et prêté par un ami. J'ai été aspiré par la puissance sans concession du style, la sincérité qui s'en dégage. J'ai lu d'une traite ce court roman tant le texte est prenant dans sa structure en forme d'enquête. On a envie de savoir ce que Léo va vivre et devenir.

Le destin et l'enfance de Léo prennent aux tripes dans cette ambiance oppressante de cette ville pluvieuse. L'opposition entre la découverte de sa sexualité et l'éducation sévère est très prenant. Le passage sur l'Empire des mères est un des plus émouvants du roman. Au delà de la découverte de soi-même qui dépasse en effet le strict point de vue homosexuel, c'est le style qui impressionne par son côté sans gras, sec, percutant, parfois cru et même violent. Ce roman est une gifle... Un auteur est né.

Un roman universel qui parle à tout un chacun de la confrontation entre ce que nous sommes et ce que la société veut faire de nous. Un texte qui mérite beaucoup mieux que sa couverture lascive avec éphèbe aux couleurs gay. Je reste étonné que des textes de cette qualité littéraire ne rencontre pas plus d'écho. Si je le compare avec "En finir avec Eddy Bellegueule" d'Edouard Louis qui raconte aussi une trajectoire homosexuelle dans le Nord (Picardie) mais dans un milieu plus populaire que celui de Léo, il n' y a pas photo. Le Journal d'un garçon discret est un texte beaucoup plus authentique qui prend aux tripes sans être racoleur comme Edouard Louis.

Les médias gagneraient à sortir du suivisme et du conformisme qui nous impose toujours la promotion des mêmes auteurs: les Foekinos, Nothomb, Beigbeder et autres Rufin... pour découvrir ce genre de pépite littéraire.